Des résidences privées pour aînés pensent fermer par manque d’employés vaccinés
On estime à 20% le nombre de travailleurs en RPA qui n’ont pas leurs deux doses
![Annie Desrosiers, propriétaire de la Résidence Grande-Côte, à Saint-Eustache, s’attend à des bris de service sans précédent dans son établissement quand les travailleurs de la santé non vaccinés contre la COVID-19 seront suspendus, le 15 octobre prochain.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F65100754_3806169eee3bd6-a110-4277-822d-4fc0e1718c49_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
![Photo portrait de Jérémy Bernier](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FJeremy_Bernierfe3d3e02-c25c-4e70-84ef-409709438104_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Jérémy Bernier
De nombreuses résidences privées pour aînés craignent une telle pénurie de personnel qu’elles devront fermer, en raison de la vaccination obligatoire de leur personnel.
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«On va perdre la moitié de nos employés le 15 octobre prochain et l’autre moitié doit aller à l’école à temps partiel [pour des formations]. On n’a aucun backup. C’est sûr qu’il va y avoir des bris de services», déplore Annie Desrosiers, propriétaire de la Résidence Grande-Côte, à Saint-Eustache.
Mme Desrosiers est loin d’être la seule à faire face à cette situation.
D’après le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), environ 8000 des 40 000 travailleurs en résidences privées pour aînés (RPA) ne seront pas entièrement vaccinés le 15 octobre prochain.
Et c’est sans compter les nombreuses infirmières et infirmières auxiliaires qui quitteront le navire pour retourner dans le réseau public à la suite de l’offre du gouvernement Legault.
«Les propriétaires nous demandent quoi faire et on ne sait pas quoi leur répondre. C’est très inquiétant», indique le président du RQRA, Yves Desjardins.
«Aucun sens»
Pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre attendue à compter du 15 octobre, les différents CISSS et CIUSSS de la province proposent un plan de contingence aux résidences.
On y parle notamment d’heures supplémentaires obligatoires (HSO), de couper dans les vacances et de faire appel à des agences de placement.
«Les agences n’ont plus personne à nous envoyer, le réseau public ramasse tout. Et je ne peux pas faire faire des HSO à mes quatre employés restants, c’est inhumain!», peste la propriétaire d’une résidence de Saint-Jérôme, qui souhaite taire son nom.
«Je ne nous donne pas deux mois à ce rythme-là!», poursuit-elle.
Déjouer la loi ou fermer
Plusieurs établissements ont confié au Journal qu’ils envisagent même de défier le gouvernement pour pouvoir continuer d’offrir des services adéquats.
Car certains craignent de devoir réduire de façon radicale les services offerts à leur clientèle.
«Ce n’est pas une option de diminuer les bains, de changer les culottes une fois tous les quatre jours ou de leur faire manger du réchauffé à tous les repas. Si je n’ai pas le choix, je vais faire appel à mes travailleurs non vaccinés», affirme Marily Ouellet, de la Villa le Reflet, à Victoriaville.
Mais pour d’autres, le mal est fait.
Cette nouvelle réalité est la goutte qui fait déborder le vase pour plusieurs résidences qui n’ont d’autre choix que de carrément fermer leurs portes, comme le Manoir Victoria, à Victoriaville.
«Solutions» peu alléchantes envisagées
- Diminution de la fréquence des bains.
- Changement moins régulier des culottes d’incontinence.
- Servir des repas réchauffés plutôt que des repas frais.
- Diminution de l’entretien ménager et de la lessive.
- Du personnel de loisirs réaffecté aux soins des aînés.