Des recruteurs se prononcent sur le phénomène Lane Hutson
Nicolas Cloutier
«Il est difficile à couvrir, il est comme un serpent avec la rondelle.» Cette analogie d’un recruteur résume à merveille le phénomène Lane Hutson.
Il suffisait de voir le jeune défenseur défier Justin Barron à un contre un au camp de développement des espoirs des Canadiens de Montréal, à Brossard, pour comprendre l’image évoquée : Hutson peut aller dans toutes les directions et se glisser dans toutes les ouvertures. Bonne chance pour l’attraper.
Le nouvel espoir du #CH Lane Hutson déculotte Justin Barron puis William Trudeau 🔥😳 pic.twitter.com/PtDFUfN41A
— TVA Sports (@TVASports) 13 juillet 2022
Alors comment peut-on attendre au 62e rang du repêchage pour entendre son nom avec un talent aussi unique? Simplement parce qu’il n’y a aucun défenseur dans la Ligue nationale de hockey à l’heure actuelle qui mesure 5 pieds 8 pouces.
Jared Spurgeon, Victor Mete et Matt Grzelcyk figurent parmi les plus petits arrières du circuit et ils mesurent 5 pieds 9 pouces. Ils constituent eux-mêmes une rareté.
Au moment de sa sélection, on pouvait carrément confondre Hutson avec les enfants qui se pavanent chaque année sur le plancher du repêchage. Or, Hutson, malgré son air de gamin, avait amplement de talent pour être sélectionné dès le premier tour.
C’est ce qu’ont assuré au TVASports.ca plusieurs recruteurs sondés au sujet de l’électrisant défenseur au cours des derniers jours. Mais ces mêmes recruteurs se sont aussi faits très optimistes au sujet de la possibilité de voir Hutson déjouer les pronostics et évoluer dans la LNH un jour.
«Ce que je peux te dire, c’est que nous l’avions sur notre liste et cela n’aurait pas été le cas si nous pensions qu’il était trop petit pour évoluer dans le circuit, a confié un recruteur d’une équipe très compétitive de l’Est au TVASports.ca. Ça veut dire que nous pensions qu’il avait le caractère pour accepter une mise en échec. Je pense qu’à travers tes recherches, tu vas constater qu’il a de bonnes chances de jouer dans la LNH.»
«Il a une vitesse de pieds impressionnante qui lui permet de trouver constamment des solutions avec la rondelle», note un dépisteur de l’Association de l’Ouest.
Grâce à ses pieds et son cerveau, Hutson réussit à se sortir d’embarras comme le fait, par exemple, Quinn Hughes avec les Canucks de Vancouver. Ce sont là des qualités qui se transposent bien dans la LNH pour un défenseur de plus petit gabarit.
«Son QI hockey est très élevé. Il est solide sur ses pieds et, pour quelqu’un de sa stature, il joue dans le traffic», mentionne un de nos espions.
Au-delà de tout ça, il y a aussi le fait que Hutson pourrait gagner quelques pouces d’ici son arrivée chez les professionnels. C’est même scientifiquement plausible.
«Son frère [Quinn Hutson, il jouait dans la USHL l’an dernier] a grandi sur le tard, souligne un recruteur. Ce ne serait pas surprenant que Lane l'imite et finisse par mesurer 5 pieds 11 pouces dans quelques années.»
Quinn Hutson mesure effectivement 5 pieds 11 pouces aujourd’hui, à 20 ans. Lane Hutson traînait d’ailleurs avec lui à la séance d’évaluation des espoirs à Buffalo un rapport d’un endocrinologue. Les radiographies des os d'une de ses mains laissaient croire que sa croissance n’est pas complète.
«Des gars de même avec du caractère, ça prend un pouce et ça peut prendre 20 livres [tellement ils travaillent dans le gymnase]. Ils vont gagner en muscle et conserver leur vitesse», explique un recruteur.
Les Canadiens se sont élancés pour le coup de circuit en repêchant Hutson. N’empêche, le risque apparait plus calculé à la lumière de ces informations.
Il faut garder en tête que toutes les équipes sont heureuses de leur coup au terme de la séance de sélections. C’est bien connu. Pour la crédibilité de l’exercice, ne nous enthousiasmons pas outre mesure et laissons la parole à un acteur du milieu qui a sillonné les arénas et qui a un point de vue objectif sur cette affaire.
«Au rang qu’il a été choisi, ça pourrait être un vol.»