Une liste de Québécois déjà prêts à accueillir des réfugiés ukrainiens
Francis Pilon | Journal de Montréal
Des Québécois de partout dans la province sont déjà prêts à offrir leur sous-sol ou encore leur chambre d’amis pour les réfugiés ukrainiens forcés de fuir leur pays qui croule sous les bombes russes.
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«Chez moi, je peux accueillir 16 personnes dans notre maison avec des lits gonflables. Les Ukrainiens reçoivent des bombes sur la tête en ce moment et ne recherchent pas le luxe. Ils veulent juste sortir de leur pays», explique Alexandre Dufresne, l’instigateur du projet.
Cet avocat de la ville de Québec voyait les images de l’invasion russe en Ukraine en boucle sur sa télévision. Il a voulu se rendre utile en créant un groupe Facebook nommé «Héberge tes réfugiés ukrainiens».
«On se dit qu’est-ce qui se passe là-bas? Pauvre monde qui se fait tirer dessus. Je n’ai pas voulu rester les bras croisés. J’ai donc dressé une liste de personnes qui veulent accueillir, comme moi, des réfugiés chez eux parce qu’il n’en existe pas encore une au Québec», mentionne au Journal M. Dufresne.
Urgence d’agir
Avec cette initiative, plus d’une centaine de Québécois ont offert un toit à des Ukrainiens dans leur maison à Montréal, à Alma ou encore à Trois-Rivières.
La liste d’Alexandre Dufresne a aussi été transmise à la vice-première ministre Geneviève Guilbault cette semaine. «Notre but avec cette liste, c’est de faciliter aussi la logistique du gouvernement pour l’hébergement des réfugiés quand ils vont arriver au Québec», affirme M. Dufresne.
Par ailleurs, l’ONU a révélé lundi que plus de 836 000 réfugiés ukrainiens ont fui jusqu’à maintenant leur pays.
Québec en retard?
Sabrina Steczko, une résidente de Gatineau, offre un appartement dans sa maison pour les réfugiés. Elle affirme que le Québec est à la traîne et devrait multiplier les initiatives pour aider davantage les Ukrainiens.
«J’ai écrit à des médias pour savoir comment accueillir des réfugiés chez moi. Et ça, avant même de connaître le projet d’Alexandre. [...] Je veux prendre soin des Ukrainiens à leur arrivée, mais les accompagner aussi, malgré leur traumatisme», confie Mme Steczko.
Dorothée Legay, une maman de trois jeunes enfants de moins de huit ans à Québec, est aussi prête à accueillir toute une famille dans son sous-sol. D’origine française, elle connaît bien les difficultés liées à l’immigration.
«On s’est mis sur la liste pour aider les Ukrainiens parce qu’on aimerait qu’ils nous aident aussi, si la situation était inverse. On veut être utile et rendre leur vie un peu plus douce. On a deux chambres, des jouets pour enfants et même des couches pour eux», relate Mme Legay.
«C’est inhumain»
Hélène Dufresne, une résidente de La Prairie sur la Rive-Sud de Montréal, n’a pas hésité deux secondes à participer au projet.
«Chez nous, on a la place au sous-sol, alors pourquoi on ne l’offrirait pas? [...] Je ne connais personne en Ukraine, mais je veux juste aider. La Russie, ce qu’elle fait, c’est une grosse injustice. C’est inhumain. Je me dis tant mieux si le Québec peut offrir un peu d’humanité à ces gens», indique Mme Dufresne, maman de deux jeunes enfants.
Notons que pour le moment, les personnes qui ont fui l’Ukraine en urgence se font encore rares chez nous. Le gouvernement du Canada maintient toujours l’obligation d’avoir un visa pour entrer au pays, même pour les réfugiés ukrainiens.