Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles

Des profs se font demander de reporter leur vaccin faute de suppléants

Partager

Daphnée Dion-Viens | Journal de Québec

2021-04-20T09:00:00Z
Partager

La pénurie dans le réseau scolaire a des impacts qui se font sentir jusque dans la campagne de vaccination : des enseignants se sont fait demander de reporter leur rendez-vous, faute de suppléants, une situation dénoncée par plusieurs.

Une enseignante de Québec, qui a requis l’anonymat pour éviter les représailles de son employeur, a obtenu un rendez-vous pour la vaccination en milieu d’après-midi, seule plage horaire disponible rapidement. 

«Les rendez-vous sont vraiment difficiles à avoir et ma priorité est ma santé», explique celle qui a demandé un congé sans solde pour l’occasion.  

Or cette demande a été refusée. Sa direction lui a indiqué qu’elle devait se débrouiller elle-même pour trouver un suppléant, à défaut de quoi elle devrait annuler son rendez-vous. 

L’enseignante a demandé sans succès à des collègues de la remplacer, ce qui s’explique dans le contexte de négociation actuel, explique-t-elle. 

Finalement, «après une nuit blanche et beaucoup de stress inutile», une de ses collègues a accepté de la dépanner à la toute dernière minute et l’enseignante a pu recevoir son vaccin. 

Publicité

Cette dernière n’en revient pas du manque de souplesse dans le contexte actuel. «On attend ce vaccin-là depuis tellement longtemps, avec tous les risques qu’il y a dans le milieu scolaire», laisse-t-elle tomber.  

Aucun remplacement   

Selon une directive du centre de services scolaires des Premières-Seigneuries, le personnel scolaire est encouragé à se faire vacciner «de soir et fin de semaine».  

Si ce n’est pas possible, des aménagements d’horaire peuvent être faits mais la période de vaccination «ne doit pas générer de temps supplémentaire, de remplacement et doit se faire hors présence des élèves», peut-on lire.  

Au moment d’écrire ces lignes, les seules plages horaires disponibles pour recevoir un vaccin à Québec d’ici 14 jours étaient de jour, entre 9h et 17h. 

«Dissuader les enseignants d’utiliser les congés auxquels ils ont droit pour aller se faire vacciner, c’est quasiment immoral», a lancé un prof avec qui Le Journal s’est entretenu. 

Un autre enseignant est «choqué» de constater à quel point la vaccination du personnel scolaire ne semble pas être une priorité. Il souligne que certaines entreprises privées, au contraire, font tout pour faciliter l’injection d’une première dose parmi leurs employés.

«Si on veut ouvrir les écoles le plus vite possible, il faut vacciner le plus vite possible», lance-t-il. 

Publicité

Au centre de services scolaires des Premières-Seigneuries, on justifie cette position en expliquant qu’il faut «conjuguer l’opération de vaccination» avec la «mission éducative» de l’organisation.  

«Nous croyons que nous avons facilité le tout en permettant de s’y rendre lorsque ce n’est pas une prestation de travail en soutien direct aux élèves», affirme la secrétaire générale, Martine Chouinard. 

De son côté, le président du Syndicat de l’enseignement de la région de Québec, Daniel Gauthier, réclame aussi «plus de souplesse». 

Un «obstacle injustifié»   

Les embûches auxquels fait face le personnel scolaire qui désire recevoir un vaccin rapidement sont aussi dénoncées par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui y voit une situation de «deux poids, deux mesures» comparé aux conditions mises en place lors de la vaccination des travailleurs du réseau de la santé. 

À défaut d’accepter de libérer les employés du réseau scolaire sur leurs heures de travail, la CSQ réclame la mise en place de «mesures compensatoires», comme des cliniques mobiles ou des plages horaires réservées au personnel scolaire. 

De son côté, le ministère de l’Éducation précise que le personnel scolaire peut utiliser des congés de maladie s’il n’est pas possible de se faire vacciner en dehors des heures de travail et qu’il appartient aux centres de services de mettre en œuvre cette orientation. 

Publicité
Publicité