Des présentatrices télé afghanes défient les talibans en ne portant pas le voile intégral
Jean-Michel Clermont-Goulet
Des présentatrices de chaînes de télévision afghanes ont refusé de se couvrir le visage, samedi soir, le temps d’un bulletin de nouvelles, défiant ainsi l’ordre des talibans.
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Début mai, le chef suprême des talibans a ordonné aux femmes de se couvrir entièrement – incluant le visage – en public, de préférence avec la burqa traditionnelle. C'est un retour en arrière pour les femmes afghanes, qui avaient dû porter le voile intégral de 1996 à 2001.
Les présentatrices télé avaient jusqu’à samedi dernier pour se conformer au port du voile, imposé par le ministère afghan de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice.
Malgré l’ordonnance ministérielle, les journalistes de TOLOnews, de Shamshad TV et de 1TV se sont montrées à l’antenne à visage découvert.
«Nos consœurs craignent que, si elles se couvrent le visage, la prochaine chose qu’on leur dira sera d’arrêter de travailler», avait expliqué à l’AFP Abid Ehsas, chef des informations de Shamshad TV.
Volte-face en 24 heures
Au lendemain de ce coup d'éclat, les présentatrices portaient la burqa.
«Nous avons résisté et étions contre le port» du voile intégral, a assuré à l’AFP Sonia Niazi, une présentatrice de TOLOnews.
«Mais TOLOnews a subi des pressions et [les talibans] ont dit que toute présentatrice qui apparaîtrait à l’écran sans se couvrir le visage devrait se voir confier un autre travail», a-t-elle expliqué.
Mohammad Sadeq Akif Mohajir, porte-parole du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, a prévenu que ces femmes violaient la directive des talibans.
«Si elles ne s’y conforment pas, nous parlerons aux responsables», a-t-il déclaré à l’AFP.
«Toute personne qui vit sous un système et un gouvernement particulier doit obéir aux lois et aux ordres de ce système», a-t-il martelé.
Recul pour les femmes
Depuis qu’ils ont repris le pouvoir, en août 2021, les talibans ont imposé une suite de restrictions à la population afghane, et une grande majorité de ces restrictions visent directement les droits des femmes.
Ils ont notamment ordonné que les femmes qui travaillent au sein du gouvernement soient renvoyées si elles ne respectent pas le nouveau code vestimentaire, soit le voile intégral.
Les hommes, eux, seront licenciés si leur femme ou leurs filles ne s’y conforment pas.
Dès leur retour à la tête de l’Afghanistan, les talibans ont exigé que les femmes portent au minimum un hijab, ce foulard qui couvre la tête, mais qui laisse une bribe de visage apparaître.
− Avec les informations de l'AFP