Des personnes se confient sur ce qui les complexe avec leur vulve
Genevieve Abran
À l’occasion de la Journée de l’appréciation du vagin, des personnes se confient sur le rapport qu’elles entretiennent avec leur vulve et leur vagin. Témoignages.
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Des vulves qui ne se ressemblent pas
À l’adolescence, Marie-Laure Breton et ses amies disaient qu’elles avaient un «hamburger» entre les jambes. Elles avaient l’impression que leur vulve était plus volumineuse que ce qu’elles avaient l’habitude de voir dans la porno ou dans les livres scolaires.
«Je ne le vivais pas tant comme un complexe que comme une différence et une incompréhension que je sois tombée sur cette vulve-là», raconte la femme de 41 ans. Elle était convaincue que sa vulve n’avait pas ce qu’il faut pour être désirable aux yeux des garçons.
«La pornographie teintait notre perception de notre corps», admet-elle.
Zelda*, 26 ans, a vécu sensiblement la même chose.
«Quand j’étais plus jeune, je pensais qu’il y avait une norme et je me trouvais bizarre», se souvient celle qui affirme avoir des lèvres intérieures de formes différentes et plus longues que les lèvres extérieures.
«On dirait que dans la porno tout est lisse, il n’y a pas de lèvres, c’est très plat. Je me demandais si j’avais une malformation, ce que mes partenaires allaient penser», remarque Zelda. Ael a même considéré subir une labioplastie, une intervention qui consiste à réduire la taille des petites lèvres.
Aujourd’hui, Marie-Laure et Zelda ne sont plus du tout complexées par l’apparence de leur vulve.
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Du poil qui dérange
Pour Laurence*, c’est le poil sur sa vulve qui la complexait.
«Dans la pornographie, c’est très normalisé de voir des filles sans poil», mentionne celle qui se rasait fréquemment de l’adolescence jusqu’au début de sa vie adulte.
À cette époque, elle craignait que ses partenaires ressentent moins de plaisir parce qu’elle était poilue.
«J’avais l’impression que c’était la norme de se raser», affirme pour sa part Audrey*. À l’adolescence, c’était d’ailleurs hors de question qu’elle sorte en maillot de bain si elle n’était pas fraîchement rasée.
Même si Audrey a toujours l’habitude de se raser, elle affirme être conscientisée au fait que la pilosité est tout à fait normale et qu’elle ne doit pas être une source d'embarras.
Laurence, à l’inverse, a pas mal arrêté de se raser, à part sur les côtés de la vulve. «Je ne m’en occupe pas, je laisse mon poil au naturel», confie la jeune femme. Elle ajoute néanmoins que si elle n’était pas en couple, elle prendrait probablement plus soin de son poil.
Des douleurs incommodantes
Patrice Bergeron, 28 ans, a toujours été satisfaite de l’apparence de sa vulve. Iel souffre toutefois de douleurs vaginales, qui rendent souvent la pénétration pénible.
«J’ai toujours eu l’impression de ne pas être complètement fonctionnelle, confie Patrice. Je me sens différente.»
«Les moments où j’avais moins de vaginites, c’était plus agréable. Je me sentais plus en confiance d’avoir des relations sexuelles, comme une personne adulte normale», mentionne-t-iel.
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Un problème généralisé
Si votre vulve vous complexe, sachez que vous n’êtes pas seule: c’est comme ça pour 90% des personnes avec une vulve qui consultent Kanica Saphan, une professionnelle en sexologie.
«On utilise beaucoup notre vulve dans notre sexualité, alors si on a honte de cette partie de notre corps, ça a des impacts négatifs sur notre sexualité au sens large», insiste la fondatrice du Sofa sexologique. Elle pointe notamment du doigt la porno mainstream, qui montre toujours des vulves semblables.
Elle se réjouit de voir que la situation est en train de changer.
«Les représentations de vulve sont en train de se diversifier parce qu’on en voit plus tout court et que les gens sont plus sensibles avec le fait de montrer la réalité», constate-t-elle.
Voici des conseils pour améliorer votre relation avec votre vulve:
- Exposez-vous à des vulves aux allures variées (elle suggère les comptes Instagram @vulvetteunderground ou @the.vulva.gallery).
- Prenez le temps de toucher votre vulve et de la regarder dans le miroir.
*Le prénom est fictif afin de protéger l’anonymat de la personne.