Des parents rencontrent leur bébé pour la première fois en pleine zone de guerre
Olivier Faucher | Journal de Montréal
Des parents canadiens ont pu récupérer leur bébé né d’une mère porteuse ukrainienne en pleine zone de guerre à Kyïv grâce à une évacuation in extremis.
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«La guerre a commencé, et puis leur bébé est né. Ils ne pouvaient pas aller le chercher», raconte Bryan Stern qui a risqué sa vie pour ramener le bébé à ses parents en se rendant dans la capitale ukrainienne.
Il nous a raconté son périple en direct de l’Ukraine, non sans difficulté, car la ligne téléphonique était presque inutilisable.
M. Stern est cofondateur du DYNAMO Project, une fondation américaine vouée à évacuer les Américains et leurs alliés des régions en conflit partout dans le monde.
Jeudi et vendredi, la fondation a envoyé une équipe qui comprenait entre autres M. Stern et un médecin pour évacuer Aari, un nouveau-né de seulement huit jours.
Les parents d’Aari, qui sont Canadiens, avaient fait appel à une mère porteuse ukrainienne pour lui donner naissance. L’ Ukraine est l’un des rares pays permettant aux couples étrangers hétérosexuels d’avoir recours à une mère porteuse.
Des parents «en extase»
Or, lorsque la guerre a frappé, les parents désemparés ont contacté DYNAMO Project puisque même le gouvernement canadien ne pouvait pas secourir leur bébé à Kyïv, explique M. Stern.
«Ils nous ont demandé de l’aide. Si tu es un parent et que ton bébé est dans une zone de guerre, c’est horrible», dit-il.
M. Stern et son équipe ont pris la route vers la capitale ukrainienne pour mener cette opération dangereuse. «C’est Kyïv, donc il y a des missiles, des bombes, des Russes, énumère-t-il. Des gens là-bas se font tuer chaque jour.»
De leur côté, les parents attendaient leur bébé dans une ville dans l’ouest du pays, davantage épargné par les offensives russes. M. Stern a assisté au moment euphorique où ils ont rencontré leur petit garçon pour la première fois.
«Les parents ne pouvaient pas contenir leur joie en voyant leur nouveau-né qu’ils ont attendu pendant très longtemps, raconte-t-il. Ils étaient en extase et n’en revenaient pas qu’on ait pu lui porter secours.»
L’opération s’est conclue avec succès vendredi lorsque la nouvelle famille a pu être escortée à la frontière avec la Pologne.
Il s’agit du troisième poupon que la fondation réussit à sortir de l’Ukraine, puisqu’elle avait évacué des jumeaux prématurés en ambulance plutôt ce mois-ci. Depuis le début de la guerre, elle a fait évacuer un total de 215 hommes, femmes et enfants à travers 20 missions.
500 bébés comme celui-ci
M. Stern et son équipe ont récupéré le poupon dans une clinique improvisée en plein centre-ville de Kyiv.
Le New York Times, qui a récemment publié un reportage sur une clinique comme celle-ci, a évalué à 500 le nombre de mères porteuses actuellement enceintes pour des clients étrangers en Ukraine.
Le pays possèderait l’industrie de mères porteuses la plus importante au monde. Son succès s’explique largement par la pauvreté, alors que chaque femme reçoit typiquement 15 000$ par enfant.