Cancer du sein: des nouveautés tournées vers l’avenir
Marouchka Franjulien
Au Canada, on estime que 1 femme sur 8 en moyenne recevra un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie et que 1 sur 31 en mourra. Devant ces statistiques accablantes, des innovations scientifiques thérapeutiques et esthétiques visant à améliorer le bien-être de celles touchées par la maladie voient le jour.
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Gros plan sur ces découvertes porteuses d’espoir.
Un soutien-gorge intelligent
Des deux côtés de l’Atlantique, des avancées scientifiques pourraient bientôt révolutionner le dépistage du cancer du sein... à l’aide d’un simple soutien-gorge connecté! En Suisse, la jeune entreprise Icosamed est sur le coup: elle conçoit actuellement un sous-vêtement qui, grâce à l’intelligence artificielle, serait capable de poser le diagnostic. Le prototype est encore à l’état embryonnaire. Chez nous, Elijah Van Houten, professeur à l’Université de Sherbrooke et chercheur au Centre de recherche du CHUS, travaille sur une technologie similaire depuis plus de 20 ans. Avec son collègue Alexis Lussier-Desbiens, chercheur à l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique, il souhaite mettre au point un soutien-gorge détectant les tumeurs et suivant l’évolution des masses cancéreuses en temps réel, ce qui faciliterait le dépistage et le suivi. La bonne nouvelle? Cette année, les experts ont reçu une bourse de 150 000$ de la part de la Société canadienne du cancer afin de soutenir le développement de leur projet.
Prothèses 100% naturelles
À l’heure actuelle, pour ce qui est de la reconstruction mammaire, soit on utilise des prothèses synthétiques, soit on a recours à une opération qui consiste à transférer dans les seins de la graisse ou des tissus provenant d’autres parties du corps. La jeune entreprise française Healshape souhaite pouvoir offrir une autre option aux personnes qui ont subi une mastectomie: créer une prothèse imprimée en 3D à partir de biopolymères d’origine naturelle, sans aucune matière synthétique. Une fois implantée, cette bioprothèse favorise la régénération des cellules et du tissu mammaire, avant de se résorber d’elle-même lorsque le travail est terminé. En d’autres mots, Healshape espère ainsi parvenir à reconstruire la poitrine des patients à partir de leurs propres cellules. Ce n’est d’ailleurs pas la seule entreprise à avoir eu cette idée: d’autres compagnies et centres de recherche aspirent à lancer bientôt un produit similaire.
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Un casque contre la chute des cheveux
En altérant les cellules qui se divisent rapidement – comme les cellules cancéreuses et celles des follicules pileux –, la chimiothérapie entraîne souvent la perte partielle ou totale des cheveux et des poils, notamment les cils et les sourcils. Dans certains cas, cela peut même être irréversible. On parle alors d’alopécie permanente. Pour beaucoup de femmes, ce changement d’ordre esthétique est difficile, voire douloureux à accepter. Pour remédier à la situation, il existe une solution, privilégiée outre-Atlantique et qui se propage au Québec: le casque réfrigérant. En 2017, deux études américaines prouvaient déjà son efficacité. En effet, au moins 50% des femmes l’ayant testé avaient perdu moins de la moitié de leurs cheveux, contrairement à celles qui n’avaient pas fait l’essai du casque. Comment ça marche? D’un côté, le refroidissement du cuir chevelu entraîne un ralentissement de la division des cellules des follicules pileux, les rendant moins susceptibles d’être affectés par la chimiothérapie. De l’autre, le froid engendre une vasoconstriction, soit une diminution du diamètre des vaisseaux sanguins, ce qui ralentit la circulation sanguine et limite l’effet de la chimiothérapie sur les follicules pileux.
On désire en faire l’essai? Outre certains hôpitaux dotés de casques réfrigérants, l’entreprise Penguin Cold Caps Canada (penguincoldcaps.ca) propose la location de casques réfrigérants manuels, que l’on peut utiliser pendant le traitement et à la maison. Cette filiale de la société britannique Penguin Cold Caps a été ouverte au Canada par Christine McWilliam. Celle-ci, qui a reçu un diagnostic de cancer du sein au début de 2020, a ensuite essayé le produit et en a été satisfaite. Bon à savoir: un sens aigu de l’organisation et une bonne dose d’énergie sont requis pour assurer son bon fonctionnement! Ainsi, le jour du traitement de chimiothérapie, il faut changer de casque toutes les 25 minutes pour qu’il se maintienne à une température oscillant entre -28 °C et -35 °C, et ce, une heure avant, pendant et jusqu’à 5 heures après la séance. De plus, le coût est considérable. Il faut compter 449 $ par mois pour les cinq premiers mois de location de trois casques réfrigérants, plus les coûts connexes comme la glacière et la glace sèche dans laquelle il faut le conserver. Heureusement, certaines compagnies d’assurance privées offrent désormais un remboursement partiel au Québec, sur présentation d’une ordonnance émise par un oncologue.
#Vaccinée
Bientôt une piqûre préventive contre le cancer du sein? C’est ce qu’espèrent des chercheurs du Cleveland Clinic Lerner Research Institute, en Ohio, qui sont en voie de mettre au point un vaccin contre le cancer du sein triple négatif, touchant particulièrement les femmes de moins de 40 ans et les personnes porteuses de mutations héréditaires du gène BRCA1. Des tests concluants ont d’abord été réalisés sur des souris génétiquement modifiées avant que la Food and Drug Administration (FDA) – l’autorité en matière de commercialisation des médicaments aux États-Unis – n’autorise des essais cliniques sur des humains, en janvier dernier. Il faudra probablement attendre encore quelques années pour voir naître cette avancée majeure... et, si c’est le cas, le vaccin pourrait aussi être adapté à d’autres formes de cancer. Une lueur d’espoir à l’horizon!
Des traitements personnalisés
Si l’on parle de cancer du sein au singulier, il en existe pourtant différents types – carcinomes canalaire ou lobulaire, cancer inflammatoire, maladie de Paget... –, qui s’accompagnent de traitements ciblés. Quelles avancées pourraient voir le jour dans les prochaines années? À Paris, l’Institut Curie tente de détecter dans le sang des patients atteints d’un cancer du sein métastatique les mutations qui résistent aux soins. Le centre de recherche français désire ainsi pouvoir adapter les traitements avant que ces mutations n’entraînent l’apparition de nouvelles métastases. Par ailleurs, une étude clinique internationale vient de mettre au point une nouvelle molécule – un mélange d’anticorps et de chimiothérapie – qui se révélerait efficace contre le cancer du sein triple négatif, un type de cancer particulièrement agressif. Au Québec, l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill a enfin trouvé une combinaison de médicaments capable de réduire la croissance des tumeurs dans le cancer du sein métastatique. Bref, les avancées des recherches conduisent de plus en plus à une médecine personnalisée visant à améliorer la qualité des soins offerts aux personnes touchées de même que leur qualité de vie.
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Bye-bye biopsie!
Après le soutien-gorge, la prise de sang? Des chercheurs de l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni, ont développé un test sanguin pouvant détecter le cancer du sein jusqu’à cinq ans avant l’apparition des premiers symptômes. Comment? En décelant la présence d’antigènes – une substance produite par les cellules cancéreuses – et d’anticorps dans le sang. Après des essais cliniques concluants, cette méthode est maintenant employée dans plusieurs hôpitaux britanniques pour en vérifier la viabilité. Le but: pouvoir un jour diagnostiquer le cancer du sein de façon non invasive (sans avoir recours à une biopsie) et, surtout, de façon précoce, afin de le traiter le plus rapidement possible et d’améliorer considérablement les chances de guérison.
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