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L'article provient de 24 heures

Des Montréalais toujours sans courant auraient aimé qu'Hydro communique mieux

Livia Bergeron n'avait toujours pas d'électricité lundi après-midi.
Livia Bergeron n'avait toujours pas d'électricité lundi après-midi. Photo courtoisie et Joël Lemay, Agence QMI
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Anne-Sophie Poiré

2023-04-10T21:50:48Z
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La patience commence à manquer pour plusieurs abonnés d’Hydro-Québec toujours privés d’électricité depuis le passage de la tempête de verglas mercredi dernier. Ils déplorent le manque de communication de la société d’État et auraient voulu être mieux informés quant à l’issue de la panne.

«Je comprends qu’Hydro-Québec était débordée et qu’il y a un manque d’employés, mais ça aurait été le fun de se faire répondre autre chose que: “on y va par ordre de priorité”», signale Livia Bergeron, qui habite dans l’arrondissement montréalais de Rosemont–La Petite-Patrie, près du cinéma Beaubien, et qui n’avait toujours pas retrouvé l’électricité lundi après-midi. 

Guillaume Côté, qui demeure près de la station Joliette dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, croit qu’une classification de priorité «genre de 1 à 5» aurait permis aux gens de savoir approximativement quand ils seraient rebranchés, pour pouvoir s'organiser en conséquence.

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

 

Plus de 95% des foyers de la province ont retrouvé l’électricité lundi en début de soirée. Les 23 000 abonnés toujours plongés dans le noir ignorent toutefois quand ils auront à nouveau du courant. 

«Je n’ai aucune idée de comment ils fonctionnent à Hydro-Québec, mais je trouve qu’il y a eu un manque de communication», fait valoir Livia Bergeron. «C’est par mes propriétaires que j’ai appris vendredi qu’on serait rebranchés mardi ou mercredi. Et encore là, ce n’est pas clair.» 

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Elle estime avoir perdu environ 200$ de nourriture, soit la quasi-totalité de ce qui se trouvait dans son réfrigérateur et son congélateur. «J’avais fait une belle épicerie quelques jours avant, alors ça pince», regrette-t-elle. 

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Montréal, la région la plus fragile

«On a vu tout le quartier retrouver l'électricité petit à petit, mais on est branché dans la ruelle avec environ 40 personnes qui n’ont toujours pas le courant», souligne quant à elle Matilde Bourgeois, qui habite également dans Rosemont–La Petite-Patrie. 

Comme Livia, la panne lui aura coûté cher. 

«J’ai perdu pour environ 50$ d’épicerie, mais ce qui m'a coûté le plus cher est de manger dehors pour tous les repas [...]. Je n’avais pas d'assurance habitation donc je vais prendre la leçon et en souscrire une dans la semaine.» 

«J'ai refait un signalement de panne hier, mais j'aurais préféré savoir que ça allait risquer de traîner jusqu'à lundi, même si Hydro-Québec avait dit que ça pourrait être long. Je pensais vraiment que ce serait pour les réseaux qui sont plus reculés, mais pas à Montréal», affirme-t-elle. 

La région de Montréal demeurait la plus touchée par la panne lundi avec quelque 13 000 clients encore privés d’électricité. 

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Des équipes d’Hydro-Québec installent de nouveaux transformateurs pour rétablir le courant dans Rosemont-Petite-Patrie, à Montréal.
Des équipes d’Hydro-Québec installent de nouveaux transformateurs pour rétablir le courant dans Rosemont-Petite-Patrie, à Montréal. Joël Lemay / Agence QMI

Une enquête de Radio-Canada publiée la semaine dernière révélait par ailleurs qu’une pénurie de monteurs de lignes sévissait actuellement à Montréal. 

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Plus de 450 travailleurs d'Hydro-Québec venus de partout dans la province se sont mobilisés dans la métropole pour rebrancher les foyers privés de courant, mais en dehors de la crise, dit-on, il manquerait la moitié de l’effectif requis. 

  • Écoutez l'entrevue avec le ministre Pierre Fitzgibbon à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio : 

Des délais interminables

Carl Mondello, qui habite près de la Promenade Masson dans le quartier Rosemont, à Montréal, dénonce quant à lui le délai de réponse d'Hydro-Québec. Dans la tempête, un arbre s’est abattu sur les fils devant chez lui, coupant ainsi le courant en plus de condamner son entrée avant. 

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«Ça a pris trois jours avant de parler à quelqu’un, la ligne était constamment occupée. Je ne savais pas quoi faire à un point tel que je suis allé acheter de gros sécateurs pour dégager un chemin pour pouvoir sortir de chez moi par la porte arrière. Des branches étaient aussi tombées dans les escaliers de la cour. Ça aurait pu être dangereux», dit-il. 

Découragé de l’attente, il est allé se réfugier chez sa mère à Joliette. 

Avant de quitter la ville, il a tout de même pu compter sur l’aide de sa voisine, qui avait toujours l’eau chaude pour prendre une douche. «Mais la nuit, il faisait frette en christie», lance-t-il. «Ce n’était pas un froid mordant, mais ça prenait de bonnes couvertures.» 

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«J'espère vraiment qu'on ne passera pas une sixième nuit sans chauffage, je pense que la température risque d'être en dessous de 10 sinon», ajoute Matilde Bourgeois, qui a dormi chez elle tous les soirs depuis la tempête. Elle réchauffe son lit avec une bouillotte d'eau chaude qu’elle prépare chez des amis, le soir, avant de regagner son logement. 

On doit mieux se préparer

Les citoyens interrogés par 24 heures ne doutent pas du travail acharné d’Hydro-Québec pour rebrancher les foyers, mais ils s’inquiètent du manque de préparation alors que les événements météorologiques extrêmes se multiplieront dans les années à venir en raison du réchauffement climatique. 

«Ce qui m'inquiète, c'est que ces épisodes climatiques vont se multiplier, et ça nous prouve qu'on n’est pas du tout préparés à ça», témoigne Matilde. «Autant Hydro, avec ses infrastructures, que nous, qui sommes trop dépendants à l'électricité et à la technologie pour vivre, pour manger ou faire des lessives.» 

Carl Mondello, lui, ira acheter des chandelles, des bouteilles de gaz et de la nourriture sèche pour la prochaine panne. «Mon premier réflexe a été de me dire qu’on n’était pas du tout prêts.» 

Même chose pour Joël Bédard-Marcoux, qui habite dans Rosemont–Petite-Patrie près du cinéma Beaubien, et qui n’avait toujours pas retrouvé le courant lundi après-midi. 

«Disons que ma lampe de poche que je n’avais jamais utilisée m’a bien servie dans les derniers jours», fait-il valoir. 

«Je crois qu’on doit mieux se préparer», poursuit-il. «Je suis en santé, mais je pense aux personnes âgées ou en situation de handicap qui ont besoin d’un minimum de confort. Je crois qu’il devrait y avoir une meilleure traçabilité de ces personnes pour pouvoir les aider plus rapidement dans ces situations.»

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