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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Guerre en Ukraine: des missiles canadiens ont-ils abattu des hélicoptères russes?

Un média ukrainien soulève l'hypothèse que des Sidewinder canadiens seraient à l'origine de plusieurs succès récents contre des Ka-52 Alligator russes

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Photo portrait de Martin Lavoie

Martin Lavoie

2023-07-08T04:00:00Z
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Des missiles canadiens pourraient-ils avoir abattu des hélicoptères russes en juin? Une publication ukrainienne soulève la question à la suite de la livraison par le Canada de missiles antiaériens quelques semaines plus tôt.

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Le 23 mai, le ministère de la Défense du Canada annonçait l’envoi en Ukraine de 43 missiles AIM-9 – mieux connus sous le nom de Sidewinder – puisés dans les réserves des Forces armées canadiennes.

«Ce n’est peut-être pas une coïncidence si le meilleur hélicoptère d’attaque de Moscou a subi une vilaine série de tirs au cours des derniers jours, un mois après l’envoi par le Canada d’un très bon missile en Ukraine», a écrit le Kyïv Post le 20 juin.

Le média recense cinq hélicoptères Kamov Ka-52 Alligator abattus entre le 16 et le 19 juin.

Il souligne que l’armée ukrainienne ne confirme jamais comment les cibles ennemies sont mises hors de combat.

Capacité confirmée

Rémi Landry, lieutenant-colonel à la retraite et chercheur associé à l’Université de Sherbrooke, estime «plausibles» les succès des missiles canadiens.

«Le Sidewinder a été mis en service en 1956, mais a été mis à jour depuis en le dotant d’équipements électroniques», précise M. Landry.

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«C’est un missile air-air dans l’inventaire des Forces canadiennes pour équiper les CF-18, ajoute-t-il. Il peut donc être utilisé sur les avions de l’ère soviétique (de l’armée ukrainienne), mais il peut aussi être tiré à partir d’un navire ou d’un lanceur fixe.»

Selon le Kyïv Post, l’armée ukrainienne pourrait utiliser pour le Sidewinder un lanceur fixe nommé NASAMS. Le Canada en a d’ailleurs acheté un aux États-Unis pour le donner à l’Ukraine.

«Ce missile est conçu exactement pour des cibles comme ces hélicoptères russes», estime Alan Stephenson qui a atteint le grade de colonel et a piloté des CF-18 alors qu’il était basé à Cold Lake et à Bagotville.

Fonctionnement

Une fois que le pilote ou le tireur a bien ajusté sa cible, le missile colle aux mouvements de l’appareil ennemi grâce à un système de guidage infrarouge.

«Le capteur suit la chaleur des moteurs. Le missile contient 20 livres d’explosifs et se déplace à deux fois la vitesse du son (2450 km/h). Sa portée est de 35 km. C’est très efficace contre un hélicoptère qui contient aussi beaucoup d’explosifs», souligne M. Landry.

Comparativement, la vitesse maximale du Ka-52 n’est que de 315 km/h.

«Le système de guidage a été amélioré. Il peut s’attaquer à tous les appareils qui ont une importante signature thermique. C’est un missile launch-and-leave (tire et oublie ou autonome). Après l’avoir lancé, le pilote peut passer à une autre opération», avance pour sa part M. Stephenson.

Protection

Il existe des contre-mesures pour ce type de missile.

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«Les avions Hercules canadiens ont déployé des écrans [de pièces] métalliques en Afghanistan pour faire diversion. Mais en Ukraine, on voit aussi l’utilisation par la Russie de drones iraniens pas onéreux pour servir de cible», raconte M. Landry.

Selon le Kyïv Post, un Ka-52 vaut environ 21 millions $ comparativement à 400 000$ pour le Sidewinder, d’après M. Landry.

Un hélicoptère Kamov Ka-52 Alligator prenant part à une compétition militaire en Russie en 2019.
Un hélicoptère Kamov Ka-52 Alligator prenant part à une compétition militaire en Russie en 2019. Photo d’archives, AFP

Chaque hélicoptère abattu par un Sidewinder engendre donc des pertes financières 50 fois plus élevées du côté russe, l’aspect économique étant un levier important pour tenter de faire plier l’envahisseur.

Selon plusieurs sources sur internet, la Russie avait environ 200 hélicoptères Ka-52 avant le début de l’invasion.

Remplacement

Le Canada serait-il en mesure d’envoyer d’autres Sidewinder en Ukraine?

«C’est un missile qui est constamment en production. Mais comme on ne percevait pas de danger avant 2022, la production avait baissé. Elle a maintenant augmenté», insiste M. Landry.

«Il y a continuellement un programme en cours pour les missiles, parfois parce qu’il y a une mise à jour, parfois pour les remplacer. C’est une question logistique permanente pour les Forces armées canadiennes. Il y a aussi des projets d’équiper les futurs F-35 avec des missiles plus récents et plus avancés», renchérit M. Stephenson.

Ce dernier est convaincu que le Canada n’a certainement pas puisé dans sa réserve stratégique et que la sécurité du pays n’a pas été mise en danger par ce don.

Cependant, il ajoute que les missiles ont une durée de vie limitée, une dizaine d’années peut-être, notamment en raison du carburant utilisé.

Il émet l’hypothèse que le Canada a peut-être donné des missiles qu’il allait de toute façon devoir remplacer.

Autre livraison

En juin, le Canada a annoncé qu’il transférera 288 missiles AIM-7 Sparrow à l’Ukraine après leur modification aux États-Unis pour être utilisés dans les systèmes de défense antiaérienne.

«C’est un missile à guidage par radar qui faisait partie de l’équipement de base des CF-18. Il a une plus grande portée (70 km), est plus rapide (mach 4 ou près de 5000 km/h) et est plus puissant (jusqu’à 88 livres d’explosifs). Il peut abattre un chasseur. Il serait aussi sûrement possible de modifier les MIG-29 ukrainiens pour les utiliser», conclut Alan Stephenson.

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