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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Des milliers de migrants campent sous un pont à la frontière sud des États-Unis

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AFP

2021-09-17T16:53:34Z
2021-09-17T17:25:16Z
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Houston | Une dizaine de milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens campaient vendredi sous un pont à la frontière sud des États-Unis, une situation de crise humanitaire qui place le gouvernement de Joe Biden en difficulté. 

Ces migrants sont arrivés à Del Rio, au Texas, en traversant le fleuve Rio Grande. De moins de 2 000 en début de semaine, ils sont passés à 10 500 jeudi soir, a déclaré sur Twitter le maire de cette petite ville frontalière, Bruno Lozano.

Ils «sont principalement originaires d’Haïti (...) ils attendent juste d’être arrêtés par les gardes-frontières» pour entamer les démarches d’autorisation de séjour, a-t-il expliqué dans une vidéo mise en ligne sur Twitter.

«Nous avons besoin d’une action rapide du gouvernement», a ajouté l’édile démocrate, en soulignant les risques sanitaires et sécuritaires posés par ce camp de fortune, où s’entassent de nombreuses familles avec enfants.

Débordés, les gardes-frontières ont assuré dans un communiqué avoir augmenté leurs effectifs pour faire face de manière «sûre, humaine et ordonnée» à la situation.

Les migrants ont été placés dans l’ombre du pont «pour empêcher les maladies liées à la chaleur». De l’eau potable, des serviettes et des toilettes portatives ont été mis à leur disposition, ont-ils expliqué.

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Une fois pris en charge, «la grande majorité des adultes arrivés seuls et de nombreuses familles seront refoulés en vertu d’une règle sanitaire» adoptée au début de la pandémie pour limiter la propagation du virus, selon ce communiqué.

Un juge fédéral a toutefois ordonné jeudi au gouvernement de ne plus refouler les familles dans ce cadre, ce qui pourrait compliquer la tâche des autorités, déjà confrontées à des flux migratoires historiques à la frontière avec le Mexique.

Plus de 200 000 migrants y ont été arrêtés en août, selon les derniers chiffres officiels. Cela porte à plus d’1,3 million le nombre de migrants interpellés à la frontière depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, un niveau inédit depuis 20 ans.

«Désastre»

L’opposition républicaine accuse depuis des mois le président Biden d’avoir provoqué une «crise migratoire» en assouplissant les mesures de son prédécesseur Donald Trump qui avait fait de la lutte contre l’immigration illégale son cheval de bataille.

La situation à Del Rio lui a offert de nouveaux arguments. Après s’être rendu sur place, le sénateur républicain Ted Cruz a ainsi dénoncé «un désastre causé par Joe Biden».

Selon lui, les migrants se retrouvent sous le pont «parce que le président Joe Biden a pris la décision politique d’annuler les vols d’expulsion vers Haïti» après l’assassinat en juillet du président Jovenel Moïse qui a accentué le chaos sur l’île des Antilles.

Les ressortissants de ce pays pauvre et instable forment toujours une minorité des arrivées aux États-Unis, mais leur nombre augmente depuis plusieurs mois.

Près de 6 800 Haïtiens ont été interpellés en août à la frontière sud, soit seulement 4% du total des migrants arrêtés, mais plus qu’en juillet (5 000) ou mai (2 700).

Un grand nombre ont quitté leur pays après le tremblement de terre de 2010 (qui avait fait plus de 200 000 morts) et s’étaient installés en Amérique latine, notamment au Brésil. Mais trouver du travail et renouveler un permis de séjour est devenu compliqué pour des milliers d’entre eux qui ont mis le cap vers le nord.

«Je veux poursuivre ma route car j’ai une sœur à Miami et une autre aux Pays-Bas», a raconté Domingue Paul, un Haïtien de 40 ans qui a vécu cinq ans au Chili, croisé par l’AFP à Tapachula au Mexique.

Sensibles à leurs difficultés, plusieurs voix démocrates se sont élevées pour demander à l’administration de Joe Biden de régler rapidement la situation à Del Rio.

«Ces migrants haïtiens ont déjà beaucoup souffert lors du voyage dangereux vers notre frontière», a ainsi tweeté l’élue du Congrès Ilhan Omar, une figure de l’aile gauche du parti. «Le manque d’urgence à leur venir en aide est alarmant», a-t-elle dénoncé.

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