Des militants racisés veulent passer un message
Daphnée Hacker-B.
Les personnes issues d’une minorité visible sont nombreuses à ne pas se sentir considérées dans la présente campagne électorale. C’est du moins ce qu’estiment des activistes qui souhaitent faire comprendre aux futurs élus que le racisme affecte leur quotidien et que des solutions concrètes existent.
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Durant l’événement «Festival Defund la police» qui se tenait le 12 septembre dernier, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, l’équipe vidéo du 24 heures a donné rendez-vous à quatre personnes qui en avaient long à dire sur le racisme.
«Les élus doivent d’abord admettre l’existence du racisme systémique» -Laurie Petit alias Lautotherey
L’animatrice Laurie Petit, d’origine haïtienne, veut rappeler aux élus que les personnes noires et autochtones sont interpellées cinq fois plus souvent par des policiers que les personnes blanches.
«Même si on a besoin d’aide, on ne va pas appeler la police, car on a peur d’eux», affirme-t-elle.
Il est temps, selon elle, d’encadrer davantage les interceptions policières et de rendre obligatoires des formations antiracisme.
«Faut investir dans l’entrepreneuriat jeunesse agressif» -Thierry Lindor
L'entrepreneur Thierry Lindor, d’origine haïtienne et française, souligne pour sa part que le coût moyen d’un détenu dans une prison provinciale est de 95 000$ par année. Trop d’argent en répression, pas assez en prévention, selon lui.
«Pourquoi on ne donnerait pas 9500$ par jeune, soit l’équivalent de 10% du 95 000$. On les introduit à l’entrepreneuriat dès l’âge de 12, 13 ans», propose-t-il.
Thierry Lindor se désole d’ailleurs que des élus puissent considérer que c’est un trop jeune âge pour se faire initier à l’entrepreneuriat. «Par contre quand on leur dit que tu mets ton jeune au hockey à cinq ans, ça c’est correct.»
«François Legault nous oublie» -Stéphanie Héroux Brazeau
L’artiste Stéphanie Héroux Brazeau, qui a des origines anishnabe, considère que le premier ministre sortant François Legault a démontré à plusieurs reprises que les communautés autochtones sont loin d’être sa priorité.
«Peut-être que c’est parce que nous représentons que 2% de la population du Québec? Mais peu importe notre poids démographique, nos besoins méritent d’être répondus, d’autant plus que nous sommes surreprésentés dans plusieurs enjeux sociaux», insiste-t-elle.
«Nous ne voulons pas intégrer le système colonial» -Eric Pouliot Thisdale
L’historien Eric Pouliot Thisdale, qui a des orignes mohawk, innu et abénaki, ne se désole pas de l’absence d’élus autochtones dans le dernier gouvernement.
«Je ne crois pas qu'il devrait y avoir des élus à l’Assemblée nationale, puisque c’est le système colonial», explique-t-il.
Ce qu'il voudrait, c’est que les futurs élus démontrent la volonté d'établir un dialogue de nation à nation. «Que nous soyons deux entités qui puissent communiquer humainement», dit-il.
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