Spectacles et cinéma: des mesures sanitaires plutôt inégales d'une salle à l'autre
L’application des règles imposées en raison de la pandémie de COVID-19 varie d’un établissement à l’autre tant au cinéma que dans les salles de spectacles
Yves Leclerc, Sarah-Émilie Nault, Cédric Bélanger, Maxime Demers et Bruno Lapointe
Les spectateurs sont de retour dans les salles de spectacles et de cinéma qui doivent maintenant respecter des mesures sanitaires claires : vérification du passeport vaccinal et port du masque. Le Journal a constaté que l’application des règles gouvernementales est inégale d’une salle à l’autre. Bien que les salles vérifient systématiquement le passeport vaccinal, les spectateurs, eux, ne portent pas tous le masque. Les membres de la section des Spectacles du Journal vous présentent quelques situations qu’ils ont eux-mêmes vécues dans les dernières semaines.
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Des amateurs de pop-corn récalcitrants
Au cinéma Kirkland, la vérification du passeport vaccinal cause quelques inconvénients. Les soirs de fin de semaine, la foule s’agglutine à l’extérieur devant les portes du complexe. Ce dimanche-là, pour une représentation du nouveau James Bond, les spectateurs devaient attendre en ligne que les deux préposés du cinéma, installés à l’intérieur, vérifient le passeport vaccinal et la preuve d’identité. C’était un peu long.
Plus loin, les spectateurs devaient montrer leur billet d’admission à l’entrée des salles. Dans ce cas, la vérification était un peu chaotique en raison des spectateurs trop pressés et du personnel insuffisant. Un seul préposé était en place pour vérifier les billets.
Au cinéma Guzzo de Dollard-des-Ormeaux, comme ailleurs, la majorité des spectateurs faisaient le plein de pop-corn et de boissons gazeuses avant la représentation et, une fois assis dans la salle, s’empressaient de retirer leur masque. Rares sont ceux qui le remettaient par la suite. À la billetterie, la préposée invitait les clients à se laver les mains avant la transaction.
Début novembre, c’était plutôt tranquille en ce début de soirée de semaine, au cinéma Cineplex Forum, à Montréal. Pas d’attente à l’entrée où un employé avait tout son temps pour bien vérifier les passeports vaccinaux et les pièces d’identité des clients. Notre salle, qui présentait ce jour-là le film The French Dispatch, était loin d’être remplie et permettait à la vingtaine de spectateurs de respecter une bonne distanciation entre eux. La plupart d’entre eux gardaient le masque pendant la projection mais certains en profitaient pour l’enlever même s’ils ne consommaient pas de nourriture.
Début de soirée de fin d’octobre, une longue file se dessinait devant le cinéma Banque Scotia, au centre-ville de Montréal. Deux employés étaient postés à l’entrée de l’établissement pour vérifier les passeports vaccinaux et les pièces d’identité des clients. Tout se déroulait rondement, même si l’application VaxiCode semblait parfois causer quelques soucis aux employés. Pop-corn ou pas, la majorité des clients se sont empressés de retirer leur masque. Certains ont même attendu d’être sortis de la salle... et ont été réprimandés par le personnel sur place.
Lundi soir frisquet de novembre. Dans la salle du Cineplex Sainte-Foy, une trentaine de cinéphiles sont rassemblés pour la projection de Dune. Durant le visionnement, on peut facilement compter sur les doigts d’une main ceux qui portent le masque. Même les spectateurs qui n’ont rien à boire ni à manger ignorent la règle. D’ailleurs, avant le début du film, aucun message rappelant les consignes n’est diffusé et aucun employé ne viendra vérifier si les visages sont couverts.
Fin novembre, au cinéma Beaubien, les cinéphiles respectent religieusement les consignes. Les passeports sont vérifiés avec rapidité. Pop-corn ou pas, tous portent leur masque.
Règles observées au Théâtre du Nouveau Monde
Soirée de première de la pièce Les Reines au TNM. Vérification rapide du passeport vaccinal et des billets. La foule est disciplinée. De rares récalcitrants ne portent pas le masque.
L’humour masqué
Il y avait foule à la première de Marc Messier au Théâtre Outremont, le 2 décembre. Comme il ne semblait y avoir que deux employés attitrés à la vérification des passeports vaccinaux et des pièces d’identité à l’entrée, une longue file de spectateurs patients s’est formée à l’extérieur. Le processus d’entrée a été un peu laborieux et le spectacle a commencé avec une vingtaine de minutes de retard. Ce fut la même chose à l’entracte ; le spectacle a repris alors qu’il y avait une longue file de gens qui attendaient au bar. Les gens ont porté leur masque toute la soirée, sauf ceux qui buvaient leur verre dans la salle pendant le spectacle.
Mardi dernier, les fans de Louis-José Houde respectaient à la lettre les mesures sanitaires en place lors de la première médiatique de Mille mauvais choix, au Cabaret du Lion d’Or. Passeport vaccinal et pièce d’identité étaient vérifiés à l’entrée, tandis que les masques sont demeurés sur les visages toute la soirée.
Tout est allé rondement lors de la première du spectacle d’André-Philippe Gagnon au Théâtre Saint-Denis, le 24 novembre. Les passeports vaccinaux et les cartes d’identité étaient vérifiés tout de suite à l’entrée, les places assises étaient assignées à l’avance et comme il n’y avait plus distanciation dans la salle, les gens ont porté leur masque pendant tout le spectacle.
Au MTELUS, le 16 novembre, les organisateurs du spectacle de Patrice Michaud ont choisi de garder la formule cabaret pour sa grande rentrée montréalaise. Alors que les nouvelles règles permettent à nouveau les spectacles avec spectateurs masqués, debout et pouvant même danser, on a décidé de garder la formule originale (tables au parterre pouvant asseoir 2 bulles par table, places fixes attribuées à l’avance) et semi-distanciation dans le reste de la salle par respect pour les spectateurs ayant acheté leurs billets avec cette formule, il y a plusieurs mois. La majorité des gens ont porté leur masque tout au long de la soirée, sauf une rangée d’une dizaine de personnes au balcon qui chantaient à tue-tête sans être masquées. Lors des deux dernières chansons du rappel, Patrice Michaud a crié « Levez-vous ! » à une foule qui ne demandait que d’en avoir la permission. Les gens sont restés à leur place en dansant sur place, en chantant sous leur masque et en frappant des mains.
C’est lors de la première du spectacle de Rita Baga à l’Olympia de Montréal qu’on a brandi pour la toute première fois notre passeport vaccinal accompagné d’une pièce d’identité. La vérification – en bonne et due forme – a pris quelques secondes à peine, empêchant une file d’attente de se former devant l’établissement. Une fois à l’intérieur, par contre, le port du masque se faisait rare aux tables, car bon nombre de spectateurs étaient passés par le bar pour faire le plein de rafraîchissements et de collations. Ils étaient peu nombreux à recouvrir leur visage pour danser ou circuler dans les allées avant, pendant et même après la représentation.
Au Grand Théâtre de Québec, lors de la première de l’opéra L’elisir d’amore, le 23 octobre dernier, un homme en début de soixantaine était plongé, sans masque, dans la lecture de son programme. Il a reçu une consigne de le porter. Quelques spectateurs, dans les corbeilles, ont choisi de ne pas le mettre durant la représentation. Les règles ont majoritairement été respectées.
Un samedi d’octobre avait lieu une représentation « thématique Halloween » du spectacle Candlelight à l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, à Verdun. Quinze minutes avant la représentation, une petite file s’était formée à l’extérieur. Un groupe de quatre filles ne s’étaient visiblement pas préparées avec le passeport et laissaient passer d’autres spectateurs devant elles. Le scan du passeport s’est fait sans anicroche. À l’intérieur, on devait signer une décharge enlevant toute responsabilité au promoteur Fever si une éclosion devait survenir. Assis au balcon avec de la distanciation, on a remarqué deux spectatrices pas très loin qui avaient le masque sous le menton durant tout le spectacle.
À la Place des Arts, un soir de première pendant la semaine, les spectateurs étaient fébriles à l’entrée des salles Maisonneuve et Jean-Duceppe. C’était la cohue. Les préposés étaient forcés d’effectuer une vérification hâtive et sommaire. On vérifiait le passeport vaccinal un à un, mais on oubliait souvent la preuve d’identité. Les préposés se sentaient visiblement obligés de faire vite puisqu’un bouchon de spectateurs se formait à quelques mètres plus loin, à l’endroit où l’on vérifiait les billets du spectacle. Une fois le double contrôle effectué, les spectateurs pouvaient se diriger sans trop de difficulté vers leur siège. Dans la salle, tout était plus ordonné. Les spectateurs portaient leur masque.
À la salle Pauline-Julien, dans l’ouest de l’île de Montréal, les spectateurs étaient accueillis dans l’ordre par une armée de préposés bénévoles masqués. Un d’entre eux demandait aux spectateurs de se laver les mains, puis un autre vérifiait le passeport vaccinal et la preuve d’identité. Plus loin, un autre contrôlait l’entrée dans la salle de spectacles. Puis, dans la salle, un autre indiquait la voie pour se rendre à notre place. Enfin, on rappelait aux rares spectateurs récalcitrants qu’ils devaient porter le masque pendant le spectacle.
Grosses foules démasquées
Le processus de vérification du passeport vaccinal étant désormais une mécanique bien huilée pour le Centre Bell, comme en témoignait l’entrée fluide lors du concert des Cowboys fringants, jeudi 25 novembre. Une fois dans les gradins, toutefois, les masques ne tardaient pas à glisser sous le menton – ou même disparaître complètement – les spectateurs faisant fi des consignes de santé publique en vigueur... et ce même si un message enregistré les rappelait à l’ordre avant le début du spectacle. C’est un peu le même scénario qu’on avait observé lors du concert de Ricky Martin au Centre Bell en octobre, première expérience avec les mesures sanitaires simplifiées. Les masques tombent vite lorsque la foule dépasse les 5000 spectateurs.
Consignes respectées
Au ComediHa ! Club de Québec, c’était le soir de l’ouverture officielle. Tous les invités et spectateurs devaient exhiber la preuve de vaccination, un exercice réalisé aisément. Une fois assis à leurs places, plusieurs spectateurs enlevaient le masque pour consommer, mais plusieurs oubliaient de le remettre. L’animateur de la soirée a dû effectuer un rappel à l’ordre avant le début du spectacle.
Quelques minutes avant l’enregistrement du balado Les grosses tounes de..., avec Sébastien Delorme et P-A Méthot, le 10 novembre dernier, au ComediHa ! Club de Québec, une majorité de spectateurs avaient un verre de vin, de mousseux ou une bière entre leurs mains ou sur leur table. Ceux qui portaient le couvre-visage étaient minoritaires. Un animateur a rappelé, avant le début de l’enregistrement, que le port du masque était obligatoire entre les gorgées, et le public, jeune, a respecté la consigne.