Le Canada épargné... pour l’instant
Il n’y a pas de quoi se réjouir, les conséquences sur l’économie mondiale risquent de mener à une récession
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Guillaume St-Pierre – analyse
Après les menaces d’annexion économique à coups de tarifs dévastateurs, le Canada peut pousser un petit soupir de soulagement, pour l’instant.
Le président Donald Trump a annoncé hier une vague mondiale de tarifs qui touche de plein fouet l’Asie et l’Europe.
Dans ce contexte, l’Amérique du Nord, dont le Canada, s’en sort à bon compte par rapport à ce qui était anticipé.
Mais il n’y a pas de quoi se réjouir. Les conséquences sur l’économie de la planète seront réelles et difficiles à prévoir.
Et, si nous évitons de nouveaux tarifs, ceux qui étaient prévus ou en vigueur le demeurent.
C’est le cas de la surtaxe sur notre important secteur de l’automobile. Le très important secteur de l’automobile en Ontario.
Avec son annonce, le président met en branle son audacieux pari qui vise à renflouer les coffres d’une Amérique endettée jusqu’au cou et à faire renaître comme par magie des industries manufacturières et technologiques.
Du théâtre
Encore une fois, il fallait séparer le théâtre trumpien du reste.
« Depuis des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a-t-il asséné, sans grande subtilité.
Le président, dans son discours, n’a pas manqué de nous écorcher d’entrée de jeu, se plaignant de supposés droits de douane imposés aux produits laitiers américains.
Lorsque le rideau est tombé sur sa conférence de presse loufoque, les détails de son annonce nous concernant étaient tout autres, surtout par comparaison avec le coup de massue visant la Chine, frappée de tarifs de 34 %, et l’Union européenne (20 %). Même l’allié Israël (17 %) n’a pas été épargné.
Donald Trump a tout de même assuré avoir été « gentil » avec ses surtaxes « réciproques ».
En gros, le Canada échappe à tout nouveau tarif, même les droits de douane de base de 10 % imposés à la planète entière.
Plus de peur que de mal ?
Plus de peur que de mal, donc, pour l’instant. Mais, comme Trump a passé des mois à nous insulter, il fallait bien qu’il parle encore de nous, même si dans les faits le Canada n’était aucunement concerné par son épisode de téléréalité du jour.
Le premier ministre Mark Carney a résumé la journée ainsi : Donald Trump change les règles du jeu du système commercial mondial tout en préservant certains éléments clés du traité de libre-échange qui nous lie aux Américains.
Il met ainsi sa campagne électorale sur pause afin de préparer la réplique canadienne .
Récession contagieuse
S’il ne doit pas s’en réjouir, il ne se plaindra pas de devoir se concentrer sur cette tâche qu’il préfère manifestement à celle de faire campagne.
Les États-Unis entraînent le monde entier dans une nouvelle ère de protectionnisme économique.
Plusieurs économistes américains estiment que le « jour de la libération » pourrait vite se transformer en récession.
Une récession qui, dans le contexte d’une guerre économique mondiale, pourrait être très contagieuse.