Des femmes autochtones confient avoir subi une stérilisation forcée
Agence QMI
Des femmes des Premières Nations et inuits ont subi des stérilisations imposées dans le réseau de la santé québécois entre 1980 et 2019, selon un rapport de recherche de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Le rapport de l’équipe de recherche menée par Sucy Basile et Patricia Bouchard a exposé les cas de 35 femmes âgées entre 17 et 46 ans, qui témoignent de leur histoire de stérilisation forcée.
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«On pense qu'il y en a beaucoup plus que ça. [...] Nous avons aussi été surpris d'apprendre qu'en plus des stérilisations imposées, il y a eu aussi des cas d'avortements imposés et d'autres violences obstétricales, dont des commentaires discriminatoires au moment de l'accouchement par exemple», a déclaré Suzie Basile, professeure titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones.
Dans la majorité des cas, 63% des femmes se font proposer la ligature comme seul moyen de contraception.
«Bon là, tu sais là, les enfants, tu devrais arrêter d'en faire parce qu'ils vont se retrouver en famille d'accueil. C'est comme ça pour les Indiennes, là. Puis tu devrais arrêter ça là. Après-midi, il y a de la place là! Tu vas être chanceuse» a notamment indiqué un médecin à l’une des participantes de l’étude qui venait de donner naissance à son deuxième enfant à l’âge de 20 ans.
Neuf femmes ont ainsi témoigné de stérilisations imposées, six de violences obstétricales et trois d’avortements imposés, selon le rapport.
Cette pratique a été vivement dénoncée par le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA), qui a tenu à souligner le courage de ces femmes.
«Nos peuples ont vécu et continuent de vivre des atrocités. Il est essentiel de dénoncer ces pratiques génocidaires pour espérer un changement positif. Nos femmes sont inspirantes et nous rendent fiers, nous les accompagnerons dans leur combat qui est aussi celui de tous», a mentionné Constant Awashish, Grand Chef de la Nation Atikamekw.
Le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les inuits, Ian Lafrenière, a qualifié cette situation de «complètement inacceptable».
«Ce rapport nous rappelle l’urgence d’offrir aux autochtones un accès aux soins et services de santé culturellement adapté, dans un environnement sécurisant. C’est non négociable», a-t-il notamment écrit sur Twitter.
− Avec des informations de Marie-Claude Paradis-Desfossés, TVA Nouvelles