Les antivaccins visent les hôpitaux
Des manifestations décriées à l’unisson par la classe politique ont eu lieu un peu partout au pays
![À gauche, les manifestants devant le CUSM ont distribué des roses pour protester contre la vaccination obligatoire. Ci-haut, la manifestation devant le Toronto General Hospital a été beaucoup plus animée, et un protestataire s’est même pointé avec un crucifix.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F64995735_222781140bc45b-a43f-4410-bc4e-d311fcce1030_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Étienne Paré
Après avoir manifesté la semaine dernière devant les écoles, les opposants à la vaccination ont pris pour cible des hôpitaux lundi, ce qui leur a valu d’être vivement dénoncés.
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« Je trouve ça dégueulasse ! Des antivaccins qui vont écœurer des travailleurs de la santé, qui donnent tout, qui sont au front : ce n’est pas normal ni acceptable », a lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Au bout du compte, la manifestation organisée devant le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a attiré très peu d’opposants lundi après-midi.
Ceux-ci se sont contentés de distribuer des roses aux passants et aux employés pour protester, disaient-ils, contre le « climat de peur ».
« On n’est pas antivaccins, on est pro-choix », s’est défendue l’une des protestataires. Cette dernière n’a pas voulu être identifiée et se présentait comme infirmière.
Le milieu de la santé outré
Les rassemblements de lundi partout au pays étaient d’ailleurs une initiative des Canadian Frontline Nurses, un groupe d’infirmières contre la vaccination obligatoire pour le personnel médical.
Qu’elles aient décidé d’exprimer leur controversé point de vue devant des hôpitaux était d’un mauvais goût éhonté, selon plusieurs.
« Les hôpitaux, ce n’est pas pour ou contre le vaccin, c’est pour soigner le monde », a tonné Paul Brunet, PDG du Conseil pour la protection des malades.
À un mois de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, le Dr François Marquis est également exaspéré par ce coup d’éclat.
« C’est très triste [que des employés refusent encore la vaccination], car on le voit très bien en ce moment : la quatrième vague est vraiment la pandémie des non-vaccinés », a insisté le chef de service des soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal.
- Écoutez l'entrevue avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur QUB radio:
Et pour cause : les personnes non vaccinées auraient presque 26 fois plus de risques d’être hospitalisées. Face à de telles données, le Dr Marquis n’en revient pas que les manifestants de lundi osent se définir comme « pro-choix ».
« C’est du marketing, a-t-il déploré. Il ne faut pas être dupe, ce qu’ils veulent, c’est de convaincre les gens de ne pas se faire vacciner. »
Réactions politiques
Le Dr Marquis s’est cependant réjoui que le rassemblement de Montréal n’ait pas attiré de masse, contrairement à celui de Toronto, où la présence de manifestants a compliqué l’accès à un hôpital pour certains patients.
Dans la foulée, les chefs des quatre principaux partis fédéraux se sont empressés de condamner la tenue de ce genre d’événement devant des établissements de santé.
Le premier ministre Justin Trudeau a même promis de légiférer pour éviter que cela ne se reproduise, s’il est réélu.
« Nous allons donc rendre ça illégal de bloquer l’accès à un bâtiment où on livre des services de soins de santé. [...] Fini l’intimidation », a déclaré le chef libéral, en campagne lundi en Colombie-Britannique.
Radicalisation
Car l’agressivité dans les manifestations antivaccins a grimpé d’un cran ces dernières semaines.
Lors d’un déplacement en Ontario, Justin Trudeau avait même été frôlé par des roches tirées en sa direction.
Plus récemment, les manifestations devant des écoles secondaires ont également donné lieu à quelques débordements.
– Avec Laurent Lavoie et Félix Lacerte-Gauthier, Agence QMI
Rappelons que la période de grâce pour l’imposition du passeport vaccinal se termine mardi.