Des entraîneurs sur la sellette
Stéphane Cadorette
Après Urban Meyer, qui s’est mis dans une situation embarrassante, voilà que de vieux courriels font très mal paraître Jon Gruden. Les propos dégradants qu’il a tenus, même s’ils datent de 10 ans, pourraient coûter cher à l’entraîneur-chef des Raiders.
En 2011, lorsqu’il était à l’emploi du réseau ESPN comme analyste, Gruden, dans un échange de courriels avec un haut dirigeant de l’équipe de Washington, s’en est pris au directeur de l’Association des joueurs de la NFL DeMaurice Smith.
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Gruden l’a appelé «Dumborris» et a indiqué qu’il avait des «lèvres de la taille de pneus Michelin».
Aujourd’hui à la barre des Raiders, il se défend d’avoir tenu des propos racistes et mentionne qu’il s’est simplement mal exprimé sur le coup de la colère.
Il a ajouté qu’il a toujours utilisé le terme «lèvres en caoutchouc» pour référer à un menteur.
Mesures disciplinaires?
Or, peu importe l’intention qui motivait son message à l’époque, le résultat ne peut être que dégradant et condamnable.
D’ailleurs, la NFL s’est dite choquée par ce message «contraire à ses valeurs de respect et d’inclusion». Le propriétaire des Raiders, Mark Davis, a aussi mentionné qu’il était très perturbé. Reste à voir si la ligue ou Davis en resteront là où s’ils séviront de manière concrète.
La question est complexe, puisque la NFL s’est dotée d’un code de conduite, mais celui-ci n’inclut rien en ce qui concerne des propos considérés comme racistes dans un tel échange.
Par ailleurs, Gruden n’était pas à l’emploi des Raiders ni de la ligue lorsqu’il a utilisé ces mots regrettables. Est-ce que la NFL pourrait sévir sous prétexte qu’il était à l’emploi de l’un de ses partenaires de diffusion? Ça reste à voir.
Si en fin de compte personne ne tape sur les doigts de Gruden, il sera intrigant de voir si sa relation avec son patron sera entachée.
Le fondateur des Raiders, le défunt Al Davis, avait ses défauts, mais il est encore considéré à ce jour comme un grand pionnier de l’inclusion et de la lutte contre les injustices raciales.
Davis avait notamment embauché Art Shell, premier entraîneur-chef noir dans l’ère moderne de la NFL. Il avait auparavant donné le poste d’entraîneur-chef à Tom Flores, premier candidat issu des minorités.
Cet homme intransigeant doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe et fiston y pense sans doute.
Des entraîneurs en danger
En plus de Gruden, il est permis de se demander si les frasques d’Urban Meyer le conduiront à une sortie expéditive à Jacksonville. Des rumeurs laissent croire qu’il aurait déjà perdu son vestiaire.
Ailleurs dans la ligue, d’autres entraîneurs pourraient être en danger, pour des raisons de performance plutôt que morales.
Qu’il s’agisse de Matt Nagy (Bears), Mike Zimmer (Vikings), Joe Judge (Giants) ou même Brian Flores (Dolphins), il faudra vite que leur équipe retrouve le droit chemin.
C’est tout le contraire avec Gruden, qui semble enfin avoir relancé les Raiders sur la voie du succès. Ça ne l’empêchera certainement pas d’avoir toute une tempête à traverser.