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«Des drags, y’en aura jamais trop» – Suki Doll

Suki Doll
Suki Doll Photo Joël Lemay, Agence QMI
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Sarah-Florence Benjamin

2022-08-04T11:30:00Z
2023-04-04T11:50:55Z
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Les drags sont partout. Mais qui dit drag ne veut pas seulement dire Drag Queen. Loin d’être un bloc monolithique, la drag rassemble des artistes en tout genre. On en a réuni cinq pour connaître leur avis sur l’état de la drag au Québec.

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Suki Doll

Suki Doll
Suki Doll Photo Joël Lemay, Agence QMI

Ça fait 10 ans qu’André Pham fait de la drag. Designer, il a toujours été passionné par la mode et la couture. Et comment décrirait-il Suki Doll? «Fashionista, audacieuse et tête forte», son personnage est un hommage à ma mère, «qui a dû sacrifier tellement en immigrant au Québec».  

Comment décrirais-tu la drag?

«C’est une illusion. C’est un art qui porte un message. La drag, c’est aussi un des piliers pour la communauté LGBTQA+, c’est une plateforme qui permet de rassembler les gens.»

Est-ce qu’il y a trop de drags? 

«Des drags, y’en aura jamais trop. Je ne vois personne se plaindre de voir des hétéros refaire le même show encore et encore, parce que c’est la norme.» 

La popularité de la drag, une bonne nouvelle?  

«La drag donne une plateforme et une voix à une communauté. Plus on voit de drag queens, plus on voit une diversité de drag queens et une diversité d’expériences. 

«Ça a un impact positif, selon moi, de voir des drag queens ailleurs que dans un bar, à 2h du matin. Quand on voit des drags à la télé durant le jour, ça prouve que c’est un métier, pas juste un hobby.» 

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Est-ce qu’il y a assez de diversité dans la drag?  

«Au Québec, il n’y a pas assez de place pour les artistes de couleur. Quand on donne une opportunité à ces artistes de performer, c’est souvent dans une soirée qui est réservée seulement pour les personnes non blanches. Après ça, on ne les voit plus.» 

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Gaytorade

Gaytorade
Gaytorade Photo courtoisie

Jorie Pedneault, qui s’identifie comme une personne non binaire, est musicien. Depuis mai, il évolue aussi comme drag king à Québec sous le nom d’artiste Gaytorade. Il aime recréer des performances musicales iconiques, en replongeant dans ses fantasmes d’adolescence. Sa drag s’éloigne de l’image du drag king macho et sexualisé.  

Comment décrirais-tu la drag?

«C’est avant tout un art performatif, une occasion de jouer un personnage sur scène. C’est de créer de la grande démesure. En tant que personne non-binaire, ça ne m’intéresse pas beaucoup de jouer avec les extrêmes du genre. Ça ne fait pas du bien à tout le monde de voir des stéréotypes sur scène.»

Est-ce qu’il y a trop de drags partout? 

«Voyons, où sont ces drags? Il y en a peut-être deux qu’on voit régulièrement dans les médias, ce n’est pas assez. Il en faudrait encore plus. Pas juste des drags, mais plus de personnes queer dans les médias.» 

La popularité de la drag, une bonne nouvelle?  

«C’est incroyable que des artistes comme Rita Baga aient défriché un chemin. Maintenant, il faudrait qu’on puisse voir les autres lettres de l’acronyme LGBTQ+, pas juste le G [gai].»  

Est-ce qu’il y a assez de place à la diversité dans la drag?  

«J’ai l’impression que les gens sont à l’aise avec le fait que tu aies une sexualité différente de l’hétérosexualité, mais la diversité du genre, ce n’est pas encore acquis. Il faut comprendre que le milieu de la drag, c’est encore un milieu qui est dominé par les hommes cisgenres.» 

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Gisèle Lullaby

Photo Martin Alarie, Agence QMI
Photo Martin Alarie, Agence QMI

Celle qui participe à la troisième saison de Canada’s Drag Race a commencé comme danseuse pour Rita Baga, il y a 13 ans. Pour décrire Gisèle, Simon Gosselin dit toujours qu’elle est assez belle pour être conne! 

Comment décrirais-tu la drag?

«Ce sont des comédiens qui créent un personnage et qui l’habitent. Le personnage va être tellement abouti qu’on pense qu’on la connaît, que c’est une entité séparée du comédien. Le but principal, ça reste toujours de divertir.»

Est-ce qu’il y a trop de drags?  

«La drag, ça existe depuis tellement longtemps. Un moment donné, si ça ne te tente pas d’en voir, personne ne t’oblige à regarder. C’est ça, le consentement! 

«Quand je pense à toutes mes idoles de jeunesse, Marc Labrèche, Guy A. Lepage, Pierre Brassard, Jean-Michel Anctil, ces gars-là faisaient de la drag! Je pense que tout ce monde-là s’est déguisé en femme plus souvent que moi, en fait.» 

La popularité de la drag, une bonne nouvelle?  

«Plus on en voit, plus ça normalise ce qu’on fait. Parfois on a l’impression que les drag queens se moquent des femmes, mais c’est tellement tout le contraire. C’est un hommage au travail que font les femmes tous les jours. Nous, c’est littéralement notre travail de nous mettre belles.» 

Est-ce qu’il y a assez de place à la diversité dans la drag?  

«Il y a encore du racisme dans le monde de la drag, mais je trouve que les temps changent. Si on a fait une blague qui a blessé quelqu’un, on s’excuse et on l’enlève du numéro, c’est tout. 

«Moi, je n’ai jamais eu de problèmes avec les drag kings ou les bio queens (femmes cisgenres qui sont drag queens). Ces drags-là ont plein de talent et si tu as le talent et que tu travailles bien, tu vas la faire ta place.» 

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Chill Vigneault

Chill Vigneault
Chill Vigneault Photo Joël Lemay, Agence QMI

L’humoriste Audrey-Anne Dugas fait de la drag à l’extérieur du circuit des bars. Son personnage de Chill Vigneault est un fuckboy au cœur tendre. «Comme si Jay du Temple et Loud avaient fait un enfant. C’est un rappeur un peu woke, mais l’est-il vraiment?» décrit-elle. 

Comment décrirais-tu la drag?

«Le genre, c’est déjà une performance. Tous les jours, on performe et on met un costume pour montrer à quel groupe on appartient. La drag, c’est de pousser ça à l’extrême et ça soulève des questionnements. Mais, c’est aussi un maudit bon show.»

Est-ce qu’il y a trop de drags partout? 

«Ça existe depuis des années, mais ça commence à peine à être connu du grand public. Les cotes d’écoute montrent pourtant que c’est quelque chose que les gens veulent voir. Je ne pense pas qu’il y en a trop partout, non.» 

La popularité de la drag, une bonne nouvelle?  

«Le fait que la drag soit plus accessible, par exemple à la télé, ça la fait connaître à l’extérieur des grandes villes comme Montréal. Je vais produire une soirée à Chicoutimi et la réponse a été incroyable. 

«C’est important de voir des drags, mais il ne faudrait pas que ça soit la seule représentation des personnes queer.» 

Est-ce qu’il y a assez de place à la diversité dans la drag? 

«Il n’y en a pas assez, mais depuis quelques années, ça change. Pendant la pandémie, beaucoup de kings se sont créé une plateforme sur les réseaux sociaux. Maintenant, on les voit plus sur scène.» 

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Yikes Macaroni

Yikes Macaroni
Yikes Macaroni Photo Joël Lemay, Agence QMI

Ni king ni queen, Yikes Macaroni fait de la drag depuis un an et demie. Iel décrit son personnage comme «un clown, un gobelin, un.e métamorphe». Sa drag qui brouille les genres se veut «à la fois sexy et un peu dégueulasse».  

Comment décrirais-tu la drag?

«C’est jouer avec le genre et l’exagération. Des fois, c’est être super féminine, super masculin, entre les deux ou quelque chose d’autre complètement! Il y a plein de choses qui sont de la drag, même si on ne s’en rend pas compte. Lady Gaga et Cher, elles font de la drag.»

Est-ce qu’il y a trop de drags partout?  

«Oui et non. Il n’y a pas trop de drags, mais je trouve qu’il y a trop de drags qui se ressemblent. Moi, j’aimerais voir quelque chose de différent, voir des drags dans des compétitions de cuisine, avoir un Big Brother juste de drag.» 

La popularité de la drag, une bonne nouvelle?  

«Ça crée une vraie industrie de la drag où c’est possible de faire de l’argent en faisant ce qu’on fait. 

«Quand les personnes consomment de l’art, ça leur ouvre les yeux sur un monde qu’ils ne connaissaient peut-être pas. C’est la même chose avec la drag, ça montre que c’est possible de vivre dans un monde moins rigide et codifié.» 

Est-ce qu’il y a assez de place à la diversité dans le monde de la drag?  

«Il existe plusieurs scènes dans la drag, il y a une scène plus populaire, le genre de show où tu peux amener tes ami.es hétéros, et il y a la scène plus alternative. Sur la scène plus populaire, il y a moins de diversité dans les artistes.» 

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