Mettre ses décos de Noël le 1er novembre, ça peut aider à passer à travers l'automne
Jean-Michel Clermont-Goulet
Des Québécois refusent de se laisser abattre par la dépression saisonnière ou le blues de l’automne qui les affecte lorsque les journées raccourcissent et que le temps froid s’installe. Au fil des ans, ils ont trouvé des solutions pour améliorer leur moral; ils nous les partagent.
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Noël, le remède parfait?
Sans nécessairement souffrir de dépression saisonnière, certaines personnes décident se mettre rapidement dans l’esprit des Fêtes pour ignorer la grisaille.
En 2020, les circonstances ont fait en sorte que Thomas Dallaire-Boudreault a battu un record personnel: il a décoré son arbre de Noël un 29 octobre. Cette année, il s’est quelque peu retenu. Son appartement montréalais s’est retrouvé décoré dès le 30 octobre.
«Je trouve ça drôle de boycotter l’Halloween, sortir mes CD de Mariah Carey un peu trop tôt», lance-t-il en riant.
Bien qu’il ne soit pas la personne qui souffre le plus de déprime saisonnière, l’homme de 29 ans confie être quelqu’un qui a besoin de lumière dans la vie et remarque que «quand le soleil se couche plus tôt, ça commence à devenir un peu plus difficile».
La saison de Noël semble lui être thérapeutique, dit-il.
Caroline Mercier, qui vit sur la Rive-Sud de Montréal, abonde dans le même sens. Avant qu’on ne la contacte, elle n’avait «jamais fait le lien» entre son amour pour le temps des Fêtes, qu’elle surnomme affectueusement sa «maladie de Noël», et la déprime saisonnière.
«Je déteste tellement l’automne; ranger l’été, ramasser mon deux pieds de feuilles mortes, la pluie, le froid», énumère la mère de famille.
Une fois le 31 octobre passé, Caroline fait place à son cœur d’enfant malgré ses 45 ans et aux décorations colorées et festives, dont ses cinq (!) sapins. «Je dois dire que je n’aime pas non plus l’hiver, confie-t-elle, Noël me fait oublier une partie de ces deux saisons.»
Quant à Thomas, il n’a qu’un seul conseil pour les personnes qui souffrent de déprime saisonnière : décorer hâtivement.
«Mettez vos décorations tôt, sortez vos disques de Mariah Carey et de Céline Dion et allez-y fort», lance-t-il en riant.
Queen et Charlotte Cardin pour se remettre sur le piton
«Moi, dès que le mois de novembre approche, ça fesse! Octobre, ça commence à être vraiment difficile», lance d’entrée de jeu Marianne Genest.
Depuis ses 12 ans, dès que la grisaille et le froid font leur entrée, rien ne va plus. Elle a même de la difficulté à sortir son chien à l’extérieur, automne comme hiver.
«Je sens que c’est toujours lourd, qu’il manque de lumière [et] le froid m’angoisse. Je déteste avoir froid. C’est surtout ça qui me rend dépressive», confie-t-elle.
La jeune femme de 25 ans avoue se tourner vers la musique pour se remettre sur le piton.
Elle le sait, ses choix musicaux ne sont pas tous «hop la vie», notamment le métal et le rock. En revanche, Marianne affirme qu’elle va souvent se lâcher lousse, danser et chanter sur du Queen et du Charlotte Cardin, qui, dit-elle, lui font «énormément de bien».
Pour tenter de trouver une porte de sortie à ses maux automnaux, la Longueuilloise compte aussi se rendre cette année à des rencontres au Carrefour Le Moutier, un organisme qui vient en aide aux personnes vivant notamment des problèmes de santé mentale.
Qu’on apporte de la lumière
Fatigue, irritation, forte sensibilité: dès l’adolescence, Valérie* a remarqué qu’elle ressentait tous ces symptômes une fois la saison automnale entamée, sans toutefois les associer à la dépression saisonnière.
C’est des années plus tard, par un soir d’automne de ses 25 ans, que sa mère lui a fait réaliser que ses problèmes émotionnels et d’anxiété la touchent de façon récurrente depuis qu’elle est toute jeune.
Une fois l’épiphanie survenue, Valérie décide alors de consulter son médecin, qui lui conseille de faire davantage d’exercices, de bouger plus, d’avoir un horaire de vie sain et d’essayer la luminothérapie.
Aujourd’hui âgée de 30 ans, Valérie, qui vit à Montréal, suit ses traitements de luminothérapie tous les matins durant 20 minutes, café en main, d’octobre à mars.
«Ça fonctionne! Il y a comme un effet de réveil, qui stimule», se réjouit-elle, précisant que son entourage et elle-même ont vu une différence dans sa façon d’être depuis qu’elle fait de la luminothérapie.
Maintenant, elle voit venir les symptômes de la dépression saisonnière un peu à l’avance. «C’est là que je me dis qu’il est temps de commencer mes traitements», dit-elle.
* Pour ne pas inquiéter sa famille, Valérie souhaite garder l’anonymat; c’est pour ça qu’on utilise uniquement son prénom.
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