Des critères précis à établir pour l'avenir
Félix Séguin, TVA Sports
Lors des 20 ou 25 dernières années, les Canadiens ont connu certains succès ici et là.
Il y a eu les présences en finale de l’Association de l’Est en 2010 et celle en 2014 et, bien entendu, celle en finale de la Coupe Stanley l’an dernier. Selon moi, le dénominateur commun entre ces trois saisons-là fut les performances magistrales des gardiens de but.
En fait, depuis deux décennies, à chaque fois que les Canadiens se sont démarqués, c’est parce que le gardien, que ce soit José Théodore, Jaroslav Halak ou Carey Price, a été sublime et a transporté l’équipe sur ses épaules pendant la saison régulière et durant les séries éliminatoires.
Quand le gardien a été ordinaire, l’équipe l’a été tout autant. C’est comme si depuis 20 ou 25 ans, les succès des Canadiens passaient uniquement par les exploits des gardiens de but.
Lorsqu’il est devenu le 18e directeur général de l’équipe, Kent Hughes a affirmé vouloir établir une vision à long terme. «Quelle est notre identité?», s’est-il interrogé.
À mes yeux, Hughes a ainsi touché à un point important. Parce que c’est vrai, qu’est-ce qu’un joueur des Canadiens? Quelles sont ses qualités? Que représente-t-il lorsqu’il endosse l’uniforme bleu-blanc-rouge? Quelles sont les valeurs que l’organisation recherche pour bâtir son équipe?
Et, selon moi, les récentes équipes championnes de la Coupe Stanley ont bâti leur équipe grâce au repêchage en sélectionnant des joueurs qui cadraient dans leur valeur. Ces équipes les ont ensuite développés, encadrés et elles leur ont permis de grandir dans un rôle qui leur convenait.
À Montréal, depuis plusieurs années, l’équipe a été bâtie à coup de transactions et avec des joueurs autonomes. C’est le cas présentement avec Jake Allen, Ben Chiarot, Nick Suzuki, Josh Anderson, Jeff Petry, Christian Dvorak, Joel Edmundson, David Savard, Mike Hoffman, Tyler Toffoli, Jonathan Drouin et Paul Byron. Par le passé, il y a aussi eu Shea Weber, Corey Perry, Phillip Danault, Tomas Tatar et j’en passe.
Plusieurs transactions ont dû être réalisées afin de combler de nombreux besoins que le repêchage n’avait pu combler.
De l’incohérence au niveau du repêchage
Je trouve qu’il y a eu de l’incohérence au niveau du repêchage depuis plusieurs années. Les choix de premier tour comme Louis Leblanc (2009), Jarred Tinordi (2010), Nathan Beaulieu (2011), Alex Galchenyuk (2012), Michael McCarron (2013), Nikita Scherbak (2014) et Noah Juulsen (2015) sont de bons exemples.
J’aimerais que Kent Hughes établisse des critères précis de ce qu’il recherche comme équipe et comme joueur, et ce dès le repêchage. Il a d’ailleurs fait un pas important en ce sens. «J’aime les équipes portées sur l’offensive, qui jouent rapidement et qui excellent en possession de la rondelle», a-t-il dit lors de sa conférence de presse initiale. Hughes a ajouté qu’il a toujours apprécié les joueurs avec du caractère et du leadership.
Pour moi, ce qu’a affirmé Kent Hughes représente exactement les qualités, les valeurs et la façon de faire qui ont permis aux Canadiens de connaître tant de succès dans le passé.
Dans les années glorieuses, l’équipe comptait toujours sur des joueurs talentueux portés vers l’attaque comme Maurice Richard, Jean Béliveau, Bernard Geoffrion, Yvan Cournoyer, Guy Lafleur et Steve Shutt. Et l’équipe avait aussi toujours des joueurs tenaces et déterminés comme Henri Richard, Larry Robinson, Émile Bouchard, Serge Savard et Mario Tremblay.
Talent, fierté et détermination ont habité le cœur de ces joueurs-là. Je le sais, les époques et les réalités ont changé, mais je crois que la vision peut demeurer la même pour construire l'ADN de l’organisation.
Les Bruins ont toujours eu la même identité. Robuste, costaud, puissant, méchant.
Le Lightning en a une depuis quelques années. Rapide, offensif, talentueux.
C’est mon souhait pour les prochaines années à Montréal.