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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Des complotistes d’ici inquiètent en France

Les complotistes Jean-Jacques Crèvecœur (à gauche) et Alexis Cossette-Trudel (à droite) sont tous deux dans la ligne de mire d’un rapport du ­Service central du renseignement territorial en France.
Les complotistes Jean-Jacques Crèvecœur (à gauche) et Alexis Cossette-Trudel (à droite) sont tous deux dans la ligne de mire d’un rapport du ­Service central du renseignement territorial en France. Captures d’écran, Odyssée
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Francis Pilon | Journal de Montréal

2021-10-28T10:12:25Z
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Deux leaders complotistes du Québec se retrouvent dans la mire des policiers français, qui s'inquiètent face à la montée des théories conspirationnistes qui se propagent rapidement de l’autre côté de l’Atlantique. 

Le Journal du Dimanche a dévoilé cette semaine un rapport de la division française du renseignement. Dans ce document, écrit en juillet dernier, deux figures conspirationnistes du Québec sont tenues en partie comme responsables d’avoir propagé des thèses de complots en France.    

Le premier est l’activiste Alexis Cossette-Trudel. Il est reconnu pour son adhésion aux théories du complot QAnon. Ses plateformes comme YouTube, Facebook et Twiter ont d’ailleurs été censurées dernièrement pour cause de désinformation.

Dans le document des policiers, dont le Journal a obtenu des extraits, M. Cossette-Trudel est décrit comme un «fils de militant du groupe terroriste nommé Front de libération du Québec». Son père, Jacques Cossette-Trudel, était en effet membre du FLQ à l’époque. 

Conspirationniste des Laurentides  

Le second est le Québécois d’origine belge Jean-Jacques Crèvecœur. Établi dans les Laurentides depuis 2004, celui-ci est devenu une figure de proue de la lutte contre les mesures sanitaires au Québec.

Selon les autorités françaises, il a d’ailleurs créé son propre réseau social. «Une plateforme sécurisée comportant 31 000 membres, dont près de 20 000, se déclarant en France», peut-on lire dans le document rédigé par le Service central du renseignement territorial (SCRT). 

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Les policiers français se disent surtout inquiets de la violence des conspirationnistes qui pourraient passer de la parole aux actes. Le SCRT mentionne comme exemple l'invasion du Capitole à Washington qui a eu lieu le 6 janvier dernier. 

La crise sanitaire, comparée à une «dictature mondiale» par les complotistes, aurait aussi aidé les théories du complot à prendre de l’ampleur à partir de l’été 2020. Parmi celles-ci, on note les multiples mensonges liés aux vaccins contre la COVID-19 et les faux remèdes comme l’ivermectine. 

Le Québec, une porte d’entrée   

«La tendance française QAnon conserve les obsessions du mouvement originel (ordre mondial caché, pédophilie des élites, contrôle des médias...) et tend à se cristalliser autour du rejet global des personnalités politiques», précise-t-on. 

Tristan Mendès France, maître de conférence à l'Université de Paris et spécialiste des cultures numériques, n’est pas du tout surpris par ce rapport. 

«Alexis Cossette-Trudel est connu en France pour avoir été la passerelle ou le vecteur de tout le délire complotiste QAnon. Il a pris les théories des États-Unis et il les a francisées. Il les a donc rendus accessibles avec ses vidéos sur les réseaux sociaux à une audience française», explique M. Mendès France.

«Ce qui est inquiétant ces dernières années, c’est qu’on assiste à un passage de militantisme de clavier à l’action dans le réel. Une marginalité d’entre eux se radicalise parfois. Le risque, c’est que ça peut mener à des actions violentes», ajoute-t-il. 

Le SCRT conclut d’ailleurs son rapport en se disant préoccupé par une dérive sectaire puisque les théories du complot peuvent mener à une «déstabilisation mentale, [une] rupture avec l'environnement d'origine et [la] diabolisation du monde extérieur». 

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