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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Des centaines de fonctionnaires toujours au ministère de la Santé malgré la création de Santé Québec

PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈRE
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Photo portrait de Jean-Philippe Guilbault

Jean-Philippe Guilbault

18 mars
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La bureaucratie s’alourdit à la tête du réseau de la Santé puisqu’il y a des centaines de fonctionnaires de plus depuis la création de Santé Québec, selon une recension réalisée par Le Journal.

• À lire aussi: Nombre de fonctionnaires: la taille de l’État québécois atteint un nouveau sommet

Les deux structures emploient aujourd’hui près de 2000 fonctionnaires pour planifier puis opérer l’ensemble du réseau de la santé au Québec.

Or, fin mars 2024, c’était un peu plus de 1700 personnes qui travaillaient au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), avant le début des transferts de postes vers la nouvelle agence.

En date de février 2025, ce sont 911 personnes qui travaillent maintenant au siège social de Santé Québec, incluant les membres du comité exécutif.

Plusieurs postes sont aussi toujours à pourvoir du côté de l’agence.

Du côté du ministère, après des transferts de postes, il y reste encore 1084 employés de la fonction publique à la même période.

«[Les] employés demeurant au MSSS permettront de répondre à la nouvelle mission du ministère qui consiste à gouverner le système de santé et de services sociaux de façon performante afin d’avoir un impact positif sur la santé et le bien-être de la population québécoise», indique une porte-parole du ministère lors d’un échange de courriels.

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On rappelle que Santé Québec «est l’employeur unique du réseau, et sa mission principale est d’offrir les services de santé et des services sociaux, par l’entremise d’établissements publics».

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Le ministère doit rétrécir

«S’il reste effectivement 1000 employés au ministère, Santé Québec, ce n’est pas une bonne idée», tranche pour sa part Luc Bernier, professeur titulaire à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa, à la lumière des chiffres obtenus par Le Journal.

«Il faut que ça change, le ministère doit être beaucoup plus petit si on se fie à comment la réforme nous a été présentée, ajoute cet expert en réformes des administrations publiques. Ça devrait être tout petit, le ministère. On n’a pas besoin de beaucoup d’employés pour planifier.»

Luc Bernier est professeur titulaire à l’Université d’Ottawa à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales.
Luc Bernier est professeur titulaire à l’Université d’Ottawa à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales. Photo tirée du site web de l'Université d'Ottawa

Luc Bernier laisse cependant «la chance au coureur» et croit que les deux structures seront plus clairement définies lors de l’étude des crédits budgétaires plus tard cette année.

«On est encore dans un entre-deux, nuance M. Bernier. C’est commencé, mais tout reste à faire.»

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Le professeur associé à l'École nationale d'administration publique (ÉNAP) et ancien ministre de la Santé, Rémy Trudel, se fait beaucoup plus sévère dans son analyse.

«La période de probation est terminée! La chance au coureur a été donnée il y a un an [lors de la nomination de la PDG de Santé Québec, Geneviève Biron]», selon M. Trudel. Ce qui nous a été vendu comme la meilleure invention après le pain tranché pour le réseau de la santé [...] il n’y a pas de résultats montrés publiquement qui démontrent l’efficacité de ça.»

«Vision d’horreur», selon l’opposition

De son côté, le député Joël Arseneau, porte-parole péquiste en matière de Santé, se dit «surpris» et «étonné» par ces statistiques.

«À la lumière de ces chiffres, on aurait moins de personnes pour assurer l’opération que pour déterminer les orientations du réseau, soulève-t-il aussi en entrevue avec Le Journal. C’est la vision d’horreur qu’on craignait!»

Le député des Îles-de-la-Madeleine voit également dans ces statistiques un «dédoublement de l’administration publique».

Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti Québécois en matière de Santé, services sociaux et soins à domicile
Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti Québécois en matière de Santé, services sociaux et soins à domicile Photo d'archives

Même son de cloche du porte-parole en santé pour Québec solidaire, Vincent Marissal. «Avant, on avait un monstre, maintenant on a un monstre à deux têtes. Et l’une de ces deux têtes sert maintenant de paravent au ministre Dubé», illustre le député de Rosemont.

Luc Bernier tempère toutefois les appels à réduire la taille de l’État, particulièrement dans le réseau de la santé.

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«Ça prend beaucoup de monde pour gérer une machine de 300 000 personnes», rappelle-t-il.

Le MSSS confirme par ailleurs que «l’exercice de transfert des effectifs» entre les deux structures est terminé.

Un organigramme complexe au ministère, plusieurs chaises vides à Santé Québec

En plus d’avoir plus de fonctionnaires, le ministère de la Santé et des Services sociaux possède toujours un organigramme très complexe alors que celui de Santé Québec compte près d'une dizaine de postes vacants.

La nouvelle structure présentée en novembre dernier aux employés de la Santé inclut huit sous-ministres adjoints, six directions principales et une vingtaine de directions générales sous le ministre Christian Dubé.

L’organigramme du ministère de la Santé et des Services sociaux après la mise en place de Santé Québec.
L’organigramme du ministère de la Santé et des Services sociaux après la mise en place de Santé Québec. Photo fournie par le ministère de la Santé et des Services sociaux

«Ça ne marche pas, selon le professeur Luc Bernier. Les branches qui sont des services à la population, il y a trop de monde.»

De son côté, Santé Québec a discrètement mis en ligne sur son site web un organigramme de 9 pages présentant les 7 vice-présidences sous la PDG Geneviève Biron. Une quarantaine de directions et plus d'une vingtaine de directions générales y sont listés.

Or, en plus du poste de vice-président exécutif, vacant depuis le renvoi de M. Frédéric Abergel, près d'une dizaine de postes de direction sous sa gouverne sont aussi toujours vacants.

Le député Vincent Marissal voit dans cet organigramme un «dédoublement du ministère». «Avec des postes plus coûteux et mal définis, selon le porte-parole solidaire en matière de Santé. C'est à n'y rien comprendre.»

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