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L'article provient de Bureau d'enquête

Des associations du Saguenay demandent la fermeture de la vieille usine Arvida (CEO), la pire au pays

L'aluminerie Arvida de Rio Tinto est visée par une enquête pénale

Photo Agence QMI, Roger Gagnon
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Photo portrait de Annabelle Blais

Annabelle Blais

2023-05-04T20:00:00Z
2023-05-04T23:00:00Z
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Des associations de citoyens de Saguenay veulent que la vieille usine Arvida (CEO), la pire aluminerie au pays, ferme ses portes dès 2026. Cela est d’autant plus nécessaire à la lumière des révélations de notre Bureau d’enquête, croient-elles.

«C’est un autre exemple que Rio Tinto se moque de nous et de la protection de la santé et de l’environnement», a réagi Alix Ruhlmann, porte-parole de la Coalition Fjord.

Le Journal révélait jeudi que le ministère de l’Environnement a ouvert une enquête pénale sur des dépassements de particules et de fluorure de l’aluminerie en avril 2022. Nous avons aussi découvert qu’elle n’a pas réduit ses émissions de 10%, comme elle l’affirme.

Le gouvernement doit considérer ces éléments lorsqu’il devra trancher sur l’avenir de l’usine d’ici 2026, croit la porte-parole de la Coalition des citoyens concernés par l’environnement à Arvida, Mélanie Minier.

Les groupes demandent la fermeture du Centre d'électrolyse ouest (usine Arvida CEO) et ses vieilles cuves et non pas de tout le Complexe Jonquière qui comprends notamment les cuves plus modernes de l'usine AP60 ou encore l'usine Vaudreuil.

Notre Bureau d’enquête a, en effet, calculé que les réductions de particules fines (PM 2,5) étaient plutôt de l’ordre de 4 à 7,8%, selon les années de référence. L’entreprise a, par la suite, reconnu qu’ «après vérification, la réduction est de 7,83 %.»

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«Déjà 10%, on trouvait ça minime», se désole Mme Minier.  

Fermeture reportée depuis 10 ans

Au terme d’une entente avec le gouvernement survenue en 2006, Alcan (puis Rio Tinto) avait jusqu’en 2015 pour fermer sa vieille usine et moderniser ses installations. Elle a depuis obtenu, par trois fois, un report de la fermeture et le resserrement de normes, malgré les préoccupations de la Santé publique.

«Différentes options sont envisagées, mais nous prévoyons amorcer le processus de fermeture à partir de 2024», a indiqué au Journal Malika Cherry, porte-parole de Rio Tinto.

Or, une demande de prolongation au-delà du 31 décembre 2025 a tout de même été déposée au ministère et ce dernier traite la question, comme le rapportait Radio-Canada.

«On est complètement outré qu’ils demandent une prolongation. C’est comme s’ils n’avaient pas vu ça venir, mais ça fait depuis 2006 qu’ils le savent, c’est ça qui est révoltant», de dire Mme Minier.

Quant à l’enquête pénale en cours, Mme Minier espère qu’elle débouchera sur des amendes significatives. 

Rappelons qu’en 2017, Rio Tinto avait dû payer 10 000$ en sanctions pour ne pas avoir respecté les limites mensuelles de particules.

«On voit que les [amendes et sanctions] ne sont pas tant dissuasives, alors ce qu’on veut, c’est que leur permis de polluer ne soit pas renouvelé, insiste Mme Ruhlmann. Au dernier renouvellement, ils ont dit : “prolongez notre permis de polluer et on va s’améliorer”. Mais ils ne s’améliorent pas, alors il faut sévir.»

De son côté, la direction régionale de la santé publique du Saguenay–Lac-Saint-Jean se dit «consciente des préoccupations» de la population par rapport à la qualité de l’air en lien avec l’activité industrielle à Arvida. Elle travaille sur une mise à jour du portrait de la qualité de l’air et dit suivre la situation de près.

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Des ministres réagissent

À Québec, le ministre de l’Environnement Benoit Charrette, questionné sur un éventuel resserrement des normes comme ce fut le cas pour fonderie Horne récemment, a déclaré : «Rouyn-Noranda est un bel exemple à quel point on a été proactif dans le dossier, on n’entend pas l’être moins pour les autres usines au Québec».

«Pour notre gouvernent la santé et la sécurité sont un enjeu important. On suit la situation de près et des discussions avec l’entreprise sont en cours», a-t-il précisé, quelques heures plus tard, à notre Bureau d’enquête.

Le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon a, pour sa part, ajouté que la question des normes devra faire partie d’un éventuel plan de renouvellement. «Ils vont faire du mieux qu’ils peuvent, entretemps», a-t-il dit.

– Avec la collaboration de Patrick Bellerose

Rio Tinto s’explique

En lien avec l’enquête sur les dépassements des normes de particules et de fluorure en avril 2022, Rio Tinto a expliqué qu’effectivement les émissions de poussières de deux salles de cuves sur six de l’usine Arvida ont été supérieures à la norme mensuelle du ministère de l’Environnement.

« Les équipes se sont immédiatement mobilisées pour mettre en place un plan et des actions correctives pour contrôler et suivre la situation, afin d’éviter qu’elle ne se reproduise. Comme nous le faisons habituellement, nous avons rapidement avisé le ministère de la situation et avons informé ses représentants des actions mises en place », a expliqué la porte-parole Mme Cherry.

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