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Environnement

Des ados se mobilisent contre le nickel dans l’air

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Photo portrait de Jean Balthazard

Jean Balthazard

2022-02-15T13:00:00Z
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De jeunes militants du secondaire croient que le gouvernement du Québec est en train de «vendre leur futur au profit des entreprises» et militent pour empêcher la CAQ de hausser de cinq fois la limite quotidienne permise de nickel dans l’air.

«Dans les quartiers centraux de Québec, les concentrations de polluants dans l'air sont très élevées. En augmentant la norme, on va permettre aux industries d'en émettre encore plus quand il y a déjà des dépassements. Ça va faire un mélange très toxique», alerte Noah Ducharme, militante pour l’environnement. 

Elle et d’autres élèves du secondaire ont organisé le 10 février une manifestation devant le Parlement de Québec pour la qualité de l’air. 

La raison: le gouvernement du Québec a annoncé fin décembre sa volonté de modifier la norme quotidienne de nickel permise dans l’air, la faisant passer de 14 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) à 70. Les émetteurs devront cependant respecter une moyenne annuelle de 20 ng/m3.

L’économie avant la santé?  

Pour le gouvernement Legault, le nickel est une composante clé pour l’électrification des transports et pour sa stratégie de développement de la filière de batteries pour véhicules électriques. 

La Direction de santé publique de la Capitale-Nationale est d’ailleurs d’avis que «la justification pour la nouvelle norme n’est pas d’ordre toxicologique, [mais] plutôt économique», relevait-elle dans un avis daté du 19 février 2021. 

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«Quand tu as l'impression que des multinationales viennent avant ta santé, c'est sûr que tu as envie de rappeler à ton gouvernement que ce n'est pas ça son rôle», lance Noah. 

«Le gouvernement est littéralement en train de vendre notre futur au profit des entreprises», ajoute Justine Lapointe, 13 ans, qui a aussi coorganisé la manifestation. 

Composés cancérogènes    

Le nickel est un métal qui se retrouve entre autres dans l’air à cause des activités industrielles, comme la combustion de carburant, l'incinération de déchets ou encore la fonte de métaux. Les concentrations de nickel dans l’air peuvent favoriser le développement de problèmes d’allergies et d’asthme, selon l’Institut national de santé publique du Québec. Les composés du nickel sont même classés cancérogènes chez l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer. 

On retrouve d’ailleurs sept fois plus de nickel dans l’air du quartier Limoilou, à Québec, que dans plusieurs grandes villes du Canada comme Montréal, Calgary et Vancouver, selon les calculs d’un groupe citoyen faits à partir de données du gouvernement fédéral. 

«Tu ne vas pas voir qu’il y a du nickel ou d'autres polluants dans l'air parce que c'est flou, c'est invisible, donc c'est plus difficile de faire comprendre aux gens que ça va les impacter quand même», explique Justine. 

La manifestation s’est tenue à un moment charnière, selon Justine et Noah, puisque les consultations publiques sur le projet se terminent le 20 février. Après quoi, le gouvernement devrait officialiser sa décision. 

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a fait savoir fin janvier que la métropole n’allait pas se conformer à ce nouveau règlement. La métropole peut choisir sa norme, étant responsable de l’assainissement de l’air sur son territoire. 

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a annoncé qu’il s’oppose au projet, mais il ne va pas réclamer que la capitale nationale obtienne sa propre norme comme à Montréal. 

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