Dernière chance pour le vaccin oral québécois contre la COVID-19
Raphaël Brouillette | TVA Nouvelles
Le laboratoire Biotechnologie Ulysse de Trois-Rivières testera dans les prochaines semaines, pour la troisième et dernière fois, son vaccin oral financé par Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Après deux ans de pandémie et les différents variants, le laboratoire Biotechnologie Ulysse de Trois-Rivières garde le cap. Il continue le développement de son vaccin oral contre la COVID-19.
Le défi : développer sans la vitesse et les moyens des géants pharmaceutiques.
La jeune pousse spécialisée dans la culture de probiotiques destinés à la croissance des plantes travaille depuis un an et demi, sur une solution orale contre la COVID-19. Le laboratoire entrera d'ici quatre à six semaines dans une phase critique.
«On va tester le vaccin sur des souris pour une troisième fois. Si la première tentative n’avait pas été fructueuse, la deuxième fois a été prometteuse a rapporté » le président de Ulysse Yves Hurtubise qui espère que cette troisième fois sera la bonne.
Il s’agit de la dernière ronde de tests appuyée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. «Au niveau de la technologie, ça avance très bien. C’est le dernier essai qu’on va faire avec le financement du CRSNG et si ça fonctionne bien ça devrait amener vers des essais officiels avec Santé Canada.»
Le principal défi est le financement. Chaque ronde de tests est très onéreuse, ce qui limite la capacité de développement.
Le président d'Ulysse se tourne vers des partenaires externes et le gouvernement pour espérer avancer. «On a des partenaires très intéressés, a-t-il expliqué, mais ça serait bien d’avoir de l’aide du gouvernement. J’arrive à une étape où je ne peux pas ouvrir le porte-monnaie de la compagnie indéfiniment sans la mettre à risque.»
Le doctorant en biotechnologie ajoute que 70% du budget recherche et développement de l’entreprise est dédié au vaccin.
Rappelons qu’Ulysse se spécialise en biotechnologie, particulièrement avec l’élaboration de probiotiques visant à stimuler la croissance des plantes.
M Hurtubise est confiant pour la suite. C’est que ce type de technologie s'adapte plus facilement aux nouveaux variants. Le nerf de la guerre pour les prochaines années.
« Le vaccin c’est comme un casse-tête de 99 pièces et il est pratiquement terminé, a-t-il illustré. La 100e pièce c’est un variant qu’on peut ajouter. On a fait des simulations et en l’espace de deux semaines et demie, on est passés de l’étape conceptuelle à celle d’essai pour les souris. Ça demeure assez compliqué parce qu’on travaille avec des bactéries naturelles et ça vient avec son lot de surprises. On est capable de bouger très rapidement. Ce qui est moins le cas avec la technologie ARN.»
Les affaires vont très bien pour la jeune PME de Trois-Rivières. Elle vient de déménager dans des locaux cinq fois plus grands dans le parc industriel de la ville. Ulysse s’est lancé sur le marché américain et vient de remporter un contrat avec le gouvernement togolais en Afrique afin d'améliorer la culture en serre.
Sans compter les visées pour l’Europe d’ici la fin de l’année 2022. «C’est une belle fierté de voir une entreprise de Trois-Rivières remporter le contrat.» La croissance se voit dans le nombre d’employés, qui est passé de quatre à dix en un an, dont six chercheurs.
Les occasions d’affaires sont grandissantes si bien qu’un projet d’agrandissement est déjà dans les plans pour l’automne prochain.