[VIDÉO] Député ému aux larmes: ne pas appuyer un cessez-le-feu est une «honte», lance Bouazzi
Gabriel Côté
En colère et ému aux larmes, le député solidaire Haroun Bouazzi s’est insurgé contre le refus de la CAQ d’appuyer une motion réclamant un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Pour défendre la décision de son parti, le premier ministre, François Legault, a réitéré qu’Israël a le droit de se défendre.
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«Tout être humain doit appeler à un cessez-le-feu, et c’est ça, le Québec. Ce n’est pas ce qu'a décidé de faire la CAQ hier. C’est une honte», a-t-il lancé avec un nœud dans la voix, lors d’une conférence de presse au parlement jeudi matin. Il répondait alors à des questions sur un message publié la veille sur X dans lequel il soutenait que le gouvernement Legault «est aligné sur les actions de [Benyamin] Nétanyahou où toutes les 15 min depuis 24 [jours] un enfant est assassiné».
«Il y a des enfants qu’on va débrancher à l’intérieur même de leur couveuse, car il n’y aura plus d’électricité, et ce gouvernement-là il nous dit qu’il n’est pas capable d’appuyer un cessez-le-feu? C’est une honte, c’est une honte devant nos yeux», a-t-il ajouté, avant de quitter la salle en trombe.
Appel à la paix manqué
Plus tôt cette semaine, l'ONU a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, en soulignant que le droit international humanitaire n'est pas «un menu à la carte». QS a donc déposé une motion en ce sens mercredi et a reçu l’appui des autres partis, sauf celui de la CAQ, qui a refusé d’en débattre.
Appelé à expliquer les raisons de ce refus, le cabinet du premier ministre avait expliqué à l’Agence QMI que les caquistes auraient préféré que le texte parle d’une «résolution pacifique et durable du conflit» plutôt que d’un cessez-le-feu.
Mais QS a refusé d’amender sa motion à cet effet, jugeant que ce changement aurait «dénaturé la motion».
Prudence, dit Legault
Avant d’entrer au Salon bleu jeudi, le premier ministre, François Legault, a défendu la décision de son parti de ne pas donner son consentement à la motion de QS.
«On est tous d’accord pour dire qu’on n’aime pas voir des civils, des enfants qui sont victimes de ce conflit-là», a-t-il réagi.
«Mais en même temps, il faut être prudent pour qu’il n’y ait pas un message où on refuserait à Israël le droit de se défendre contre un groupe terroriste. C’est quand même grave ce que le Hamas a fait à des enfants», a-t-il ajouté.
Puis, quand un journaliste lui a demandé s'il voulait rectifier le tir, après la période de questions, M. Legault a répondu: «Je pense qu'on doit parler d'une trêve humanitaire.»
Pas sérieux
De son côté, le porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois estime que les raisons invoquées par la CAQ ne sont pas sérieuses.
«Oxfam International demande un cessez-le-feu, Amnistie internationale demande un cessez-le-feu. Est-ce que ces gens-là sont pour le Hamas? Ce n’est pas sérieux comme argument. Je veux dire: il y a des enfants qui meurent à chaque jour. Un cessez-le-feu, ça veut juste dire: protégeons les civils», a-t-il lancé dans les couloirs du parlement.
Les autres partis d'opposition peinent également à s'expliquer la décision de la CAQ. «Pourquoi le gouvernement n’est pas capable de se joindre à nous pour faire un appel à la paix?», s’est quant à lui interrogé le député péquiste Pascal Paradis.
«Il est de mise qu’il y ait un cessez-le-feu humanitaire dès maintenant», a affirmé le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, ajoutant qu'il préférait laisser la CAQ s'expliquer.