Déménager sa production de bière de Rio... à Saint-Jean-sur-Richelieu
Geneviève Quessy | Agence QMI
Deux Brésiliennes installées au Québec depuis quelques années se sont lancées dans l’industrie brassicole et leur initiative s’est vite avérée un succès.
C'est en participant à un concours de brassage organisé en marge du Mondial de la bière de Rio de Janeiro, à titre de brasseuse amateure, que Patricia Rios est devenue convaincue qu'elle voulait devenir une professionnelle de la bière.
Les bières Dark Hop et Hazy, qu'elle avait produites avec son groupe d'amis sous la marque OverHop, avaient remporté deux médailles.
L'année suivante, en 2017, à l'invitation du Mondial de la bière de Montréal, également instigateur du Mondial de Rio, elle est venue présenter les produits d’OverHop au public montréalais.
«On voulait voir si les Québécois aimeraient nos bières», raconte Mme Rios, qui a immédiatement fait le projet d'immigrer ici avec sa famille, laissant derrière elle une carrière de professeure d'anglais.
Avec son amie Tatiana Fulton, diplômée en psychologie et en affaires internationales, également Brésilienne mais déjà immigrée ici depuis quelques années, Patricia Rios a entrepris de recréer sa brasserie OverHop au Québec. «En participant au Mondial de la bière de Montréal, on avait rencontré les gens de la microbrasserie Oshlag. Ils nous ont invitées à venir brasser à contrat chez eux, alors c'est comme ça qu'on a commencé», dit Patricia Rios.
Puis de fil en aiguille, elles ont découvert en 2019 une possibilité d'établir leur propre brasserie à Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie.
Les premières cuves de brassage ont été achetées d'une microbrasserie en faillite, puis OverHop n'a cessé d’agrandir ses installations. De nouvelles cuves doivent encore arriver de Chine, bloquées depuis plusieurs mois par les aléas de la pandémie. Ce nouvel équipement permettra de faire passer la production de 22 000 à 31 000 litres de bière par mois.
Début 2020, OverHop est devenu OverHop Bières Artisanales, nous a expliqué Tatiana Fulton lors de notre visite aux installations de Saint-Jean-sur-Richelieu. «On voulait garder le nom OverHop tel qu'il était au départ au Brésil, mais on comprend que le français est important, alors on y a ajouté 'Bières Artisanales'.»
Tatiana Fulton et Patricia Rios se partagent toutes les tâches de l'entreprise, qui compte maintenant cinq employés. Ricardo Rios, le mari de Patricia, est actionnaire de l'entreprise avec elles. «Mais, lui, sa principale implication, c'est de boire de la bière», dit-elle en riant, avant de spécifier qu'il travaille comme inspecteur naval.
Difficile de démarrer une entreprise alors qu’on est immigrant? «En réalité, le plus difficile c'est le financement», dit Patricia. «En arrivant ici, on est comme des bébés, on n'a aucun crédit! Pour y arriver, on nous a dit de nous équiper de cartes de crédit de magasins, ce qu'on a fait, puis petit à petit on s'est monté un dossier de crédit acceptable, et on a trouvé du financement.»
En plus d'une dizaine de bières régulières, OverHop brasse deux bières nouvelles chaque mois, dont des bières en collaboration avec d'autres brasseries, et d'autres dédiées à des groupes de musique comme Beyond Creation ou Becoming the Bully, «pour partager les publics».
Les deux femmes d’affaires s'impliquent également dans l'avancement des conditions des femmes, avec notamment la bière Every Woman, brassée avec le houblon de la fondation Pink Boots Society qui soutient les femmes travaillant dans la profession brassicole.
Les bières Dark Hop et Hazy, qui leur avaient valu des médailles au Mondial de la bière de Rio, sont désormais brassées à Saint-Jean-sur-Richelieu.