Délit de fuite mortel: la famille de la victime insatisfaite de la peine de deux ans du chauffard
Clarissa St-Armand Dell a été happée mortellement dans la nuit du 24 juin 2022 à Brossard

Valérie Gonthier
Un chauffard trahi par son cellulaire qui a tout enregistré de sa folle conduite avant qu’il percute mortellement une piétonne et l’abandonne a écopé de deux ans de prison, une peine insatisfaisante pour la famille de la victime.
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« Est-ce [qu’une peine de] deux ans est suffisante? Est-ce à la hauteur de la peine que moi je vivrai le reste de ma vie? Et si c’est votre enfant, votre bébé, votre raison de vivre? Pensez-vous que cette peine serait suffisante?», a lâché Éliane Dell, en s’adressant directement au chauffard responsable de la mort de sa fille Clarissa St-Armand.
José Luis Raymond a ensuite pris le chemin de la détention, après avoir été menotté devant une trentaine de proches de la victime et des membres de sa famille. L’homme de 34 ans a plaidé coupable l’automne dernier à des accusations d’omission de s’arrêter à la suite d’une collision mortelle et de conduite dangereuse causant la mort.

La victime de 25 ans a eu le malheur de croiser le chemin de l’accusé dans la nuit du 24 juin 2022. Elle traversait le boulevard de Rome, à la hauteur de la rue Lautrec, lorsqu’elle a été happée de plein fouet. Il roulait à près de 90 km/h, alors que la vitesse permise dans ce secteur est de 50 km/h. Il a ensuite lâchement fui les lieux, en roulant à toute allure, atteignant une vitesse de 130 km/h dans une zone de 30.

Cellulaire saisi
Si les policiers ont pu obtenir ces précieuses données, c’est grâce à la saisie de son cellulaire dans les jours suivants.
L’appareil avait enregistré tous ses déplacements ainsi que la vitesse des déplacements. Les enquêteurs avaient ainsi pu retracer la chronologie de sa soirée.
Ils ont appris qu’au moment de la collision fatale, l’accusé revenait d’un bar de Montréal et était à la recherche d’une collation de fin de soirée. Dans les instants précédant le drame, il s’était arrêté à cinq succursales McDonald’s, toutes fermées. Pendant sa traversée du pont Champlain, il avait roulé jusqu’à 145 km/h, soit 65 km/h de plus que la vitesse permise.

La tragédie est d’ailleurs survenue à peine deux minutes après qu’il eut quitté le stationnement du McDonald’s du Quartier Dix30.
Véhicule retrouvé
Les policiers ont pu retrouver son véhicule grâce à des débris retrouvés sur les lieux du drame, plus précisément en remarquant le numéro d’identification correspondant à une pièce de la calandre (grille à l’avant du véhicule).
Les enquêteurs se sont rendus chez l’accusé le lendemain et ont vu le véhicule recherché endommagé dans le stationnement.
Raymond n’était pas présent, il se trouvait alors au parc des Cascades de Rawdon pour y passer l’après-midi avec des amis.
Le véhicule a été saisi. C’est l’accusé lui-même qui a ensuite contacté les policiers, croyant avoir été victime d’un vol. Il a alors été informé qu’il était un suspect pour un délit de fuite mortel.
«Tu m’as détruite, tu as tout gâché et tu as pris le contrôle de ma vie en enlevant celle de ma Clari», a aussi lancé la mère de la victime.
En pleurs, l’accusé a tenu à s’adresser à la femme, ainsi qu’à ses proches.
«Il semble très inconcevable de vous demander pardon puisque j’ai enlevé la vie de votre fille. Je n’ai jamais eu l’intention. Je reconnais pleinement avoir enlevé ce qu’il y a de plus précieux dans votre vie, a-t-il dit. Le regret et [la] honte avec lesquels je vis ne me quitteront jamais.»
Son avocate, Me Mélanie Brochu, a d’ailleurs tenu à rappeler que la sentence proposée par les partis se situe dans la fourchette des peines rendues pour ce genre de crime.
La juge Julie-Maude Greffe a entériné la sentence suggérée.
José Luis Raymond devra aussi faire 240 heures de travaux communautaires à sa sortie de prison et ne pourra pas conduire pendant cinq ans.
Ce qu’ils ont dit:
«Explique-moi le boum que cela a fait quand tu l’as frappée... T’en souviens-tu? Y penses-tu parfois? Parce que je peux te décrire le boum de l’impact que tu es venu infliger à ma vie.»
«Tu l’as abandonnée, la laissant dans la peur et la douleur sur l’asphalte et dans son sang. Le temps était critique et personne ne sait si elle aurait eu une chance de survivre, mais toi tu as été trop insouciant et inconscient.»
– Éliane Dell, maman de la victime
«Je t’en veux d’avoir fait ce que tu as fait, de m’avoir pris ce que tu m’as pris, de m’avoir enlevé ma meilleure amie. L’erreur est humaine, disent-ils. Sache que l’erreur n’est plus considérée humaine quand tu fais le choix de ne pas arrêter, de ne pas être le bon samaritain qui aurait pu peut-être la sauver.»
– Kimberly Dell, cousine de la victime
C’est un dossier aux conséquences importantes, qui ont fait beaucoup de ravages. Bien qu’il n’y ait qu’une seule victime inscrite à ce dossier, il faut savoir que plein de victimes collatérales souffrent aussi.»
– Me Marie-Soleil Leclerc, procureure de la Couronne
«Malgré que je n’ai pas connu Clarissa, son nom restera toujours gravé dans mon cœur, et votre perte, dans mes pensées. Jour et nuit, j’ai des pensées pour elle à l’effet que j’ai enlevé sa vie.»
– José Luis Raymond, accusé
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