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Deepfake porn: on pourrait tous devenir vedette d’un film porno sans le savoir

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2023-02-20T14:44:19Z
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BILLET - Imaginez que l’on puisse utiliser des images de votre visage et les superposer à un corps qui n’est pas le vôtre dans une vidéo porno, grâce à l’intelligence artificielle. C’est wild, et pourtant, ça commence déjà à se produire.

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Le contenu produit de cette façon s’appelle du deepfake porn. Ton amie, ta prof, ta collègue de bureau ou même ta mère peuvent êtres toutes, sans exception, des victimes, car il ne suffit que d’une photo ou d’une petite vidéo pour devenir la vedette d’un film XXX.

Le documentaire de la BBC Deepfake Porn: You Could Be Next, lancé en octobre dernier, dévoile des chiffres préoccupants: 96% des vidéos de deepfake sont d’ordre pornographique et la quasi-totalité de ces vidéos sont non consensuelles et impliquent des femmes.  

Plusieurs vedettes en ont déjà été victimes: Meghan Markle, Ariana Grande, Zendaya, Sydney Sweeney...

Vu leur popularité, des vedettes, comme Zendaya, sont particulièrement à risque de voir leur image être utilisée pour produire de la deepfake porn.
Vu leur popularité, des vedettes, comme Zendaya, sont particulièrement à risque de voir leur image être utilisée pour produire de la deepfake porn. AFP

Il y en a aussi au Québec. Lors de mes recherches, le nom la reine de télé Véronique Cloutier est ressorti du lot. 

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En d’autres mots, aucune femme dans le monde n’est épargnée. 

M’imaginer qu’un gars creepy (ou pas) dans son sous-sol obscur aurait payé pour faire une scène truquée avec mon visage dans une scène dégradante me donne franchement le haut-le-cœur... Oui, je suis drama, mais réaliste. 

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Consentement et deepfake porn

Comme l’explique Anne-Marie Ménard, professionnelle en sexologie, le phénomène de deepfake porn apporte des réflexions importantes à faire autour de la notion du consentement. 

«Pas besoin d’avoir des attouchements physiques pour se sentir violée. Le fait de prendre un visage et de lui faire faire des actions pour lesquelles on n’a pas consenti, c’est pour moi une violation», note celle qui est aux commandes du populaire compte TikTok «Au lit avec Anne-Marie».

«Je trouve que le deepfake porn s’inscrit dans la même veine de pensée que le revenge porn, soit de divulguer des vidéos intimes, sans consentement et sans accord, afin de nuire à quelqu’un », poursuit-elle.

Ce type de vidéos, qui sont presque impossibles à effacer du web une fois qu’elles y ont été mises, amènent leur lot de conséquences dévastatrices.

«Cela peut être considéré comme de la diffamation, de l’humiliation, du harcèlement... Et cela peut impacter la vie professionnelle et amoureuse d’une femme, ainsi que sa santé mentale, puisqu’on lui a prêté des intentions ou des gestes à caractère sexuel qui ne lui appartiennent pas», affirme Anne-Marie Ménard. 

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Une loi contre le deepfake porn?

Toujours dans le long métrage documentaire Deepfake Porn: You Could Be Next, disponible sur Apple TV, deux créateurs de contenu payés pour produire des vidéos hypertruquées sur mesure ne condamnent pas leurs actions et ne ressentent pas de remords.

L’un d’entre eux, Mr Deep Fakes, croit que cela ne relève que des fantasmes produits dans un monde virtuel et pour cette raison, il n’y voit pas de mal. 

Mais bientôt, au Royaume-Uni, ces créateurs de deepfake porn devront faire face à la justice, car un projet de loi sur la sécurité en ligne est en train d'être mis en place, afin de condamner toute personne qui partage ou qui créé des vidéos de deepfake porn sans consentement. 

Au Canada, nous n’y sommes pas encore, même si la Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité condamne la «distribution non consensuelles d’images intimes».

«Comme ça relève du faux et du virtuel, c’est tellement difficile d’avoir justice. Il faut donc à 300% avoir une loi concrète qui condamne quelqu’un qui joue avec l’intimité d’une personne, que ce soit vrai ou faux. Les conséquences, elles, sont significatives pour les victimes», précise Anne-Marie. 

«Je souhaite que ça arrive rapidement, mais comment vont-ils pouvoir gérer ça: violation de droit d’auteur, atteinte à la vie privée, diffamation?», se questionne-t-elle.

Comme Anne-Marie, je désire une loi rapidement pour protéger les femmes, freiner la sexualisation et surtout conscientiser les hommes au fait que le web n’est pas un farwest anarchique du sexe où tout est permis. 

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