Découvrez MARUNA, par la designer de mode ukrainienne Mariia Shamedko
Clin d'oeil
Mariia Shamedko est née dans la région de Lviv, en Ukraine, mais c’est à Kyïv qu’elle a établi son atelier. Ses créations révèlent son amour pour la broderie traditionnelle et son envie d’imaginer des pièces susceptibles de plaire à des femmes de partout dans le monde. Alors que son pays souffre, nous avons tenu à montrer son art et à partager sa passion.
Comment allez-vous, Mariia?
Je vais bien. On se sent soutenus par le Canada et le reste du monde. C’est précieux. Et le fait que mon travail attire votre attention aide à apaiser la peur et le désespoir. On se sent moins seuls et on se sent écoutés. Merci.
Parlez-nous de votre marque, MARUNA?
Je l’ai fondée en 2017, avec l’envie de combiner présent et passé, modernité et tradition. Je voulais populariser les techniques ancestrales de broderie ukrainienne. On crée nos propres dessins, qu’on appose sur des vêtements pour hommes et pour femmes, mais on se sert également de modèles de dessins anciens provenant des régions de Poltava, Bukovyna, Halychyna et Podillya. Tout est cousu à la main, chaque morceau est plein d’amour et de belles pensées pour son futur propriétaire. Depuis que ma marque existe, les collections ont été présentées en Autriche, au Portugal et en Pologne.
Où êtes-vous en ce moment?
Ma famille et moi avons emménagé chez mes parents, à l’ouest du pays. Nous n’avons emporté que nos cartes d’identité et quelques affaires de première nécessité. J’ai le cœur brisé d’avoir laissé tout mon travail à Kyïv. Je n’ai pu prendre que quelques morceaux avec moi. Mes brodeurs vivent à la campagne; certains ont fui, d’autres se cachent dans des abris ou des sous-sols. J’espère que notre maison et l’atelier seront encore debout à notre retour. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est la vie, et que mon peuple reste uni pour protéger notre pays. On créera d’autres collections, encore plus belles!
Gardez-vous espoir?
C’est difficile parfois, surtout quand des écoles, des garderies ou des maternités sont détruites et que l’armée russe ne laisse aucune chance aux civils de s’échapper. Mais j’ai espoir que nous gagnerons cette guerre! Par ailleurs, non seulement mes clients à l’étranger continuent de passer des commandes par Instagram et ma boutique en ligne, mais ils envoient aussi des dons: quel baume pour le cœur! Je reverse directement l’argent aux membres de l’équipe, mais aussi aux volontaires de l’armée et aux hôpitaux. En attendant de retourner à nos broderies, on fait de la couture pour aider ces derniers. J’espère, un jour, pouvoir venir au Canada avec de nouvelles pièces brodées. Lorsque l’Ukraine aura gagné.