Décès de Vin Scully: «un modèle, une inspiration»
Benoît Rioux
Au bout du fil, le Québécois Jacques Doucet est resté estomaqué en apprenant le décès du célèbre commentateur sportif américain Vin Scully.
«Je viens de perdre un ami, ça me touche beaucoup», a-t-il soufflé.
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La triste nouvelle était tombée tard, mardi soir. Considérant ses 94 ans, tous savaient que monsieur Scully allait partir bientôt, mais la légende associée aux Dodgers de Los Angeles n’est pas moins éternelle pour plusieurs amoureux de baseball.
«C’est quelqu’un que j’admirais énormément, a témoigné Jacques Doucet, qui fut notamment la voix des Expos pendant 33 ans, de 1972 à 2004. C’était un modèle, une inspiration dans mon métier, mais comme être humain aussi. C’était un bonhomme extraordinaire, tellement affable et facile d’accès.»
Sur l’écran de son ordinateur, monsieur Doucet affiche depuis plusieurs années cette précieuse photo de Vin Scully et lui, prise durant un camp d’entraînement des Dodgers à Vero Beach.
«C’était toujours un plaisir de le rencontrer, avant les matchs entre les Expos et les Dodgers, on échangeait nos données, a ajouté M. Doucet. Il ne cachait rien, il était tellement honnête et c’était un professionnel jusqu’au bout des ongles.»
Vin Scully, en anglais, et Jacques Doucet, en français, ont chacun décrit parallèlement des moments marquants dans l’histoire du baseball majeur. Le fameux circuit de Rick Monday au Stade olympique en 1981, la longue balle de Kirk Gibson durant la Série mondiale en 1988 ou encore le match parfait de Dennis Martinez en 1991, pour ne nommer que ceux-là.
«Je me souviens qu’après le match du circuit de Rick Monday, il m’avait simplement dit : "very exciting game" (quel match excitant), a raconté à son tour Rodger Brulotte. Il savait la tristesse qu’on avait, c’était un homme respectueux.»
«Disons qu’il n’avait pas tapé sur le clou», a approuvé M. Doucet, rappelant l’élimination crève-cœur des Expos aux dépens des Dodgers.
Salutations en français
Tout aussi élogieux à l’endroit de l’homme, Brulotte avait pour sa part connu Vin Scully dès les débuts des Expos, en 1969, alors qu’il était secrétaire de route pour le club montréalais en plus d’être impliqué au niveau de la promotion et du marketing.
«À chaque fois qu’il nous croisait les Québécois, il nous disait toujours "bonjour, ça fait plaisir de vous voir" en français», s’est souvenu Brulotte, devenu analyste de baseball au fil des ans.
«C’est lui qui m’avait fait comprendre l’importance de bien commenter un match de baseball, il montrait un respect pour les auditeurs peu importe l’heure d’un match, peu importe si une partie était cruciale ou non, peu importe si le pointage était serré ou que c’était une dégelée, a poursuivi Rodger. En tout temps, m’avait-il dit, donne le meilleur de toi-même.»
Reconnaître les grands
Parmi ses innombrables anecdotes concernant Vin Scully, Brulotte se souvient d’une scène où on avait présenté personnellement le célèbre joueur du Canadien de Montréal, Maurice «Rocket» Richard au commentateur des Dodgers, durant un match de baseball au Stade olympique.
«Vin Scully savait déjà très bien qui était le Rocket, il n’était pas nécessaire de le nommer en lui présentant, a raconté Brulotte. Vin savait qui étaient les grands.»
Normal. Monsieur Scully en faisait partie.
D’une génération à l’autre
Décédé mardi, Vin Scully a été le commentateur sportif des Dodgers pendant 67 ans. C’est dire qu’il aura marqué plus d’une génération, notamment chez les gens qui exercent le même métier.
«J’appréciais sa façon de raconter des histoires et il avait le don de sortir les bonnes expressions à des moments importants», a noté Félix Séguin, qui est descripteur des matchs du Canadien de Montréal pour le réseau TVA Sports.
Séguin rappelle notamment la fameuse phrase prononcée par le légendaire commentateur après le coup de circuit de Kirk Gibson, sur une jambe, pour mettre fin au premier match de la Série mondiale de 1988 dans une victoire de 5 à 4 des Dodgers de Los Angeles face aux Athletics d’Oakland.
«In a year that has been so improbable, the impossible has happened», avait lancé Scully.
Dans une année qui a été tellement improbable, l’impossible s’est produit, oserait-on traduire.
«C’est le meilleur commentateur de tous les temps, tous sports confondus, tranche Rodger Brulotte, à propos de Vin Scully. Durant un match, sa description, c’était un long poème.»
S’il s’est délecté de plusieurs vidéos d’archives depuis, Séguin mentionne par ailleurs avoir découvert Vin Scully en écoutant «For The Love of The Game», un film de baseball mettant en vedette Kevin Costner sorti en 1999.
«Ses descriptions rendent le film encore meilleur», a-t-il jugé.
Partout en Amérique du Nord
Encore mercredi, il était possible de constater que le légendaire commentateur sportif a marqué le paysage sportif partout en Amérique du Nord. Plusieurs organisations, dont les Yankees de New York, ont profité de leur match local pour saluer la mémoire de Vin Scully sur l’écran géant de leur stade.
Rappelons qu’avant de se retrouver à Los Angeles, Vin Scully avait d’abord été affecté à la description des parties des Dodgers en 1950, alors que l'équipe évoluait à Brooklyn.