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L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

Décès d’Antonine Maillet: un monument de la littérature s’éteint

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Frédérique De Simone

17 février à 11h02
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La grande dame de lettres et autrice de la pièce La Sagouine, Antonine Maillet, n’est plus.

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L'une des plus grandes voix de l’Acadie s’est éteinte paisiblement dans la nuit du 17 février à son domicile de Montréal, a rapporté son éditeur dans une missive publiée sur Facebook lundi. Elle avait 95 ans.

Née le 10 mai 1929 à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick, la dramaturge acadienne, qui se faisait appeler affectueusement Tonine par ses proches, a signé plus d’une douzaine de pièces de théâtre et une cinquantaine de livres, dont son dernier ouvrage, Mon testament, paru en 2022. Cet ouvrage met en scène bon nombre de ses personnages, qu’elle a côtoyés tout au long de sa carrière et qui ont fait sa renommée.

Dominick Gravel/Agence QMI
Dominick Gravel/Agence QMI

Antonine Maillet a publié ses premières œuvres dans les années 1950, alors qu’elle était religieuse à la Congrégation Notre-Dame-du-Sacré-Cœur. Mais c’est surtout grâce à sa pièce La Sagouine, parue en 1971 chez Leméac, que l’autrice a connu ses premiers succès retentissants. La pièce a été jouée par Viola Léger, une comédienne amatrice, plus de 2000 fois au Canada, aux États-Unis et en Europe, en plus d’être traduite dans de nombreuses langues, comme le japonais.

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La langue, le patrimoine acadien et la séparation entre les «gens bien» (riches) et les «éprouvés» (pauvres) sont quelques-uns des thèmes marquants et récurrents dans la littérature d’Antonine Maillet. Celle-ci incarnait à la fois la tradition et la modernité, mais surtout l’Acadie, qu’elle transportait avec elle dans ses ouvrages.

archives / Journal de Montreal
archives / Journal de Montreal

Ses romans ont souvent été adaptés au théâtre et mêlent l'aventure, le désir, la frustration, la souffrance et la joie. Touchée par la ségrégation dont elle est témoin enfant, elle se fera un point d’honneur de faire entendre la voix des opprimés.

Bien qu’elle ait quitté son patelin il y a plus de 50 ans pour s’établir à Montréal, la dramaturge n’a jamais renoncé à son Acadie natale, avouant à André Robitaille dans le documentaire Antonine Maillet: mes pensées flottantes qu’elle souhaitait y être enterrée.

Antonine Maillet a partagé 34 ans de sa vie avec Mercedes Palomino, la cofondatrice du Théâtre du Rideau Vert, décédée en 2006 dans leur résidence. C’est d’ailleurs dans ce théâtre que la pièce La Sagouine a été jouée pour la première fois à Montréal.

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Prix et distinctions

Officière et académicienne, Antonine Maillet a reçu au moins une quinzaine de prix littéraires pour souligner son apport considérable aux arts et lettres. Elle est entre autres récipiendaire de 31 doctorats honorifiques.

Antonine Maillet est la première écrivaine non européenne et la seule canadienne à mettre la main sur le prix Goncourt pour son roman Pélagie-la-Charrette, qui évoque la déportation des Acadiens par les Britanniques.

© Paul Labelle Photographe
© Paul Labelle Photographe

Elle a aussi été faite officier et compagnon de l'Ordre du Canada, en 1976, officier de l'Ordre des Arts et des Lettres de France, en 1989, et officier de l'Ordre national du Québec, en 1990. Elle a de plus été nommée commandeur de l'Ordre de Saint-Charles, à Monaco, en 2003.

La dramaturge a été membre de l’Académie des lettres du Québec, des Académies des arts, des lettres et des sciences du Canada et de la Société des gens de lettres de France, entre autres.

L’ancienne ville d’Outremont a nommé la rue où elle a habité pendant 40 ans l’avenue Antonine-Maillet pour souligner tous ses exploits.

Éducation et enseignement

Antonine Maillet a obtenu un baccalauréat en arts au Collège Notre-Dame d’Acadie en 1950 et une maîtrise ès arts, quelques années plus tard, au sein de ce même établissement, qui cédera sa place, au milieu des années 1960, à l’Université de Moncton. L’écrivaine y a d’ailleurs enseigné le français.

C’est à la même époque que la romancière intègre la Congrégation Notre-Dame-du-Sacré-Cœur comme religieuse, où elle porte, pendant 10 ans, le nom de sœur Marie-Grégoire et fait paraître ses premiers ouvrages, dont sa pièce Poire-Acre, en 1958.

Avant de défroquer en 1967, Antonine Maillet a poursuivi ses études en histoire et en littérature à l'Université de Montréal, au début des années 1960. Elle passe également par les bancs de l'Université Laval, à Québec, où elle obtient un doctorat en littérature, en plus d’y enseigner la littérature et le folklore. Sa thèse de doctorat portant sur François Rabelais a d’ailleurs été publiée en 1971.

Au cours de carrière bien remplie, la romancière a aussi enseigné à l'Université de Montréal, à l’Université de Californie et à l’Université d’Albany.

Elle a également occupé un poste à la Société Radio-Canada (CBC), à Moncton.

Sur La Sagouine

Conçue au départ pour la radio, c'est au théâtre que La Sagouine connaît le succès. Le Théâtre du Rideau Vert accepte, en octobre 1972, de monter la pièce, déjà présentée en Acadie, puis au Dominion Drama Festival de Saskatoon, pour un soir seulement. L’engouement du public portera finalement cette œuvre vers la postérité.

Au moment de créer sa pièce, le mot Sagouine n’existait pas dans le dictionnaire. Aujourd’hui, le mot réfère à la pièce d’Antonine Maillet.

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