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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

De Trudeau le quasi-NPD à Carney le quasi-conservateur

Le Parti libéral peut passer de gauche à droite avec une étonnante aisance

Photos d’archives
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2025-02-07T05:00:00Z
2025-02-07T05:15:00Z
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Les partis politiques peuvent évoluer et s’adapter aux circonstances. Dans le cas du Parti libéral, cette capacité d’adaptation dépasse les frontières de notre imagination. Ce parti est un véhicule tout-terrain, amphibie, qui peut s’adapter à tout.

Le Parti libéral carbure à gagner des élections, à prendre le pouvoir et à s’y maintenir. Ce n’est pas un hasard s’ils ont su former le gouvernement pour plus des deux tiers du temps depuis la Seconde Guerre mondiale.

Leurs détracteurs diront qu’il s’agit d’un parti sans grandes convictions, prêt à se prostituer pour le pouvoir. Leurs admirateurs diront que c’est une qualité en politique de savoir écouter le peuple et de s’aligner sur ses volontés.

Ce qui est en train de se produire est fascinant. Mark Carney crée une nouvelle impulsion libérale, mais avec des politiques étonnamment copiées sur... le programme conservateur.

Réglons d’abord une chose: il n’y a plus réellement de course à la direction du Parti libéral du Canada. Mark Carney s’est sauvé avec le ballon. La pauvre Chrystia Freeland se retrouve dans le rôle de figurante. Il lui faudrait terrasser Carney dans les débats pour changer la tendance, et encore!

Programme conservateur

Que sait-on du programme de Mark Carney? Il mettrait fin à la taxe carbone, il annulerait la hausse du taux d’inclusion des gains en capital, il serait ouvert aux projets de pipelines. On croirait entendre Pierre Poilievre, non? Ce n’est pas tout. Il s’est aussi engagé à réduire la taille de la fonction publique et à baisser les impôts. Un bon programme conservateur classique.

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En fait, c’est le genre de politiques qui seraient nécessaires après une décennie de Justin Trudeau, pour réparer les dégâts. Justin Trudeau, au fond, était bien plus un néo-démocrate qu’un libéral. Il a dépassé le NPD par la gauche en 2015 avec sa promesse de faire des déficits.

Élu, il a dépensé comme un néo-démocrate et a multiplié les nouvelles initiatives sociales avec de l’argent emprunté. Tout le monde a remarqué qu’il était comme un poisson dans l’eau dans cette entente avec Jagmeet Singh, inventant de nouveaux programmes sociaux à coup de milliards.

C’est comique, on dirait que le Parti libéral se voit comme autosuffisant. Le libéral Carney serait élu pour réparer les pots cassés du libéral Trudeau. Pourquoi une alternance entre partis si la même formation peut faire aller le balancier de gauche à droite à l’interne?

Nouvelle star!

Au Québec, l’engouement pour Mark Carney paraît particulièrement fort. Le sondage Léger qui vient de paraître annonce une vague libérale au Québec avec l’ancien banquier comme chef. Le type ne s’est même pas encore adressé aux Québécois dans une première entrevue au Québec qu’il est déjà la saveur du mois.

Le curriculum vitae de monsieur Carney a beau être impressionnant, il faudrait peut-être attendre de savoir ce qu’il propose pour le Québec avant de se pendre à son cou.

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