De retour à la radio, Normand Brathwaite s’apprête à vivre une de ses plus grosses années en carrière
Jean-François Brassard
Cet automne, contre toute attente, Normand Brathwaite fait un retour sur les ondes de CKOI. Voilà qui s'ajoute à son emploi du temps fort bien rempli. «Cette année est l'une de mes plus grosses en carrière», fait-il remarquer. À 65 ans, notre homme s'éloigne de plus en plus de... la retraite!
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À l’âge où d’autres songent à ralentir le rythme, Normand Brathwaite a toutes les apparences d’un gars qui émerge d’une cure de jouvence. «Je ne suis pas vraiment parti pour prendre ma retraite parce que c’est impossible de refuser les offres qu’on me fait.» Et elles affluent!
RASSASIÉ
Debout les comiques à CKOI, Belle et Bum et Drazilion à Télé-Québec, Zénith à Radio-Canada... On ne croit pas en oublier. «J’arrive à un point dans ma vie où ce n’est que du plaisir», commence-t-il par dire pour expliquer ses choix. «J’ai 65 ans, et j’ai donné. Ça fait à peu près 50 ans que je fais ça. Je veux juste être bien, avoir du plaisir, faire de bons shows et présenter du monde que personne ne connaît. C’est mon gros fun dans la vie.»
De l’agrément, il en a eu dès qu’il est apparu dans la sitcom Chez Denise, en 1979. Du jour au lendemain, le jeune acteur de 21 ans devenait une vedette populaire. Puis, en 1982, il prenait part à la création de la comédie musicale Pied de poule, qui a connu un succès retentissant. Hélas, toute médaille a son revers. Il rappelle: «Autant c’était le fun de faire partie d’un show qui a changé des choses au théâtre, autant ç’a été pour moi un calvaire. Tout le monde me haïssait juste parce que j’étais connu.»
Bien sûr, il avait quelques alliés, mais il a goûté à la médecine d’un noyau dur d’adversaires. L’artiste n’avait pas encore 25 ans qu’il mettait en pratique une façon de faire qu’il n’a jamais cessé d’appliquer depuis: «À partir de ce moment-là, je me suis dit que je m’entourerais de gens que j’aime et qui m’aiment. Je ne travaillerais qu’avec des gens qui sont aussi rassasiés que moi. Par exemple, si tu m’offrais demain matin une job avec Édith Cochrane, je serais le premier à dire oui parce qu’elle est connue et expérimentée. Elle ne veut pas être moi et je ne veux pas être elle. Ça vaut aussi pour des gens comme André Robitaille, Marc Labrèche... C’est du monde rassasié.»
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LE PREMIER SUR LA JOKE
Cette complicité, Normand la retrouve en Martin Cloutier, pilote de Debout les comiques, l’émission matinale de CKOI. Tous les lundis, il se greffera à l’équipe, également composée de Valérie Roberts et d’Étienne Marcoux. «Je vais travailler avec des gens rassasiés. La première chose que j’ai mise au clair avec Martin, c’est que je ne m’en viens pas animer. Je m’en viens avoir du fun parce qu’il y a une demande.» Il fait référence au segment surprise en hommage à Y’é trop d’bonne heure, diffusé le 6 avril dernier dans le cadre de Debout les comiques, lequel s’est avéré la bougie d’allumage de son retour en ondes. «On s’est rendu compte qu’il y a une grosse demande. J’adore Martin, avec qui j’ai travaillé pendant des années. Et Valérie n’est pas la personne la plus désagréable au monde avec qui travailler!»
Avec toute l’expérience qu’il cumule, Normand définit son mandat en ces mots: «Je n’ai jamais vu mon rôle à la radio comme celui d’un leader. Quand j’animais, j’avais plus la job d’un dispatcher. Tu dis l’heure et tu présentes les tounes. Mais si Marie-Élaine Proulx arrivait un matin avec l’histoire de son chum qui l’avait trompée, c’est elle qui devenait la vedette de l’émission. J’ai toujours fonctionné comme ça. J’ai de la misère avec la hiérarchie. Nous sommes des personnes autour de la table qui connaissent le métier, et ça va être plaisant.»
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À travers ses autres engagements à la télé, Normand est heureux de revenir à la radio, un médium dont il s’ennuyait depuis qu’il a quitté les ondes de Rouge FM, en 2014. «Ce qui me manquait, c’est l’instantanéité et le fait d’être le premier sur la joke le matin. Il y a aussi la liberté de dire ce qu’on pense — en faisant un peu plus attention qu’avant, mais pas tant que ça. Je n’ai pas beaucoup de filtre, mais si les patrons m’engagent, c’est pour que je dise ce que je pense. J’ai vu aller Valérie Roberts... et elle ne niaise pas avec la puck!»
LA MÈRE DE YOURI
La passion que nourrit Normand Brathwaite pour la radio ne date pas d’hier. Et le nom de celle qui, sans le savoir, a été pour lui une mentore peut surprendre. «Suzanne Lévesque était une merveilleuse animatrice», dit-il à propos de celle qui, de 1971 à 1991, a animé Touche à tout, à la défunte station CKAC. Son auditoire était largement féminin, mais Normand y était abonné. «Elle parlait à la radio comme elle parlait dans la vie. Et elle racontait des histoires de son fils, Youri... On s’en câlissait tous de Youri, mais elle contait ses histoires à nous autres. Elle avait compris que lorsque tu parles à la radio, tu ne parles pas à un million de personnes, mais à une seule.»
C’est ainsi qu’en 1990, il prenait le micro de Y’é trop d’bonne heure, pour ne le laisser qu’en 2006. «Je me disais: “Il faut que ce soit ça, la radio.” Il faut que tu sois vrai et que tu en donnes un peu plus que le client en demande. Il faut toujours que, si tu pars de toi, tu sois la tête de Turc.» Puisqu’on le sait sans filtre, il reconnaît: «J’ai perdu des amis à cause de choses que j’ai racontées... Au moins, je m’incluais dans l’histoire, parce que je ne suis pas meilleur que les autres.»
DE 7 À 77 ANS
À la rentrée, toutes émissions de télé confondues, Normand s’adressera à tout le monde, de 7 à 77 ans. Il reviendra à la barre de Belle et Bum pour une 21e saison, avec les recrues que sont Marie-Josée Gauvin, Fabiola N. Aladin et Lunou Zucchini. «Le fait d’avoir trois nouvelles coanimatrices me sécurise beaucoup, parce que le départ de Mélissa (Lavergne) a été une énorme perte pour moi. Je la connais depuis 20 ans; je l’ai vue grandir, cette enfant-là. C’était impossible de la remplacer par une seule personne.»
Toujours à Télé-Québec, il campera le personnage du capitaine Goulache dans la série jeunesse Drazilion. Et on n’oublie pas sa participation à l’émission de variétés Zénith, à Radio-Canada. «L’an dernier, quand Véronique (Cloutier) m’a appelé, elle m’a dit: “Normand, ça te tenterait-tu d’avoir une job où tu arrives à 7 h 15 et où tu pars à 9 h 15?” Un fou! J’aurais dit non à ça?» Tout ça lui fait dire: «Cette année, je récolte ce que j’ai semé. Au cours de ma carrière, j’en ai bavé. J’ai fait des affaires moins drôles, pas l’fun, avec du monde pas gentil. On dirait que tout ce qui m’arrive cette année est l’fun. Je serais fou de dire non!»
Et la scène, alors? On connaît le trac proverbial qui l’habite depuis toujours. Mais il est sorti absolument enchanté de sa participation à la pièce Sainte-Marie-la-Mauderne, présentée à l’été 2022. «C’est l’une des plus belles expériences que j’ai vécues dans ma vie. Personne dans l’équipe n’a donné de trouble aux autres. C’était juste le bonheur total.» Il va plus loin: «J’ai dit au producteur: “Si je peux avoir la même gang, trouvez-nous une autre pièce, et je vais la faire.”» La retraite peut bien attendre.
Normand Brathwaite participera à Debout les comiques les lundis dès 5 h 30, à compter du 21 août, à CKOI.