De plus en plus de moustiques transportent des maladies
Il existe 63 espèces de moustiques au Québec, et elles s’acclimatent très bien au réchauffement climatique


Mathieu-Robert Sauvé
Les maladies transmises par des moustiques sont en augmentation au Québec, propulsées par les changements climatiques, mais la province traîne de la patte en matière de prévention.
Une douzaine de communautés du Massachusetts sont désignées à haut risque ou à risque critique d’infection à l’encéphalite équine de l’Est, une maladie rare mais souvent mortelle pour laquelle il n’existe aucun remède. La mort d’un adulte aux États-Unis le mois dernier inquiète certains experts de ce côté-ci de la frontière.


«Oui, on doit être préoccupé par ces maladies [transmissibles de l’animal à l’humain], car elles vont certainement augmenter en incidence dans les prochaines années», commente le Dr Jean-Pierre Vaillancourt, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et spécialiste des zoonoses, ces maladies transmissibles des animaux aux humains.
Il rappelle que la pandémie de COVID-19 a été justement causée par une infection «vectorielle» passant à l’humain via un vecteur animal.
Défaillance de biosurveillance
«Le Québec est en retard non seulement au Canada mais sur la majorité des pays développés en matière de biosurveillance», déplore le biologiste Richard Vadeboncoeur, vice-président de GDG Environnement, de Trois-Rivières, spécialisé dans le contrôle des insectes piqueurs.
Il mentionne que le Québec a abandonné en 2021 son programme de suivi entomologique, ce que confirme le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. «C’est choquant parce que les maladies transmises par les moustiques sont en progression au Québec», commente l’ancien pilote qui a lutté contre la tordeuse des bourgeons d’épinette avant de passer à la lutte aux moustiques.

Deuxième printemps
Antoine Roy, président-fondateur de CFRoy, à Saguenay, l’autre entreprise de contrôle des insectes piqueurs du Québec, croit lui aussi que les populations de moustiques vont croître au Québec.
Le réchauffement climatique favorise la croissance des larves à cause des hivers plus doux, mais les événements météo extrêmes créent aussi des conditions idéales.

«Il a tellement plu au mois d’août que nous avons dû relancer l’épandage dans plusieurs municipalités, dit-il. C’était comme un deuxième printemps.»
Étudier les maringouins
Le 30 août dans laboratoire de GDG, à Trois-Rivières, on a identifié un premier cas d’encéphalite équine de l’Est chez des moustiques capturés à Ottawa.

Le Journal a visité ce laboratoire où la biologiste Marie-Hélène Morissette trie les moustiques afin de déterminer s’ils peuvent être porteurs de différents pathogènes.

«Je dois d’abord identifier les espèces avant de les envoyer en biologie moléculaire où nous ferons des tests», explique-t-elle. De 500 000 à 1,3 million d’insectes passent dans ce labo chaque année.
Pas moins de 63 espèces de moustiques (ou maringouins) sont présentes au Québec. Une douzaine s’attaquent aux humains. La liste des maladies qu’elles transportent ne cesse de s’allonger.
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