David La Haye est passé à un cheveu d’avoir une carrière américaine
Michèle Lemieux
Doué pour les communications, la sociologie, la politique et la philosophie, David La Haye se passionnait pour les sciences humaines et ne songeait nullement à devenir acteur. Encouragé à passer des auditions, il a été accepté et a choisi de bifurquer vers un autre avenir. Aujourd’hui, 35 années après sa sortie de l’école de théâtre, l’acteur est toujours aussi sollicité et apte à se réinventer.
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David, quels sont les projets professionnels qui nous permettent de te voir à l’œuvre?
J’ai terminé le film de genre Frame, le premier long métrage de deux jeunes réalisateurs. On y dénonce les agressions sexuelles et les violences faites aux femmes par le portrait d’un photographe, rôle que je tiens. J’ai aussi terminé le film Charlie Tango, dans lequel je suis un charmeur, un manipulateur qui monte une pyramide d’investissements qui ne tient à rien. Et j’ai un autre projet au programme pour cet été. Actuellement, on peut voir les films Arlette et Confessions sur Crave et la série Portrait-robot (il apparaît dans la saison 2) sur Club illico. Je suis un vrai caméléon! J’ai la chance de tenir des rôles diversifiés.
Tu célèbres cette année 35 ans de carrière. Ça te permet de voir le chemin parcouru?
Oui, et ça me permet de confirmer que j’ai réussi à être fidèle à ce que je suis. J’ai joué des rôles de composition et, chaque fois, j’ai changé d’énergie, de tête. À la sortie de l’école, j’ai décroché Dans le ventre du dragon et, déjà, on m’avait demandé de changer de look. Depuis ce temps, je n’ai pas arrêté de composer des rôles, de changer ma manière d’être pour les différents rôles qu’on m’a confiés.
À la sortie de l’école, avais-tu rêvé d’une carrière comme la tienne?
Mon rêve est devenu réalité, car à l’école de théâtre, je jouais déjà des rôles de composition. Mon but était de composer des personnages. Je le faisais instinctivement. Ça s’est reflété sur 35 ans. Tous les projets sont différents. Je suis passé des personnages excentriques à d’autres, fragiles, en passant par ceux agressifs, violents, manipulateurs. J’ai décroché mes rôles par audition 95 % du temps. C’est ce dont je suis le plus fier.
Quand as-tu su que tu allais devenir acteur?
Je voulais faire du journalisme, étudier en communication. Je n’avais pas dit à mes parents que je passais une audition pour devenir acteur, car je ne voulais pas les inquiéter. Si je n’avais pas été acteur, ils ne l’auraient jamais su. Lorsque j’ai été reçu à Saint-Hyacinthe, ils ont été très surpris. Ça les a un peu inquiétés, mais ils ont été très fiers de voir que ça avait marché. Dans ma jeunesse, j’étais plutôt sportif. C’est au cégep que j’ai fait de l’improvisation et qu’on m’a encouragé à passer les auditions, pour lesquelles j’ai été accepté.
Qu’aurais-tu fait, sinon?
J’aimais la sociologie, la politique, les changements de société. J’aime encore la politique locale et internationale. À l’école, sociologie et philosophie étaient mes matières favorites, tout comme le français. Nous sommes quatre enfants. Les deux plus vieux sont plutôt cartésiens et les deux derniers, ma jeune sœur et moi-même, nous sommes plus créatifs. Mon père était notaire, ma mère travailleuse humanitaire. Elle aidait les personnes dans le besoin. Si je suis devenu un acteur de composition, c’est probablement grâce à elle. Elle avait un centre, La Bouée, qui venait en aide aux gens en difficulté. Dès l’enfance, j’ai été confronté à la douleur humaine. J’ai vu des déficients intellectuels, des handicapés physiques, des sans-abri. J’étais touché par eux: c’était des personnages plus grands que nature. Et j’ai eu un modèle de mère très généreuse qui m’a appris la compassion.
As-tu eu des modèles pour t’inspirer dans ta carrière?
Oui, des acteurs ont été pour moi des idoles à ma sortie de l’école: Guy Nadon, que j’avais vu dans le télé-théâtre Lorenzaccio, Gabriel Arcand, que j’avais vu dans Les Plouffe, et Lothaire Bluteau, qui avait joué dans Les fous de Bassan et Jésus de Montréal. Je croise souvent Lothaire dans un café. Autant il est l’acteur le plus intense que j’aie vue jouer, autant il est l’homme le plus drôle que je connaisse. Ce sont mes trois acteurs favoris au Québec. Sur la scène internationale, j’aimais beaucoup Daniel Day-Lewis, Robert De Niro, Al Pacino et Jack Nicholson. Ils ont été des modèles et des inspirations pour moi.
Est-ce que tu continues à travailler aux États-Unis?
C’est plus difficile là-bas, car je suis moins connu et j’ai un léger accent francophone. Je joue donc des francophones dans des séries et films américains. La série la plus importante dans laquelle j’ai joué n’a jamais vu le jour: Lewis and Clark pour HBO, produite par Brad Pitt et Tom Hanks. C’était en 2015. Je jouais un colon métis. La série a été arrêtée après trois mois de tournage. J’ai été de deux projets américains qui ont fait en sorte que je suis passé à un cheveu d’avoir une carrière dans une série là-bas. À la fin des années 1990, au début des années 2000, j’ai fait un pilote pour une télésérie, The Allies, dans laquelle je jouais un capitaine de la Gestapo allemande. CBS, qui hésitait entre deux projets, ne l’a pas retenue. Ma carrière aurait pu être différente si l’un de ces projets avait été accepté. Elle aurait pris une autre tangente. Mais je suis en paix. J’ai de beaux projets...
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Le long métrage Frame devrait sortir d’ici l’automne.
Le thriller Charlie Tango n’a pas encore de date de sortie.
On peut voir David dans Arlette et Confessions sur Crave, et dans la série Portrait-robot (saison 2) sur Club illico.