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Culture

Dany Turcotte anime un documentaire sur un sujet qui lui tient à coeur

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Steve Martin

2023-04-06T14:00:00Z
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Depuis qu’il a pris un certain recul face à son rôle de Fou du roi à Tout le monde en parle, l’humoriste a eu le temps de mettre en œuvre un projet qui lui tenait à cœur: un documentair sur les problèmes auxquels doivent faire face les membres des communautés LGBTQ+ qui arrivent à l’hiver de leur vie.

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Dany, pourquoi as-tu ressenti le besoin de faire ce documentaire?

Ça part de loin. J’avais entendu parler de la problématique des personnes LGBTQ+ qui doivent retourner dans le placard quand ils arrivent en résidence. Moi, j’ai 58 ans et j’ai perdu des amis, dont Dominique Lévesque. J’ai aussi perdu un de mes anciens chums et mon père. Alors j’ai commencé à réfléchir et je me suis dit: «Bon, ça va finir par m’arriver à moi aussi!» (rires) Mon ami Laurent McCutcheon, qui était un grand défenseur de la cause LGBTQ+, est lui aussi décédé. J’ai donc eu envie de rendre hommage à cette génération qui nous permet d’avoir une meilleure vie aujourd’hui. 

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Je présume que c’est également important de rappeler aux plus jeunes que la communauté a dû se battre pour défricher le chemin vers une plus grande acceptation...

Exactement, et ça fait partie de mes motivations à réaliser ce projet. Je reçois, encore aujourd’hui, plein de messages homophobes. Il est donc important que les jeunes sachent que les gais de cette génération ont vraiment bûché et qu’ils ont été méprisés. Certains ont vécu des traumatismes extrêmes, qui les habitent encore au moment où ils en sont à l’hiver de leur vie. Je voulais leur rendre hommage, mais aussi faire l’état de la situation actuelle.     

 

Tu mentionnes que peu de centres d’hébergement forment le personnel pour répondre aux besoins spécifiques des communautés LGBT. Comment expliques-tu ça?

La Fondation Émergence, qui offre des formations, a envoyé 1500 offres à des résidences dans le but d’y donner ses ateliers. Elle n’a pratiquement reçu aucun retour, sinon pour se faire dire: «On n’a pas besoin de ça. On n’a pas de gais chez nous, alors ne nous contactez plus!» 

Pourtant, ce n’est pas parce que les résidents gais n’en parlent pas qu’ils n’existent pas...

Et ça nous ramène à cette génération et à ceux qui ont vécu dans le silence presque toute leur vie. Pour les besoins du documentaire, nous avons d’ailleurs voulu parler avec des gais qui sont en résidence, mais personne n’a voulu témoigner à visage découvert. Pas même les artistes de cette génération. Il y a comme une réticence à parler ouvertement devant la caméra. 

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Quand on tourne un documentaire, c’est un peu problématique...

Il faut vraiment que tu sois très motivé pour faire un documentaire, parce que le processus est long et laborieux. J’ai fait des entrevues durant six mois. J’étais tout seul avec mon idée et, tranquillement, un réseau s’est créé. Le réalisateur Christian Lalumière s’est joint au projet, et Marie-France Bazzo m’a contacté pour produire le documentaire; c’est comme ça qu’on a fini par monter une équipe d’une vingtaine de personnes. Quand je vois le générique, je pleure quasiment. (rires) J’ai bénéficié d’une équipe exceptionnelle. Ce sont des bijoutiers du documentaire qui ont vraiment poli le travail pour qu’on en arrive à ce résultat. 

Ariane Moffatt a aussi contribué en signant la musique...

C’est très beau ce qu’elle a fait. La musique est très discrète, mais super efficace, et Ariane chante Deux vieilles de Clémence DesRochers. Je suis content. L’équipe de Bazzo Bazzo a vraiment fait un beau travail. 

Qui as-tu rencontré pour les besoins du documentaire?

Les résidents des Habitations Fullum, dont 50 % sont homosexuels. C’est unique au Québec. Après avoir passé 50 ans dans le placard, ils peuvent faire les jokes qu’ils veulent et s’habiller comme ils veulent. Ils veulent être heureux en étant eux-mêmes. On a aussi rencontré un groupe de lesbiennes de Joliette, avec qui je suis allé bruncher. J’ai rencontré des spécialistes, dont le Dr Réjean Hébert, Julien Rougerie, qui est responsable du programme Pour que vieillir soit gai, ainsi que la sociologue Line Chamberland, qui a été la titulaire de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres de l’UQAM. 

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Tu as aussi sollicité la participation de Janette Bertrand. Comment a été ta rencontre?

J’ai passé plusieurs heures avec elle. Elle a été comme ma mentore, parce qu’elle a énormément contribué à ouvrir les esprits au Québec. Dans les années 1980, elle a présenté des gens qui avaient le sida, des personnes trans... C’était des réalités qu’on n’avait encore jamais vues à la télé. Elle a été là pour me guider un peu dans mon cheminement. J’ai aussi rencontré une personne trans de 73 ans qui a fait sa transition à 69 ans. Elle s’appelle Carole Normandin et elle est super charismatique. Elle a passé sa vie dans le milieu policier. Elle était chef de police, en fait. 

C’est en soi un sujet qui mériterait son propre documentaire...

On aurait en effet pu faire tout le documentaire sur elle. Pour sa part, ce qui l’inquiète, c’est que si elle arrive un jour dans un CHSLD, il lui est impossible de retourner dans le placard. Le personnel te voit un peu comme un animal de cirque parce que tu es «la trans». Il y a beaucoup de travail à faire auprès du personnel des services sociaux en général. 

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