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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Dans le nord d'Israël, des habitants attachés à leur terre refusent d'évacuer

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Agence France Presse

2023-10-23T13:33:35Z
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Au-dessus des bêlements de ses chèvres, Elanit Kalfon exprime sa détermination: peu importent les affrontements avec le Hezbollah libanais tout proches, et les appels de l'armée à quitter son village, cette Israélienne ne «quittera pas sa terre».

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Goren, 680 habitants à moins de dix kilomètres de la frontière avec le Liban, a reçu dimanche un appel à évacuer des autorités, comme de nombreux autres villages agricoles du nord d'Israël.

La plupart des habitants n'ont pas attendu cet appel pour fuir, de peur que ne s'ouvre contre le Hezbollah libanais, allié du Hamas, un second front pour l'armée israélienne, déjà engagée dans une guerre meurtrière dans la bande de Gaza.

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Israël a mis son armée en état d'alerte sur sa frontière nord, immédiatement après les attaques dans le sud de son territoire du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, jamais vues par leur ampleur et leur violence depuis la fondation de l'État en 1948.

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Depuis, les échanges de tirs sont quotidiens le long de la frontière de 80 km avec le Liban. Selon un décompte de l'AFP, 36 personnes ont été tuées côté libanais, en majorité des combattants mais aussi un journaliste de l'agence Reuters. Trois soldats et un civil ont été tués en Israël, d'après l'armée.

Mme Kalfon, qui élève 1 200 chèvres à Goren, fait partie des quelques dizaines d'habitants qui ne veulent pas partir, malgré les sirènes d'alerte à la roquette quasi quotidiennes.

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«Tout le monde me dit "Elanit, pars, laisse les animaux, ta vie est plus importante". Certes, mais nous avons travaillé toute notre vie pour ça. J'éduque mes enfants en leur disant qu'on ne quitte pas sa terre», dit l'agricultrice de 47 ans, présidente de l'association des éleveurs caprins en Israël.

«Nous avons connu la guerre, c'était des jours difficiles», se souvient Mme Kalfon, en référence à l'occupation du sud du Liban par Israël (1982-2000) puis de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Elle avait fait 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, militaires pour la plupart.

Aujourd'hui, «on se prépare à pire, car le Hezbollah est plus grand et plus proche», assure-t-elle.

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Escalade

Dans les allées de la ferme, son mari s'active, donne le biberon aux biquettes, un t-shirt usé de l'armée sur le dos et une arme en bandoulière, pour se protéger en cas «d'infiltration terroriste», explique son épouse.

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Depuis le 7 octobre, ils ferment tout à double tour. Lorsqu'elle se souvient de ce samedi matin, des premières informations faisant état de commandos du Hamas de Gaza infiltrés en Israël, massacrant des civils chez eux, dans la rue ou à une rave-party, sa gorge se noue et ses yeux se voilent.

«Nous avions espoir de pouvoir faire la paix», se désole-t-elle, ajoutant des mots très durs à l'encontre des Palestiniens. D'espoir, l'éleveuse dit n'en avoir plus aucun.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées sur le sol israélien, en majorité des civils morts le jour de l'attaque. Plus de 5 000 Palestiniens, là encore une majorité de civils incluant plus de 2 000 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza dans les bombardements de représailles israéliens depuis le début de la guerre, d'après les autorités locales.

Israël a accusé dimanche le Hezbollah d'«entraîner le Liban dans la guerre».

Par la Bible et par le sang

Manipulant avec souplesse son quad sur une de ses parcelles vallonnées, Moshé Dadoush, 62 ans, admet «avoir peur» mais n'a aucune intention de prendre la route.

«J'ai fait la première guerre du Liban, je mentirais si je disais que je n'avais pas peur, je sais quel en est le prix», dit l'agriculteur au chapeau de cuir.

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«Mais je dois rester ici m'occuper de mes arbres. Si je ne le fais pas, il n'y aura pas de fruits cette année», affirme-t-il au milieu de ses pêchers, disant «ne rien savoir faire d'autre».

«Notre lien à la terre est fort (...) Je ne quitterai pas (la région) pour une raison simple, c'est ici que j'ai grandi, je n'ai nulle part où aller autre que ce pays. Je n'ai aucune raison de partir. C'est à moi», dit-il.

«Cette terre est la nôtre de par la Bible, nous l'avons gardée au prix du sang versé alors c'est très important que nous soyons ici, que nous cultivions et que nous soyons proches de la terre», renchérit Elanit Kalfon, mettant en avant des motivations «sentimentales et idéologiques».

«L'agriculture c'est tout», conclut-elle: «la souveraineté alimentaire», «la vie». Et le «contrôle de la terre».

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