Dans le laboratoire du Canadien
Jonathan Bernier
Nommée consultante au développement des joueurs du Canadien au début du mois de juin, Marie-Philip Poulin a eu la chance de donner ses premiers coups de patin à titre d’entraîneuse au sein de l’organisation. Une expérience qu’elle a grandement appréciée.
«J’ai observé, j’ai été une éponge, j’ai appris beaucoup», a-t-elle énuméré au terme de la dernière séance d’entraînement du camp de développement, mercredi.
Poulin n’en était pas à sa première expérience comme entraîneuse. Depuis quelques années, elle tient des camps estivaux pour jeunes filles. Évidemment, on était à un tout autre niveau.
«Là, on parle de gars matures», a-t-elle lancé.
Plus à l’aise
Passive en début de semaine, la capitaine de l’équipe canadienne s’est lentement dégênée. On a pu la voir à quelques occasions offrir des conseils aux recrues du Tricolore.
«Ça m’a pris un petit moment pour me sentir plus à l’aise, a-t-elle admis. Mais les joueurs étaient réceptifs, ils voulaient comprendre, ils voulaient apprendre.»
Pour l’athlète de 31 ans, cette semaine à Brossard lui a démontré que le coaching pourrait être une option pour son après-carrière.
«C’est sûr que ça m’a donné le goût. Le hockey, c’est en moi depuis que je suis toute jeune. J’adore faire ça. C’est vraiment cool de voir cette facette, de voir le travail qui se fait derrière les portes, c’est fou», a-t-elle mentionné.
Des ajouts à son jeu
Mais avant de penser à sa retraite, Poulin a encore au moins quatre bonnes années de hockey à offrir au programme olympique. Si elle a donné des conseils aux jeunes joueurs, elle a également profité de ce baptême dans l’entourage du CH pour ajouter des cordes à son arc.
Adam Nicholas, qui a dirigé les entraînements tout au long de la semaine, lui a permis, par les exercices auxquels il a soumis ses joueurs, de découvrir de nouveaux aspects du jeu.
«J’ai été impressionné par les petits skills que tu ne vois pas dans une partie, mais qui font une grosse différence, a-t-elle raconté. On voit les gars qui comptent, mais on oublie ces petits détails qui changent un match.»
Des petits détails qu’elle s’empressera de mettre en application.
«Hier après-midi, je patinais en solitaire et je voulais essayer tout ce que j’avais vu dans la journée, a-t-elle raconté. J’ai hâte de rembarquer sur la glace et de ressayer de tout mettre ça en pratique.»
Elle n’aura sans doute aucun problème à assimiler ces nouveautés, au grand malheur de ses adversaires.
L’ATHLÈTE OLYMPIQUE NE JOUERA PAS POUR L’ÉQUIPE MONTRÉALAISE
La venue d’une concession montréalaise dans la Professionnal Hockey Federation ne fait pas que des heureuses. À première vue, il s’agit d’une bonne nouvelle pour le hockey féminin. Toutefois, pour les filles qui ont créé la Professional Women’s Hockey--- Players Association, l’objectif principal n’est pas encore atteint.
On semble douter du modèle d’affaires.
«On a créé cette association avec l’objectif de mettre sur pied une ligue viable à long terme, pas seulement pour quelques années. La PHF a créé cette ligue-là, ils ont mis quelque chose en place. Mais ils n’ont pas nécessairement toutes les ressources qu’on regarde», a analysé Marie-Philip Poulin, rencontrée en marge du camp de développement du Canadien.
Ne comptez donc pas sur la meilleure joueuse de hockey au monde pour porter l’uniforme de la formation montréalaise ou de n’importe laquelle des six autres formations de ce circuit.
«J’ai commencé dès la première journée avec l’Association qu’on a créée. Je crois beaucoup à ça. On a de bonnes personnes derrière nous. On espère aller de l’avant bientôt», a-t-elle indiqué mercredi.
Mise sur pied en mai 2019 après la dissolution de la Ligue canadienne de hockey féminin, cette association a vu le jour à la suite de la décision prise par plus de 200 des meilleures hockeyeuses au monde de ne pas jouer professionnellement la saison suivante.
Plus de débouchés
Depuis, les joueuses de l’Association, divisée en cinq régions, s’affrontent lors de différentes tournées. Toutefois, rien d’encore concret pour la création d’un circuit officiel n’a émané de cette initiative.
«Je l’ai dit plusieurs fois : les grandes choses, ça prend du temps. C’est sûr qu’on devient un peu moins patientes, mais on s’en va dans la bonne direction avec l’Association, a soutenu Poulin. J’espère qu’on va mettre ça en place dans les prochains mois.»
Évidemment, on ne peut être contre la vertu. Depuis le temps que le hockey féminin tente d’obtenir une plus grande visibilité, il serait étrange que les joueuses les plus en vue crachent dans la soupe.
«Ça va permettre à plus de filles de jouer au hockey après leur parcours universitaire. On pousse pour la même chose, a reconnu la triple médaillée d’or olympique. Mais les gens ont différentes visions. J’espère qu’on poussera dans la même direction. Le hockey féminin, c’est ensemble.»