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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Dans la tête de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine s’adressait à la nation au Kremlin à Moscou le 24 février dernier pour annoncer une opération militaire en Ukraine.
Vladimir Poutine s’adressait à la nation au Kremlin à Moscou le 24 février dernier pour annoncer une opération militaire en Ukraine. Photo AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2 mars 2022
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Beaucoup essaient de comprendre la psychologie de Vladimir Poutine pour deviner ses décisions. L’exercice est hautement périlleux. En revanche, il est possible de dégager quelques éléments qui influencent ses raisonnements.

1. Poutine est probablement équilibré et intuitif

Poutine aime cultiver le secret autour de sa personne. Plusieurs veulent le faire passer pour un homme irrationnel ou même comme quelqu’un qui souffre de maladie mentale. Cette piste, sans être impossible, est faible.

Poutine a été sélectionné par le KGB, l’ancien service d’espionnage soviétique.

Il a sans aucun doute été soumis à une batterie de tests destinés à évaluer son équilibre mental. Il a de surcroît reçu un entraînement conçu pour l’endurcir tant physiquement que psychologiquement.

Poutine est aussi un judoka 8e dan. La pratique des arts martiaux à un niveau aussi élevé implique le développement d’une connaissance intuitive des adversaires.

Résultats : Poutine conserve en public un calme olympien et il est capable de suivre à fond de nombreux dossiers.

  • Écoutez aussi l'édito de Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 10 h 30 via QUB radio :

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2. Ses références politiques sont faibles

Une des faiblesses de Poutine est qu’il raisonne encore en 2022 en suivant une logique marxiste-léniniste soviétique. Ses références récentes à Lénine et à Staline sur l’Ukraine en constituent une évidence parmi d’autres.

Cette vision passéiste du monde le prédisposait à se rapprocher de la Chine et à s’éloigner des États-Unis.

3. Sa vision du monde est réaliste

Poutine réfléchit en termes de realpolitik. Que signifie penser de manière realpolitik ? C’est entre autres concevoir les relations entre les États de manière rationnelle, en tenant compte des intérêts des États, avec une vision pessimiste de la nature humaine. C’est aussi penser qu’en fin d’analyse, la force miliaire prime sur toutes les autres formes de forces, économiques ou sociales. Dans ce cadre, la fin justifie les moyens.

Poutine a ainsi rappelé que la Russie possédait des forces militaires importantes qui pouvaient frapper les pays qui s’opposaient à son invasion de l’Ukraine. Et il a mis en alerte ses forces nucléaires.

Il est persuadé que la menace armée, et éventuellement la force militaire, va faire reculer ses adversaires.

4. Poutine est seul au sommet

Avec les années, Poutine a augmenté son pouvoir personnel, mais il paraît plus isolé que jamais au sommet du gouvernement. Peu de personnes peuvent faire valoir auprès de lui des points de vue divergents des siens sans craindre de perdre leur poste.

Il est possible que Poutine ait reçu des rapports complaisants sur la modernisation de l’armée russe ou sur l’état d’esprit de la population ukrainienne à l’endroit des Russes. En tout cas, l’hypothèse circule de plus en plus pour expliquer que Poutine se soit lancé maintenant dans l’invasion de l’Ukraine.

5. Poutine veut demeurer au pouvoir

La soif du pouvoir est le trait de caractère le plus dangereux de Poutine. Menacé, il pourrait être capable d’actions extrêmes. Or, perdre en Ukraine le conduirait à perdre le pouvoir. Les coûts extrêmement élevés de la guerre pourraient-ils mener au même résultat et inciter Poutine à poser des gestes dangereux ?

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