DANS LA MIRE DU CH? | «J’adorerais retrouver Kent Hughes dans la LNH»
Anthony Martineau
Dans une autre vie, Kent Hughes, le directeur général des Canadiens, était entraîneur.
Et pendant trois saisons complètes, entre 2018 et 2021, il a dirigé un espoir extrêmement talentueux qui, par un merveilleux hasard, pourrait être disponible lorsque viendra le droit de parole du CH au prochain repêchage.
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Son nom? Will Smith.
Voyez l'entrevue complète qu'il a accordé au TVASports.ca en vidéo principale.
Âgé de 17 ans, Smith est un joueur de centre droitier (pouvant aussi jouer à l’aile) qui évolue cette année au sein du programme de développement américain. Il compte actuellement... 104 points en 52 petits matchs. Ça, c'est davantage que Trevor Zegras, Cole Caufield et Logan Cooley au même âge. Pas mal, non?
Smith et Kent Hughes ont travaillé ensemble chez les Boston Jr. Eagles (club de calibre AAA) alors que le jeune homme avait entre 12 et 15 ans. Le patron du CH a donc été aux premières loges du cheminement de l’attaquant lors d’un trio d’années où ce dernier a forgé son identité sur et hors glace.
Et Will Smith n’a absolument rien oublié de son expérience aux côtés de Hughes.
«Je le connais très bien. Je l’aime beaucoup et il est l’un des meilleurs coachs que j’ai pu avoir. Il m’a vraiment montré comment jouer de la bonne façon. J’adorerais retrouver Kent dans la LNH. Évoluer pour les Canadiens, une équipe à l’histoire aussi riche, serait très spécial.»
Avouez que le «fit» semble parfait...
Le mouton noir de sa famille
Souvent, dans le monde du sport, on retrouve de belles histoires familiales où un athlète a marché dans les traces d’un proche pour éventuellement atteindre le même niveau que lui, au sein du même sport que lui également.
Chez les Smith, c’est toutefois tout le contraire, nous raconte Will.
«Dans ma famille, personne n’avait vraiment joué au hockey avant ma naissance. Mes parents inclus! Je suis né dans un clan formé de joueurs de baseball!
«Un bon matin, l’un des amis de mon père est débarqué à la maison avec un chandail de hockey et il m’a demandé si je voulais me joindre à sa petite ligue du samedi matin. J’ai accepté.»
Et à en croire le jeune homme, son parcours hockey aurait pu être bien différent de celui qui l’a fait progresser jusqu’au rang d’«espoir élite» en vue du prochain encan LNH.
«Au départ, et j’ignore pourquoi, j’ai été attiré par la position de gardien. Je mettais les jambières et je glissais devant mon filet.
«J’ai quand même testé la position d’attaquant après quelques semaines. Et dès que j’ai compris la sensation que l’on ressent lorsqu’on marque, j’ai abandonné l’idée d’être gardien!»
Un poison à défenseurs
On ne sait pas quel genre de gardien aurait été Smith s’il avait poursuivi son cheminement à cette position. On sait cependant qu’il est aujourd’hui tout un attaquant.
Impossible de regarder un match où Smith est impliqué sans le remarquer. Rapide, agile et imaginatif, les yeux se tournent naturellement vers lui dès qu’il foule la glace. Au diable les neuf autres joueurs!
Son entraîneur Dan Muse, un ancien adjoint dans la LNH, n’hésite pas à sortir l’encensoir au sujet de son poulain.
«Sa plus grande qualité est selon moi son intelligence. Will est maître dans l’art de trouver les espaces libres sur la patinoire. Il sait où aller pour te faire mal. Il sait où se trouvent ses coéquipiers sans même avoir à les regarder. Il est aussi doté d’un excellent lancer et de spectaculaires habiletés en possession de rondelle.
«Tous ces éléments, jumelés à sa grande passion pour le hockey, me laissent croire qu’il deviendra un joueur d’impact sur le plan offensif dans la LNH, même si je n’ai jamais aimé faire des projections pour un gars de 17 ans.»
Questionné sur son audace et sa confiance en possession de rondelle, Smith y va d’une réponse logique et intéressante à fois.
«J’ai toujours été quelqu’un de créatif et je n’ai pas peur de faire des erreurs, ajoute le principal intéressé. Je ne me prive jamais d’essayer des trucs audacieux, surtout lors des entraînements. De cette façon, tu arrives en situation de match et tu es rempli de confiance pour y aller de manœuvres surprenantes.»
Et s’inspire-t-il d’un joueur en particulier, dans la LNH?
«J’aime beaucoup David Pastrnak, des Bruins et Artemi Panarin, des Rangers. Ils sont tous les deux des joueurs à l’intelligence hockey très développée. Ils aiment faire des jeux. Ils sont électrisants dans leur façon de mettre en scène des séquences dangereuses et ils aiment aussi décocher des tirs, qui sont souvent d’excellente qualité.»
Will Smith cache aussi dans son arsenal un élément qui pourrait faire l’envie de plusieurs équipes de la LNH : ses diverses et nombreuses habiletés lui permettent d’évoluer régulièrement à la pointe, en avantage numérique.
«J’adore ce rôle! J’aime avoir la rondelle et voir le jeu, surtout à cinq contre quatre, où tu as plus de temps et d’espace pour t’affirmer. De la ligne bleue, tu as toute la latitude voulue pour décider du sort de l’action : soit tu prends un bon lancer, soit tu alimentes un partenaire mieux positionné.»
Plus productif que la crème américaine au même âge
On vous parlait plus haut de l'astronomique production offensive qu'affiche le grand pivot, cette saison. On vous citait également certains joueurs de qualité qui avaient été laissés dans la poussière par Smith sur le plan statistique, dont Logan Cooley.
Ce dernier a notamment été le coéquipier de Will Smith, l'an dernier.
Notre interlocuteur du jour est-il surpris d'avoir surpassé son ex-partenaire, en termes de chiffres?
«Je ne dirais pas que je suis surpris, mais c’est agréable, en tout cas. Tu veux être à la hauteur lors de ton année de repêchage. Logan a été très bon pour moi l’an dernier. Il m’a fait sentir à l’aise dans le vestiaire et c’est cool de voir que je peux suivre le rythme qui lui a permis d’être repêché tôt.»
Parlant de Cooley, il a pris part, lors du dernier temps des fêtes, au Championnat du monde de hockey junior. Plusieurs auraient aussi aimé y voir Smith, mais ce dernier brillait par son absence.
Que s’est-il passé pour qu’un joueur de son talent soit écarté de cette façon?
«J’ai été malade et plein de petits trucs sont arrivés. J’aurais aimé aider l’équipe, mais j’espère que je pourrai le faire l’an prochain.»
«Il y a eu une nette amélioration à cet égard»
Souvent, pour un joueur de talent, le principal défi consiste à savoir comment se comporter loin de la rondelle. Will Smith ne fait exception, quoi qu’il s’améliore de jour en jour dans ce département, assure son entraîneur.
«Depuis son tout jeune âge, Will a la rondelle sur sa palette. Alors d’apprendre à jouer lorsqu’elle loin de lui constituait un beau défi. Mais c’est un passionné qui adore apprendre. Il progresse vite.»
«J’ai beaucoup travaillé sur mes mises en jeu, ces derniers mois, confirme Smith. Il y a eu une nette amélioration à cet égard, mais je souhaite quand même encore atteindre un autre niveau. Sinon, j’ai récemment commencé à évoluer en désavantage numérique. Je crois que c’est un important outil à avoir si tu veux graduer dans la LNH. J’apprivoise encore les rudiments de ce métier (rires)!»
Dans la LNH dès l’an prochain?
Will Smith connaît une excellente saison. Il n’est pas le plus gros, mais loin d’être le plus petit. Il est doté d’un impressionnant ensemble d’aptitudes offensives.
Se voit-il dans la LNH dès l’an prochain?
«Je me suis engagé avec Boston College. On verra selon les besoins de l’équipe qui me repêchera.»
Mais qu’importe le moment où il joindra officiellement les rangs d’une équipe du circuit Bettman, le patineur sait pertinemment de quelle façon il abordera le défi, lorsqu’il se présentera à lui.
«Je veux être un gars qui aidera son équipe à gagner en amassant des points.»
Voilà qui est clair. La question, maintenant, c'est de savoir s'il le fera dans l'organisation de son ancien coach...
Will Smith
Programme de développement américain (USDP et USHL)
Centre
6 pieds, 172 livres
Saison 2022-2023 (52 matchs): 42 buts, 62 aides - 104 points