DANS LA MIRE DU CH? | «Il pourrait sortir devant Shane Wright»
Anthony Martineau
Note de l'auteur: la saison des Canadiens représente une déception sur d'innombrables plans. Heureusement et par la force des choses, le pauvre rendement du club lui confère d'excellentes chances de sélectionner parmi les premières équipes lors du prochain repêchage, qui aura justement lieu à Montréal, en juin. Ça tombe bien, car la cuvée d'espoirs 2022 est extrêmement intéressante. Depuis quelques semaines, je me suis plongé dans l'univers de cinq de ces «joyaux». Toute la semaine et jusqu'au 17 décembre prochain, je vous ferai découvrir chacun d'eux, à raison d'un par jour et grâce à une panoplie d'entrevues. Soyez attentifs... Il se pourrait fort bien que l'un des joueurs présentés devienne un représentant du Tricolore d'ici quelques mois! -Anthony
Il a 17 ans et avant une blessure subie le 2 novembre dernier, il trônait au sommet des buteurs ET des pointeurs de la Liiga, la Ligue élite finlandaise, avec 18 points, dont 12 buts, en 16 matchs.
On le répète : il a 17 ans.
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Mesdames, messieurs, bienvenue dans l’univers de Joakim Kemell, un ailier droit finlandais du JYP Jyväskylä qui attire de plus en plus l'attention des recruteurs de la Ligue nationale de hockey.
Dans la vidéo ci-dessus, le journaliste Anthony Martineau nous dresse le portrait complet de Kemell.
En fait, c'est plus que ça. Alors qu'on croyait la chose impossible il y a quelques mois, plusieurs importants acteurs du recrutement dans la LNH voient maintenant Kemell chauffer nul autre que Shane Wright comme potentiel premier choix au total de l'encan 2022.
«Il pourrait sortir devant Wright, oui», lance sans se retenir le dépisteur d'une formation de l'Ouest en entrevue avec le TVASports.ca.
Le recruteur d'un club de pointe de la division Centrale abonde dans le même sens.
«Actuellement, c’est sûr que si je suis à une table avec mes patrons et qu’on me demande mon avis sur le premier choix, j'aurais plusieurs arguments pour défendre Kemell et je suis convaincu qu’il y aurait un débat.»
Des déclarations qui démontrent à quel point la tenue de Kemell est sensationnelle et portée en haute estime à travers le circuit Bettman.
Mais lorsqu'on regarde ce que le patineur est en voie d'accomplir, il faut reconnaître que le fait qu'il fasse autant écarquiller les yeux n'est pas surprenant.
Un rendement qui «flirt» avec l'histoire
Mikael Granlund, qui évolue présentement chez les Predators de Nashville, est celui qui détient la marque du plus grand nombre de points dans la Liiga pour un joueur de 17 ans.
En 2009-2010, il avait récolté 40 points en 43 parties. On parle d'une moyenne de 0,93 point par match.
Kemell, avant sa blessure, roulait quant à lui un rythme de 1,12 point par match. En d’autres mots, son rendement était le meilleur de l’histoire du circuit pour un patineur d’âge mineur. C’est gros. Très gros.
Depuis son retour au jeu, le Finlandais a toutefois été blanchi lors de cinq matchs consécutifs. Il en est donc désormais à 18 points en 21 matchs, ce qui est quand même loin d'être vilain, soyons francs.
D'ailleurs, Kemell campe toujours au troisième rang des buteurs de la Liiga malgré sa longue absence... même en ayant disputé 10 matchs de moins que certains de ses rivaux. Ça en dit long sur l'importance de l'avance qu'il s'était crée avant de tomber au combat.
Dans le cadre du présent dossier, le jeune homme, très généreux, s’est ouvert sur cette saison 2021-2022, saison qui représente la plus importante de sa jeune carrière jusqu’ici.
«Pendant tout l’été, j’ai pensé à l’impact que je voulais avoir dans cette ligue. C’était important pour moi de bien paraître en cette année déterminante. J’étais motivé à faire des ravages. Oui, je suis un peu surpris du nombre de points récoltés jusqu’ici, mais je suis un gars confiant et je ne compte pas m’arrêter là. J’ai encore beaucoup à offrir.»
Avec l’aide d’une traductrice qui l’aide à bien saisir les questions de l’auteur de ces lignes, l’attaquant, malgré une compréhension limitée de l’anglais, démontre un niveau de confiance très élevé. On le sent fort mentalement et on comprend un peu mieux le pourquoi de son succès sur la patinoire.
«Je ressemble beaucoup à Alex Ovechkin»
Dès qu’il foule la glace, Joakim Kemell fait tourner les têtes.
Patineur dynamique, il est constamment en train de se déplacer. Il cherche les ouvertures et les occasions de marquer. Il veut causer des ennuis à l’adversaire à chacune de ses présences et en fait carrément une obsession.
«Je suis un patineur explosif doté d’un lancer lourd et précis. J’ai un très gros appétit en zone offensive! Je me considère aussi comme un hockeyeur intelligent. Je sais reconnaître les différentes situations et m’y adapter. J’aime jouer sur 200 pieds et je prends plaisir à m’impliquer un peu partout.»
Les recruteurs de la LNH contactés à son sujet abondent exactement dans le même sens.
«Ce qui ressort surtout dans le cas de Joakim, c’est son côté compétitif, lance l'un d'eux. Il est extrêmement talentueux, mais il travaille aussi comme un bœuf. Il n’abandonne jamais. Lorsqu’il est impliqué dans une bataille, tu sais qu’il va sortir de là avec la rondelle. C’est un gars très intéressant pour une équipe, car en plus d’être dérangeant en raison de ses aptitudes, il cause aussi le chaos en zone adverse par son dynamisme. Il aime aller au contact et brasser ses adversaires. Bien entendu, c'est aussi un buteur élite.»
«Ce que ce gars-là fait dans la Liiga, c’est incroyable. C’est un joueur qui joue avec beaucoup de confiance. Ses mains et ses pieds sont toujours en mouvement. Il est très agile et dynamique. Réussir à le couvrir est loin d’être évident.»
Et lorsqu’on demande à Kemell à quel joueur de la LNH il compare son style de jeu, il ne craint pas de citer l’un des meilleurs joueurs de sa génération.
«Je ressemble beaucoup à Alex Ovechkin, lance-t-il avec tout le sérieux du monde. Nous avons le même type d’approche. J’aime marquer des buts et créer des choses en attaque, mais quand j’ai l’occasion d’appliquer une bonne mise en échec, je ne me gêne pas non plus.
«Dans la LNH, je veux vraiment m’établir comme un attaquant de premier plan qui mettra des points au tableau de façon régulière. Je souhaite être un incontournable sur l’avantage numérique.»
À en croire les dépisteurs, Kemell n'a justement pas à s'inquiéter de son futur. Ses objectifs sont, semble-t-il, parfaitement légitimes.
«Il sera un joueur de premier trio dans la LNH et marquera beaucoup de buts», affirme sans hésiter un recruteur bien établi dans la Ligue nationale.
À 5 pieds 11 pouces et 160 livres, il faut cependant mentionner que Kemell concède quelques (!) livres et pouces à Ovechkin. Mais ce ne sont que des chiffres, après tout!
N’empêche, il reconnaît qu’il aimerait bien ajouter du muscle à sa charpente avant la séance de sélection.
«Je souhaite améliorer ma force physique et grossir un peu. Ce serait l’aspect sur lequel je plancherais en priorité en vue de la saison prochaine. Ça me rendra encore plus dangereux.»
Devant Shane Wright?
Pour plusieurs experts, le Canadien Shane Wright est, depuis lontemps, considéré comme le joueur qui devrait sortir au tout premier rang de l’encan 2022.
Mais comme on le disait plus haut, rien n'est coulé dans le béton et ça tombe bien, car Kemell a une opinion bien arrêtée sur la question.
«Shane Wright? Je le connais, car je l'ai affronté quelques fois. Mais je crois plutôt que ça devrait être moi, le premier appelé. Mes habiletés sont évidentes. Évidemment, ce serait incroyable d'être le no 1.»
Le dépisteur d'une équipe de l'Ouest prend la balle au bond et en rajoute une couche.
«Wright en premier, c’est loin d’être sûr. Kemell oblige tout le monde autour de lui à se surpasser. Ce n’est pas le cas de Wright, dont je questionne beaucoup le désir de compétitionner.»
Le recruteur d'une autre formation apporte toutefois un bémol.
«En même temps, on disait la même chose de Quinton Byfield l’année où Lafrenière a finalement été le premier choix. Si Wright termine le Championnat du monde junior avec 15 points, il va solidifier sa candidature. À moins que Kemell ne fasse la même chose...»
Entretemps, si l’adolescent affiche une confiance béton, il avoue humblement être quelque peu nerveux lorsqu'il pense à cette année décisive. Rien de plus normal, après tout.
«Oui, tout ce qui entoure cette saison est un peu stressant pour moi, concède Kemell, qui aurait visé une carrière comme architecte s'il n'avait pas été aussi doué au hockey. Quand je sens que ma tête commence à réfléchir de façon trop intense, j’essaie de m’occuper et ça m’aide beaucoup. J’aime jouer au golf et dessiner. Ça me permet de décrocher de tout ce qui touche au hockey.»
Une équipe préférée
Évidemment, les espoirs ne choisissent jamais le club de la LNH où ils atterrissent.
Mais il est intéressant de savoir où ils voudraient évoluer s’ils pouvaient eux-mêmes décider de leur destinée.
La question a été posée à Joakim Kemell.
«Les Panthers de la Floride seraient mon choix. D’abord, parce que je réaliserais un rêve en évoluant aux côtés d’Alexander Barkov, mais aussi parce que la ville et la température doivent être incroyables à vivre, au quotidien.»
Malheureusement pour le jeune homme, la formation floridienne risque de repêcher très tard en juin prochain. Et comme on le sait maintenant, il serait extrêmement étonnant de voir Kemell glisser hors du top 10.
Il devra donc se résoudre à enfiler un autre uniforme.
Et pourquoi pas celui des Canadiens?
Joakim Kemell
Équipe: JyP HT Jyvaskyla (Liiga)
Taille: 5 pieds 10 pouces
Poids: 160 livres
Statistiques 2021-2022: 12 buts, 6 aides - 18 points en 21 matchs