Bientôt interdites à Montréal: pourquoi les cuisinières au gaz sont dangereuses pour la santé
Sarah-Florence Benjamin
Les nouveaux édifices résidentiels et commerciaux à Montréal devront se passer de gaz naturel, que ce soit pour le chauffage ou les cuisinières, dès l’automne prochain.
Dès le 1er octobre 2024, la Ville interdira l’installation de nouvelles installations au gaz dans les bâtiments de trois étages et moins et de 600 mètres carrés ou moins. Comme le révélait La Presse mardi, cette mesure s'appliquera aux édifices plus grands à partir du 1er avril 2025.
Il faut savoir que les cuisinières émettent des polluants nocifs qui peuvent causer des problèmes respiratoires, dont l’asthme chez les enfants.
Comme le faisait remarquer la Commission américaine de surveillance des produits de consommation (CPSC) en janvier dernier, la cuisson au gaz naturel libère dans l’air des polluants qui sont dommageables pour la santé respiratoire. Parmi ces substances, on retrouve le formaldéhyde, l’oxyde nitrique, le monoxyde de carbone et les oxydes d’azote, souligne l’agence fédérale responsable de protéger la population américaine des risques associés à des produits de consommation,
Dans une étude parue dans Environmental Science & Technology, on démontre qu’une exposition d’une heure aux polluants émis par une cuisinière au gaz excède dans l'air le niveau d’oxydes d’azote recommandé par Santé Canada. Ces polluants demeurent présents dans l’air pendant des heures.
Si ces polluants peuvent empirer la condition des adultes souffrant de problèmes respiratoires chroniques, ils sont particulièrement dangereux pour les enfants.
Selon étude publiée en décembre dernier dans Environmental Research and Public Health, 12% des cas d’asthme infantile aux États-Unis sont en effet attribuables à l’utilisation de cuisinières au gaz à la maison.
Une méta-analyse menée en 2013 établissait d’ailleurs déjà un lien entre ces appareils et l’asthme. Selon cette analyse, les enfants vivant dans des foyers avec une cuisinière au gaz avaient 42% plus de risque de développer de l’asthme pendant l’enfance et 24% d’en souffrir pour toute leur vie.
Les villes de New York, San Francisco et Seattle interdisent déjà le raccordement des constructions neuves au réseau de gaz naturel.
Aussi mauvaises pour l’environnement
Les cuisinières aux gaz émettent également du méthane. Ce gaz représente 20% des émissions globales de gaz à effet de serre et retient la chaleur jusqu’à 25 fois plus que le dioxyde de carbone.
Les trois quarts de ces émissions de méthane surviennent lorsque l’appareil est à l’arrêt, qu’il s’agisse d’un nouveau ou d’un vieux modèle de cuisinière.
Selon une autre étude, l’ensemble des cuisinières au gaz à travers les États-Unis ont d’ailleurs émis en un an autant de GES que 500 000 voitures à essence pour une même période.
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Que faire de sa cuisinière au gaz?
Dans un monde idéal, les propriétaires de cuisinières au gaz devraient les remplacer par des appareils électriques, suggèrent des experts. Ce n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde, notamment des locataires qui ne choisissent pas les électroménagers fournis avec leur logement.
La ventilation est alors le meilleur moyen de mitiger les effets néfastes de la cuisson au gaz sur la santé. Il est recommandé de toujours allumer la hotte lorsqu’on cuisine au gaz. Si possible, il vaut également mieux utiliser les ronds du fond, pour permettre à la hotte de capter un maximum d’émissions.
La hotte ne permet cependant pas d’éliminer tous les polluants, surtout si elle ne fait que filtrer l’air plutôt que de l’envoyer à l’extérieur. Pour aérer au maximum votre cuisine, il est finalement conseillé d’ouvrir une fenêtre.