Crise du logement: le 1er juillet un cauchemar pour bien des Québécois
Denis Trudel, Député de Longueuil Saint-Hubert, Porte-parole du Bloc Québécois en matière de Solidarité sociale
À la veille du 1er juillet, le Québec vit une situation sans précédent. Chaque jour, les médias nous relatent ces histoires de familles, d’aînés, de femmes monoparentales, de personnes handicapées, de jeunes étudiants, tous en recherche active et désespérée d’un toit sécuritaire et abordable.
Au Québec, plus de 500 000 personnes sont en besoins pressants de logements. Plus de 600 personnes se sont retrouvées l’an dernier sans-logis au 1er juillet. En hausse constante depuis 5 ans. Et tous les organismes prévoient déjà une situation pire cette année.
Bref, le logement, un droit pourtant fondamental et un enjeu prioritaire pour tous, est en crise comme jamais auparavant.
Logements sociaux
Le problème est connu, c’est l’offre. L’offre de logements de toutes sortes, mais surtout de logements sociaux et abordables. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime que d’ici 2030, au Québec seulement, il faut construire 1,1 million de logements pour revenir à un point d’équilibre. Elle estime que le privé seul va se charger d’en construire 500 000. Il faut donc que les gouvernements interviennent d’une façon ou d’une autre pour construire les 600 000 restants.
Le fédéral avait de bonnes intentions en 2017 quand il a décidé, voyant sans doute poindre la crise, de lancer sa Stratégie nationale sur le logement. Avec un budget de 82 milliards sur dix ans, elle visait à loger les plus démunis et à réduire l’itinérance chronique.
À mi-chemin, le moins qu’on puisse dire, c’est que nous sommes toutefois loin du compte...
L’économiste en chef adjoint de la SCHL lui-même, Aled Ab Lorwerth, admet qu’il faut repenser l’approche concernant l’offre de logements et qu’il doit y avoir «une transformation radicale du secteur du logement».
La Stratégie aurait ainsi contribué à la construction de seulement 25 000 logements au Québec depuis 5 ans. Malgré les milliards, le fédéral est incapable de juguler la crise.
Sa stratégie est mal adaptée et nous devons de toute urgence ajuster le tir. Il nous faut rapidement repenser le modèle afin d’augmenter l’offre de logement en plus d’entreprendre un grand chantier de logements sociaux.
Solutions
Le Bloc Québécois réclame ainsi que 1 % des revenus fédéraux soient investis en logement avec la part du Québec transférée pour construire des logements sociaux et communautaires.
Il faut aussi donner les moyens aux organismes en logement d’acheter du logement privé pour le sortir du marché et ainsi pérenniser l’abordabilité. Les logements sont longs à sortir de terre, cela dû entre autres à la pénurie de main-d’œuvre et à l’augmentation des coûts de construction.
Nous pensons que les critères des programmes doivent être assouplis et qu’il faut laisser les développeurs communautaires travailler à ce qu’ils font de mieux : construire des logements qui correspondent aux besoins des populations vulnérables.
Nous devons finalement de toute urgence développer des outils pour contrer le fléau grandissant de la financiarisation du logement. Il est tout à fait inacceptable qu’avoir un toit sur la tête fasse l’objet de tractations et de spéculations froides de la part de grands investisseurs.
Le logement est un droit reconnu pour tous. Un cauchemar est annoncé, mais il est encore possible de l’éviter. Il ne manque qu’un peu de volonté politique.
Denis Trudel, Député de Longueuil Saint-Hubert, Porte-parole du Bloc Québécois en matière de Solidarité sociale