Crise du logement: après près de 30 ans dans le même appart, il n’a nulle part où aller
Guillaume Cyr
Un résident de Verdun se retrouve aujourd’hui sans place où rester après avoir signé un avis de résiliation de bail à son ancien propriétaire, qui, dit-il, lui aurait fait une fausse promesse.
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En février dernier, Steven Cochrane, 68 ans, a accepté de résilier le bail du logement qu’il occupe depuis 1995. Il soutient que son propriétaire de l’époque, qui serait un ami de longue date, lui avait promis de lui trouver une place dans une habitation à loyer modique (HLM), en plus de lui verser 3000$.
Mais plusieurs mois plus tard, alors qu’il se retrouve sans logement, le locataire reproche à son ancien propriétaire, qui a revendu l'immeuble en avril dernier, de ne pas avoir tenu sa promesse. «Maintenant, je demande seulement un service: m’aider à trouver un HLM dans mon secteur», implore-t-il.
Joint par téléphone, le propriétaire a pour sa part assuré au 24 heures «ne pas avoir fait de promesse» au locataire, avant de raccrocher.
Steven Cochrane payait un loyer de 655$ par mois pour son 5 1⁄2 situé au rez-de-chaussée de l’immeuble, ce qui est bien en deçà de la moyenne du marché.
Nulle part où aller
En ce 1er juillet, le résident de Verdun ne sait plus quoi faire. Il affirme que son nouveau propriétaire lui a proposé de rester une semaine de plus, en échange de 200$. Mais, dans une semaine, il ne sait pas plus où il ira.
«J’ai checké pour un 3 1⁄2, il n’y a rien en bas de 900$. Pour un 5 1⁄2, c’est 1500 ou 2000$. C’est rendu hors de prix», regrette le couvreur à la retraite qui touche 1000$ par mois en pension de vieillesse. La rue Wellington, «c’est le nouveau Plateau-Mont-Royal», déplore-t-il.
Pour Steven Cochrane, il est d'ailleurs hors de question de quitter le quartier où il a grandi. Il a refusé une place dans un HLM à Lachine. L’homme, qui se déplace à l’aide d’une marchette, affirme se remettre d’un cancer et devoir se rendre régulièrement à l’hôpital de Verdun. Il veut aussi rester près de son «groupe d’amis» et de son frère, qui habite non loin de chez lui.
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Connaître ses droits
Si, comme Steven Cochrane, vous recevez un avis de résiliation de bail de la part de votre propriétaire, sachez que vous n'êtes pas obligé de le signer.
Selon le Code civil, au Québec, un locataire qui n’a rien à se reprocher (il paie son loyer, son logement n’est pas insalubre, etc.) bénéficie du droit au maintien dans les lieux et n’est pas obligé de signer cette entente s’il ne le souhaite pas, peu importe la raison.
Un locataire peut seulement être évincé pour deux raisons: la reprise du logement pour un membre de la famille ou une éviction pour agrandissement, subdivision, changement d’affectation ou démolition. Pas plus. Et les deux doivent respecter un cadre très précis.
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Loin d’être le seul dans cette situation
Steven Cochrane est loin d’être seul à se retrouver aujourd’hui sans logement: dans les derniers jours, une dizaine de locataires de partout au Québec ont indiqué au 24 heures ne pas arriver à se loger
À Montréal, l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) a reçu 482 demandes d’aide depuis le 1er janvier dernier, contre 517 à pareille date l’an dernier.
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Pour le moment, 94 ménages sont accompagnés par l’OMHM et n’ont toujours pas trouvé où rester, comparativement à 97 l’année passée.
Cinq ménages sont actuellement hébergés par le service de l’OMHM. L'année passée, en date du 20 juillet, l’organisme logeait près d’une cinquantaine de ménages.