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Environnement

Crise climatique: les Québécois encore réticents à changer leur mode de vie

Photo Agence QMI, Thierry Laforce
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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2022-12-06T19:39:23Z
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Si huit Québécois sur dix croient qu’il faut agir pour la crise climatique, ils ne sont cependant pas prêts à changer leurs habitudes de vie pour lutter contre le réchauffement planétaire. L’action individuelle ne fait pas le poids contre les décisions des institutions lorsqu’il est question de la crise climatique, selon une experte. 

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Une majorité de Québécois sont au courant de la crise climatique, mais cela ne se traduit pas nécessairement par des gestes concrets pour l’environnement. Selon le Baromètre de l’action climatique 2022 de l’Université Laval, ils sont moins nombreux (66%) à vouloir en faire plus pour le climat cette année qu’en 2021 (74%). 

Lorsqu’il est question de gestes individuels simples, comme recycler, minimiser le gaspillage alimentaire et prioriser les produits réutilisables, la majorité des répondants affirme déjà les réaliser au quotidien.  

Pour les gestes qui nécessitent des changements au mode de vie plus importants, ils sont toutefois moins nombreux. Ils sont 53% à composter; 51% réduisent leur utilisation de la voiture et 43%, leur consommation de viande. 

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L’idée de se départir de sa voiture demeure toujours peu populaire. Les deux tiers (65%) des Québécois effectuent leurs déplacements quotidiens en voiture solo. À l’inverse, 16% affirment ne pas posséder de véhicule ni de location à long terme et seulement 4% comptent s’en départir l’année prochaine.  

Il faut remettre ces chiffres dans leur contexte, cependant, nuance Corinne Gendron, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM: «Changer son alimentation pour un régime végétarien est probablement l’action qui aura le plus d’impact sur notre production de gaz à effet de serre (GES) individuelle». 

«Mais si on regarde le chauffage, au Québec, comme on chauffe à l’hydroélectricité, chauffer moins n’aura pas le même effet que si on le faisait en Alberta où on utilise des énergies fossiles», poursuit-elle. 

Le changement vient d’en haut 

On doit être prudent avec ce genre de chiffre, avertit Corinne Gendron: «C’est délicat de déplacer toute la responsabilité de l’action climatique sur les individus. On culpabilise les gens alors que les compagnies pétrolières et gazières continuent de faire du profit».

100 entreprises sont responsables de 71% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Cela signifie-t-il que les gestes individuels n’ont aucun impact? «L’impact n’est pas nul, mais il n’est pas suffisant pour remettre toute la responsabilité sur les épaules des citoyens», affirme la spécialiste. 

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Selon une étude effectuée par Carbone 4 en France, si 100% de la population adoptait des comportements exemplaires (ne pas prendre l’avion, manger végétarien), on atteindrait seulement 25% des cibles de réduction de GES. Si on ajoute à cela des actions impliquant un investissement financier (rénovations écoénergétiques, achat d’un véhicule électrique), on arrive à 45% des cibles.  

Les répondants au sondage du Baromètre du climat sont aussi d’avis que les institutions n’en font pas assez pour l’urgence climatique. 84% affirment que les entreprises devraient en faire plus; cette idée atteint 76% pour les gouvernements du Canada et du Québec et 70% pour les municipalités. 

Combattre l’impuissance 

Faut-il donc arrêter de faire attention à notre impact environnemental individuel? Non, mais pas pour les raisons qu’on pourrait croire, avance Corinne Gendron. 

«Les gestes individuels, ça aide surtout à combattre l’écoanxiété. Devant une crise de cette ampleur, c’est toujours mieux de sentir qu’on fait partie de la solution et non du problème.»

Plus que les gestes individuels, c’est l’action politique qui fera la plus grande différence, selon Corinne Gendron: «En ce moment, il y a des décisions qui sont prises qui font que les gens se lèvent le matin et polluent sans en avoir le choix. Il faut changer les règles du jeu et pour ça, il faut faire pression sur les instances décisionnelles.» 

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Cette action politique peut passer par le vote, mais ce n’est pas toujours suffisant pour forcer les institutions à en faire plus. «On peut s’impliquer dans des projets concrets, dans les groupes de pression, envoyer des lettres aux politiciens. On peut participer aux instances de décision locales, par exemple au municipal», suggère Corinne Gendron. 

La science participative est également un moyen pour les citoyens de s’engager positivement pour la sauvegarde de la planète. «Maintenant, n’importe qui peut sortir avec son téléphone et prendre des photos de la biodiversité autour de chez lui. On a des logiciels d’agrégation de données qui font que les individus participent à la documentation des espèces. Ça permet aux gens de se sentir utiles et d’en apprendre plus tout en participant à un effort global.» 

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