Crime organisé: la police s’invite chez un autre gros nom des Hells Angels
Eric Thibault et Maxime Deland
Un vétéran membre des Hells Angels du chapitre montréalais, Gilles Lambert, a reçu la visite de policiers, mardi soir, relativement à une vaste enquête antidrogue visant aussi trois autres influents membres de la puissante bande de motards.
• À lire aussi: Les Hells Angels à motos pour leur première sortie publique en 2023
L’Escouade nationale sur la répression du crime organisé (ENRCO) a dépêché des enquêteurs afin d’aller fouiller la demeure de Lambert en quête d’éléments de preuve, sur le chemin du Lac-en-Cœur, à Saint-Hippolyte, dans les Laurentides.
Cette intervention s’inscrivait dans la même série de perquisitions où les enquêteurs de l’ENRCO ont ciblé les résidences cossues des Hells Angels Martin Robert, Stéphane Plouffe et Michel Lamontagne, le 29 mars dernier, selon des sources du Bureau d’enquête et de l’Agence QMI.
Robert et Plouffe sont considérés par les forces de l’ordre comme les deux membres en règle les plus influents des Hells Angels au Québec, et ce, depuis près de cinq ans. Mais Lambert n’est pas en reste.
L’ENRCO, formée de policiers de la Sûreté du Québec et des plus importants corps de police municipaux, soupçonne ce quatuor des Hells de tremper dans un lucratif réseau de trafic de stupéfiants principalement actif sur la couronne nord de Montréal et dans les Laurentides, d’après nos renseignements.
- Éc Écoutez la chronique Faits Divers de Maxime Deland au micro de Benoit Dutrizac, tous les jours sur les ondes de QUB radio :
Fondateur des Rock Machine
Gilles Lambert est un acteur important du milieu des motards criminalisés au Québec depuis une trentaine d’années.
L’homme de 67 ans faisait partie des dix membres fondateurs des Rock Machine, le 13 janvier 1989, aux côtés de Salvatore Cazzetta.
En 1994, les Rock Machine et les Hells Angels ont entrepris de se livrer une guerre sanglante pour le contrôle du marché provincial de la drogue, qui a fait plus de 165 morts et a duré huit ans.
Plusieurs membres des Rock Machine ont accepté de changer de camp et d’aller porter les couleurs des Hells après la fin de ce conflit meurtrier, dont Lambert et Cazzetta.
Le duo a assumé un leadership considérable au sein de sa nouvelle organisation, en particulier après l’opération SharQc de 2009, où la quasi-totalité des membres et des associés des Hells s’est retrouvée derrière les barreaux.
Libérés avant tous les autres des accusations de gangstérisme portées contre eux dans SharQc au printemps 2011, Cazzetta est aussitôt devenu le chef intérimaire du gang avant de retourner en prison en 2015, tandis que Lambert s’est notamment vu confier la présidence de la compagnie emblématique des Hells, Les Anges de l’enfer Montréal inc.
Les policiers s’étaient aussi intéressés à Gilles Lambert lors de l’opération Magot, une autre enquête d’envergure qui avait mené à l’incarcération de plusieurs gros noms des motards, de la mafia italienne et des gangs de rue, en 2015. Mais aucune accusation criminelle n’avait finalement été portée contre lui.
Mafioso notoire ciblé
Outre Lambert et ses trois compatriotes des Hells, la présente enquête de l’ENRCO vise également le mafioso notoire Francesco Del Balso, un ex-homme fort du clan Rizzuto maintenant proche des motards.
Ce dernier a lui aussi fait l’objet d’une perquisition de l’ENRCO à son domicile de Laval, à la fin mars.
Del Balso est aussi soupçonné par les policiers d’avoir commandé la tentative de meurtre commise aux dépens de Leonardo Rizzuto, le co-dirigeant présumé de la mafia montréalaise, le 15 mars dernier. Le fils du défunt parrain Vito Rizzuto avait alors été blessé par deux projectiles d’arme à feu parmi la rafale de balles tirées en sa direction alors qu’il roulait sur l’autoroute 440.
Les policiers ont d’ailleurs deux autres suspects dans leur mire relativement à ce crime, qui seraient liés aux gangs de rue.
De plus, le 3 mai dernier, la SQ a retrouvé un revolver qui pourrait être l’arme du crime dont les suspects se seraient débarrassés sur leur chemin de fuite, dans le quartier Duvernay à Laval.
La thèse policière veut que Del Balso, un spécialiste de l’extorsion et des paris sportifs illégaux, ait pu agir en guise de représailles à une fusillade dont il s’est tiré indemne à Laval en novembre 2022.
• À lire aussi - Tentative de meurtre sur Leonardo Rizzuto: la police trouve l’arme à feu utilisée par le tireur
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.