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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Cri du coeur d'une enseignante apeurée

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Annie Lavigne. Enseignante et maman de quatre garçons

2022-01-13T15:07:16Z
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Ce soir, je n’arrive pas dormir. J’ai la gorge nouée, le cœur serré et l’estomac à l’envers. Je voyais la nouvelle venir. Mon amoureux m’a dit : ne panique pas. Puis, tout se confirme. Les écoles ouvrent ; le retour en présentiel est prévue pour le 17 janvier. Nous pouvons suivre la conférence qui aura lieu ce jeudi, mais nous l’avons appris via les réseaux sociaux. 

Je suis une enseignante passionnée, celle qui ferait tout pour ses élèves et tout, est bien peu pour tout ce que je voudrais faire. J’ai envie de les voir, les voir en vrai! En même temps, le contexte me fait peur.

Je suis de celles qui essaie de voir le positif dans tout. Je suis, la plupart du temps, bien d’accord avec monsieur Legault. Je lui lève bien haut mon chapeau ainsi qu’à son équipe pour tout le travail qu’ils font en ce contexte si difficile. Ce qu’il y a de bien dans une société, c’est la diversité. Il n’y a pas de bonnes solutions, seulement des solutions pour essayer de faire le mieux pour tous et pour la sécurité de tous. Toutefois, cette diversité fait en sorte que peu importe la décision qui sera prise, certains seront d’accord et d’autres pas. Ce qu’il y a de bien avec cette diversité, la plupart du temps, c’est cette différence des opinions qui font en sorte que nous pouvons avancer et même évoluer en réfléchissant tous ensemble.

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Malgré tout, ce soir, j’ai mal de voir que mon monde de licorne s’écroule! Ce monde où ma profession et nos compétences sont pris en compte et reconnus. Ce monde où il y a vraiment un souci sincère de nous protéger!

  • Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Annie Lavigne sur QUB Radio: 

J’admets que l’enseignement à distance n’est pas ce qu’il y a de mieux. Il n’y a pas de proximité, ce lien si important, ce lien qui nous unit mes élèves et moi. C’est écran qui nous sépare a bien plus de conséquences qu’il n’en paraît. Malgré tout, je salue la résilience de chacun d’eux. Je me considère très chanceuse et reconnaissante d’avoir un si bon groupe. 

Les enfants ont cette capacité de nous apprendre. Les enfants nous enseignent à accepter et à poursuivre notre chemin avec beaucoup de courage, de résilience et d’humanité.

Je suis aussi une maman de quatre garçons. Je comprends cette dynamique difficile d’enseignement virtuelle pour plusieurs familles.

Par contre, j’ai encore peur!

Comment se fait-il que nous ne soyons jamais consulté? À quel point ma profession est si peu reconnu, mais que l’enseignement est essentiel? 

Pourquoi? Je me questionne quant aux conséquences d’un retour en classe. Sera-t-il vraiment bénéfique? Pourquoi nous a-t-on fait quitter l’école si précipitamment avant les fêtes avec moins de cas par jour et particulièrement moins de décès et d’hospitalisation qu’à ce jour? Comment se fait-il que nous n’ayons pas encore accès à des masques de qualité? Pourquoi nous ne sommes pas considérés comme prioritaire au centre de dépistage? Est-ce que ce retour aura des conséquences désastreuses pour le système de santé? Que se passera-t-il lorsque plusieurs de mes élèves auront le virus ; est-ce que les familles seront en sécurité? Sommes-nous en sécurité, vraiment?

Je ne sais qu’en penser! Je veux retrouver mes élèves du plus profond de mon coeur, mais je n’ai pas envie de devoir rebasculer en virtuel puisque la situation pourrait se dégrader davantage. Les écoles ont été bien souvent des lieux d’éclosion. 

S’il vous plaît, rassurez-moi!

Dites-moi que j’ai tort de m’inquiéter. Dites-moi que nos limites seront considérées!

D’une enseignante dévouée qui ferait beaucoup pour ses élèves, et ce, même en ligne encore une semaine ou deux!

Photo courtoisie
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Annie Lavigne, Enseignante et maman de quatre garçons

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