COVID-19 au Centre judiciaire Gouin: plus de peur que de mal
Michael Nguyen | Journal de Montréal
Les mesures de protection sanitaires au Centre de services judiciaires Gouin ont porté fruit parce que malgré la contamination à la COVID-19 d’un membre du jury dans un procès pour meurtre, tout le monde présent a été épargné.
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«L’ensemble du personnel et l’ensemble du jury ont été testés négatifs, toutes les mesures ont été prises pour pouvoir continuer le procès en toute quiétude», a expliqué le juge Eric Downs ce matin, au procès de Marie-Josée Viau et Guy Dion.
Les accusés, âgés de 46 et 49 ans, sont accusés de meurtres, car ils auraient aidé un tueur à gages et un homme surnommé à éliminer les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto en juin 2016.
Selon la preuve de la Couronne, les meurtres seraient survenus à la résidence des accusés à Saint-Jude, en Montérégie. Par la suite, le couple les aurait aidés à éliminer toutes traces des crimes en brûlant entre autres les cadavres dans leur cour.
Or, trois ans plus tard, le tueur se serait rendu à la police en échange de protection. Devenu agent civil d’infiltration, il aurait participé à une opération avec la SQ afin d’obtenir des déclarations incriminantes des accusés.
Contrats
Ce matin au Centre de services judiciaires Gouin, à Montréal, il a expliqué qu’en plus d’avoir assassiné les frères Falduto, il a aussi éliminé Rocco Sollecito en mai 2016.
«Ça s’est fait peu après [qu’il ait été vu à un arrêt d’autobus», a expliqué le délateur, ajoutant avoir commis son crime avec son complice surnommé Brad Pitt.
Il a ensuite expliqué avoir reçu un dépôt de 20 000 $ pour commettre un autre assassinat, mais que le plan ne s’est jamais concrétisé.
«[Le complice] a été le faire de son bord, il n’y a eu aucune entente», a-t-il expliqué au jury.
Questionné par Me Mylène Lareau de la défense, il a également dû s’expliquer sur un montant de 100 000 $ qu’il aurait demandé afin d’éliminer une autre personne. Visiblement agacé par les questions, il s’est toutefois emporté.
«Ça fait quatre ou cinq fois que je me répète, moi chuis tanné», a-t-il lancé avant d’être remis à l’ordre.
Juré contaminé
Le témoignage du délateur, qui dure depuis déjà plus de trois semaines, aurait toutefois pu être reporté aux calendes grecques en raison d’un cas de COVID-19 vendredi dernier, quand un membre du jury a été déclaré positif. Il était toutefois asymptomatique.
Par mesure de précaution, le juge a suspendu le procès et ordonné que tous les jurés ainsi que le personnel de la cour soient testés.
Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal, car personne n’a été infecté. Il faut dire que les responsables du Centre avaient mis en place une série de mesures de protection sanitaires strictes, avec entre autres de nombreux panneaux de plexiglas entre chaque personne.
«On respecte toutes les règles de la Santé publique», a réitéré le juge.
Compte tenu du diagnostic positif d’un membre du jury, ce dernier a dû être libéré. Mais cela ne devrait pas avoir d’incidence sur la tenue du procès, car par mesure de précaution, le juge avait sélectionné plus de jurés que nécessaire. Ils sont maintenant 12 à siéger.