Hausse des cas de COVID-19, nouveau variant inquiétant: à quoi doit-on s’attendre cet hiver?
Andrea Lubeck
- Avec un bilan dépassant les 1000 cas, tout porte à croire que le Québec entre dans une cinquième vague de la pandémie.
- Heureusement, on peut s’attendre à ce que les choses se déroulent mieux qu’en Europe.
- Le nouveau variant Omicron, jugé «préoccupant» par l’OMS, pourrait toutefois changer la donne.
On note depuis quelques semaines une hausse du nombre d’infections à la COVID-19, avec un bilan quotidien de plus de 1000 cas au Québec vendredi. Est-ce qu’on entre dans la cinquième vague de la pandémie? Serons-nous bientôt reconfinés? Alors qu'un nouveau variant potentiellement plus transmissible et résistant aux vaccins inquiète la planète, des experts brossent un portrait des mois à venir.
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La situation au Québec est-elle critique?
Même si les nouvelles infections sont à la hausse, la situation demeure sous contrôle, puisque le nombre d’hospitalisations se maintient toujours.
«Ce sont surtout les comportements humains qui font qu’il y a cette saisonnalité-là des infections respiratoires. La COVID-19 en est un exemple, mais la plupart des virus respiratoires se transmettent mieux parce que les gens sont plus à l’intérieur pour de longues périodes. C’est plus propice à la transmission», explique Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Pour sa part, l’épidémiologiste Nima Machouf est sans équivoque: si la situation continue d’évoluer ainsi, on peut affirmer entrer dans la cinquième vague de la pandémie.
Même portrait qu’en Europe?
L’Europe connaît actuellement une flambée presque généralisée des cas, ce qui force certains pays à décréter de nouveaux confinements et à resserrer leurs mesures de santé publique. Doit-on s'attendre à semblable escalade des cas et des décès ici?
Alain Lamarre ne croit pas que la situation ici sera calquée sur celle du Vieux Continent, comme lors des vagues précédentes. Notre importante couverture vaccinale et les nombreuses restrictions encore en place devraient nous permettre de passer à travers les prochains mois sans trop de dommages. À moins, bien sûr, que le nouveau variant Omicron ne vienne jouer les trouble-fête.
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«Il y a des pays en Europe qui battent des records jamais vus dans les vagues précédentes, parce que leur taux de vaccination n’est pas bon et qu’ils ont relâché plusieurs restrictions très rapidement, dès l’été dernier», mentionne le virologue infectiologue.
Un (autre) confinement en vue?
Nima Machouf abonde dans le même sens. Elle insiste toutefois: il faut redoubler de prudence pour éviter que la situation dégénère.
«Le gouvernement a envoyé un mauvais signal dans les derniers jours en relâchant certaines mesures à quelques semaines des Fêtes, soutient-elle. Il faut rectifier le tir, continuer à faire attention, porter son masque, faire attention à la ventilation et vacciner nos enfants pour préserver la population.»
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Il faut demeurer prudents, dit-elle, parce qu’on ne connaît toujours pas les effets du relâchement de certaines mesures barrières, comme la réouverture des karaokés ou des pistes de danse et le retrait du masque dans les écoles secondaires. On aura une meilleure idée de ces effets dans les prochaines semaines.
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Si la situation en vient à dégénérer dans les hôpitaux, il faut d'ailleurs s’attendre à un resserrement des mesures, prévient Alain Lamarre. «Si le système hospitalier se trouve pris à la gorge, oui, c’est possible de revoir des confinements partiels ou des restrictions plus importantes chez les non-vaccinés.»
«Si on ne baisse pas les gardes, on peut y échapper», ajoute l’épidémiologiste.
Un variant très préoccupant
Un nouveau variant pourrait toutefois tout faire basculer. Sous surveillance depuis mercredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le variant Omicron a été surclassé vendredi à la catégorie de «variant préoccupant». Il suscite l’inquiétude un peu partout dans le monde.
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On en sait encore très peu sur Omicron, mais ses nombreuses mutations font craindre la possibilité que le variant puisse échapper à l’immunité conférée par le vaccin. Pour l’instant, il a été détecté en Afrique du Sud, au Botswana, en Israël, à Hong Kong et en Belgique. Il pourrait toutefois s'être déjà propagé ailleurs, s'inquiète Nima Machouf.
Autre mauvaise nouvelle: le variant semble être hautement transmissible. «Certaines de ses mutations sont associées à une moins bonne efficacité des anticorps et des vaccins», a affirmé Alain Lamarre, en entrevue à LCN.
Face à la situation, Ottawa a interdit l’entrée aux voyageurs qui sont passés par 7 pays du sud de l’Afrique dans les 14 derniers jours, pour tenter de freiner son arrivée au pays.